Le jour se levait sur la vallée d'Ossau, les rayons du soleil éclairaient les montagnes aux alentours pour offrir le spectacle éblouissant de la nature s’éveillant les premiers beaux jours de printemps.
Néanmoins, la belle bergère ne percevait pas ce matin, la beauté du paysage environnant. Elle, d'habitude si férue de ses belles montagnes, ne ressentait pas la chaleur des rayons de soleil sur ses bras de travailleuse. Marie, ce matin, était perdue, étant absorbée dans ses pensées insensible à tous les éléments extérieurs. Nous étions le matin du 6 avril 1943, le monde vivait une époque de grands changements et de troubles, cependant Marie ressentait un trouble bien plus fort encore en elle. Comment pouvait-elle ressentir autant de choses ? Comment avait elle pu avoir d'aussi horribles pensées cette nuit ?
Son regard était fixé sur le pic du midi, elle espérait que sa vue la rassurerait, lui si majestueux, si solide et si imperturbable. Malheureusement pour elle, il lui renvoyait l'image de son mari, de ses jours passés a arpenter ces monts, de ces soirées passées a admirer sa beauté, avec lequel elle aurait crut passer toute sa vie.
Cet amour c'était Jean un solide gaillard, originaire comme elle de Lys, dès l'enfance, ils étaient tombés amoureux et s'étaient dit oui à l'adolescence. Il ne lui offrait que du bonheur même s'il ne lui avait pas fait l’enfant qu'elle désirait tant. Cet amour semblait être inscrit dans la roche, il était pour eux aussi indestructible que les montagnes qu'il avait vu naître. Toutefois, la guerre arrivait, Jean comme tant d'autres jeunes hommes de son âge avait était appelé à défendre sa patrie sur les champs de combats. Les adieux avait était difficile, toutefois il avait promis de revenir vite et surtout en pleine forme, car son amour l'aurait protégé des balles ennemies. Cela faisait maintenant 3 ans qu'il était partie au front et 2 ans qu'il était aux mains des allemands, prisonnier quelque part dans le III ème Reich. Depuis ce terrible jour de mars 1941, le regard de Marie avait perdu l'éclat que toutes les autres villageoise lui enviaient. Son regard bleu c'était entouré de triste cernes noires, stigmate des nuits entière à prier le retour de son cher époux.
Après avoir fait sa toilette Marie se sentait mieux. Elle était enfin sereine.
Il était 9H quand Marie se regardait dans un miroir. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas osée affronter son reflet. La vue de sa propre image lui redonnait le sourire, elle était toujours aussi belle avec ces yeux fins, ces traits gracieux et sa jolie bouche. Elle était d'autant plus belle qu'un large sourire illuminait son visage. Elle cherchait dans le tiroir de sa commode pour y attraper un nœud qu'elle fixerait dans ses cheveux une fois qu'elle aurait prit soin de bien les brosser. La jolie ossaloise n'avait pas fait attention a elle depuis bien longtemps, très longtemps. Elle se remémorait son adolescence quand elle passait des heures devant la glace avec sa sœur a se pouponner et a essayer de trouver la robe parfaite pour plaire à Jean. Aujourd'hui, elle savait qu'il ne verrait pas le fruit de ces efforts, qu'il ne pourrait pas apprécier ces formes, quelle avait mise en valeur avec la plus belle de ses robes. Cependant, cela l'importait peu, elle ressentait un élan nouveau en elle, comme si la foule d' émotions qu'elle avait trop longtemps voulut enfouir, au plus profond d'elle même, aller se réveiller pour bientôt exploser. A présent, qu'elle jugeait sa tenue appropriée, elle se dirigeait dans sa cuisine mue par une énergie nouvelle. A présent elle était décidé a ne plus cacher ses sentiments, à accepter de redevenir heureuse, et à ne plus se mentir. Elle avait enfin pris sa décision.
Pendant quasiment une heure, elle développait des trésors d'ingéniosités pour préparer un repas digne de ce nom. Malgré, les restrictions de la guerre et son statut de femme seule, Marie avait toujours su se débrouiller et notamment grâce à la ferme pour manger à sa faim et de manière assez variée. Aujourd'hui, Marie avait mit les petits plats dans les grands et avait préparée un repas de fête, car aujourd'hui elle l'avait décidée, que c'était le premier jour de sa nouvelle vie ! Elle avait donc sortie toutes les bonnes choses, elle avait préparée une terrine de foie gras et avait mijoté un rôti de veau, assortie de ses petits légumes, avec chose rare en ces temps là, une belle miche de pain blanc et bien sur la meilleure bouteille qu'elle avait trouvée à la cave.
Peu après midi, Marie, non sans avoir jeté un dernier regard dans le miroir pour s'assurer que sa coiffure était toujours aussi parfaite, sort de chez elle. Elle se rend une première fois à l'étable en prenant soin de s'assurer que personne ne traînait dans les parages. Une fois sûre que personne ne pourra la voir, elle reprit son chemin pour aller chercher son panier de provisions. Enjouée et sûre de pas être surprise, elle repart à la grange. Au fond de la grange, il y avait toujours cet homme là, qu'elle avait caché depuis bientôt 4 mois. La brave fermière l'avait trouvé un matin du mois janvier, il était complément frigorifié et blessé, lui qui avait essayé de fuir la barbarie nazi, qui s'acharnait sur lui simplement parce qu'il était juif. Après une première semaine de méfiance et sans trop savoir se qu'ils feraient, ils avaient appris à se connaître et même à s’apprécier. Au fur et mesure du temps, ils se sont découvert beaucoup de points communs au point de ressentir une attirance l'un pour l'autre. Si lui lui avait avoué son amour depuis plus d'un mois, elle avait refusé d'affronter la réalité et niait son amour en refoulant ces sentiments naissant. Mais aujourd'hui c'était différent elle était décidée à enfin accepter son amour et lui offrir le sien en retour.
Après avoir partagé le repas qu'elle avait confectionnée avec tout son amour. Elle l'invita à le suivre elle avait quelle chose à lui montrer près du ruisseau. Tout les deux prirent donc le long sentier qui longeait la colline et pour la première fois elle se laissa attraper la main. Au toucher de la peau douce du jeune homme elle ressentie une vague d'émotions qu'elle ne put définir, l'envahir. Elle se laissa transporter par ce flots inconnu jusqu'à arriver à l'endroit de ses souhaits. Ils s’installèrent sur un rocher plat qui surplombait le petits cours d'eau et qui leur offraient une vue imprenable. Karl l'a transpercée de son regard cristallin, la douceur de ses gestes, et toutes les attentions du jeune homme envers elle rappelait à la jeune femme la gêneuse de son amour avec Jean. Les larmes commençaient à perler sur les joues roses de l'amoureuse qui était soudainement balayée par un flot d'émotion. Avec toute sa tendresse, de sa main douce le jeune fugitif essuya ses larmes, il a sera fort dans ses bras, à tel point qu'elle pouvait ressentir ses battements de cœur contre sa poitrine. Cela illumina aussitôt son visage d'un jolie sourire, elle retrouvait, dans la douceur de Karl, un peu de chaleur humaine éteinte en ces temps de guerre et de tristesse. Enfin, malgré les innombrables horreurs quotidien de ces temps-là, elle voyait l'amour en face d'elle. Là, elle se laissa aller et avec tout son courage elle l'embrassa vigoureusement comme si elle embrassait pour la première fois. Elle lui offrit son corps et ressentit une vague de chaleur en elle, enfin elle redevenait une femme. Ça y est, elle renaissait, elle revivait. Après avoir passée la meilleure après- midi de sa vie, pensait-elle, ils repartirent en prenant le chemin de la ferme avant de se faire surprendre par la nuit ou plus grave, par une patrouille allemande.
La main dans la main chacun le sourire aux lèvres de la délicieuse après midi, qu'ils avait passé à l’abri des horreurs de la guerre et des hommes entourés de leur seul amour.
Ils marchaient sur le chemin du retour quand ils entendirent un bruit de moteur venant de la ferme. Qu'est ce que cela pouvait-il bien être ? Aussitôt, le bonheur qui inondé Marie s’évanouit pour ne laisser de la place qu'à la peur et au tracas. Karl a décidé de se cacher aussitôt dans un fourré, il aller attendre la tombé de la nuit, pour aller se cacher dans la bergerie. Marie, avait donc, reprit seule la direction de sa ferme, perplexe et désabusé, son nouveau bonheur allait-il déjà s'éteindre ou la conduire en prison ? Toute en marchant, les jambes de plus en plus tremblantes, elle se demandait si quelqu'un ne l'avait pas dénoncé. Arrivée à moins d'une centaine de mètres, elle put distinguer une silhouette d'homme, un militaire, probablement un officier étant donné sa tenue et sa coiffure, cela renforça ses craintes à tel point qu'elle crût s'effondrer. Tout de même, elle prit son courage à deux mains et accéléra le pas pour aller à la rencontre du visiteur.
Quand il vit Marie sur le chemin, l'officier vint à sa rencontre. C'était un général de l'armée allemande, arrivé à quelques mètres de la paysanne, il se fixa droit comme un I, et l'examina des pieds à la tête, d'un regard inquisiteur comme s'il cherchait en elle, une faille où il pourrait s'engouffrer. Marie, crût bien qu'elle allait tressaillir, son cœur battait la chamade, tandis que ses jambes se mirent à trembler, l'angoisse qu'il provoquait en elle, rendit l'allemand heureux, ce qui déclencha chez lui un sourire carnassier. Satisfait de son entrée en matière, il voulut tout de même rassurer la jeune femme, en lui expliquant qu'il venait lui annoncer une nouvelle merveilleuse. Quand l'a bergère entendit ces paroles, elle ne su comment réagir, car elle savait que l'homme en face d'elle était malgré tout un soldat nazi. Elle se ressaisit, et pour faire bonne figure, elle invita son messager à la suivre chez elle. L'homme refusa poliment en lui disant que ce décor était l’idéal pour lui transmettre son message. La bergère ne sut comment réagir, que lui voulait-il à la fin ?
Conscient de susciter une foule d’inquiétude chez sa visiteuse, il décida de mettre fin à ses tourments, même si cela lui procurer un certain plaisir. Il lui annonça, tout de go, que son mari était en vie, qu'il se portait même très bien, et que d'ici la fin de la semaine, il se tiendrait devant elle, comme lui le fait ce soir. Marie, en entendant ces paroles, fut comme abasourdie, ce fut encore plus douloureux que si le soldat l'avait frappé.
Après deux longues années d'absences son cher Jean aller revenir. ..
Comment cela était-il possible ? Cette nuit-même, elle priait pour que son mari soit mort...
Tétanisée, complètement abasourdie, elle resta bouche bée, incapable de marcher. Le soldat allemand eut du mal à identifier la réaction de Marie. Il n'arrivait pas à savoir si elle ressentait une joie incommensurable. Il avait l'habitude de ce genre de réaction qu'il provoquait d'habitude quand il annonçait des nouvelles tragiques. Peu satisfait de lui, il reprit le chemin de son véhicule sans prendre soin raccompagner la jeune femme qu'il avait incroyablement déçu par sa réaction. Mais comment pouvait-il s'imaginer, l’émoi qu'il avait provoqué en elle. Et dans quelle situation elle se trouvait, à cause de son annonce.
Marie ne s’aperçut de son départ, que lorsqu'elle entendit, au loin le bruit du klaxon, s'énervant contre une vache qui lui barrait la route. Elle essaya de se remettre de ses émotions en vain, de grosses larmes, coulaient désormais sur ses joues. Elle qui pensait avoir enfin retrouvé le bonheur se retrouvait dans une situation qui lui paraissait insurmontable. Elle aimait désormais Karl, mais aimait-elle encore Jean ? Et quand bien même elle ne pouvait pas abandonner un homme qui n'avait jamais fauté, se serait le trahir. La voilà maintenant seule, prisonnière de ce cruel dilemme qui s'offrait à elle.