Sujet: Le médecin malgré lui (de Molière) Mer 20 Juin 2012 - 17:51
Lien pour découvrir l'incipit (le début) de la pièce en vidéo :
Acte I / Scène I (incipit)
A partir de 30 secondes.
https://www.youtube.com/watch?v=KJ5fIcjOPTw
https://www.youtube.com/watch?v=jw-ihEO269Q
https://www.youtube.com/watch?v=fHMKQsXgN38
Version abrégée de l'incipit pour récitation :
Spoiler:
Acte I scène 1 (Scène de ménage : Mari et femme entrant en scène en se querellant) Sganarelle Non, je te dis que je n'en veux rien faire, et que c'est à moi de parler et d'être le maître.
Martine Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie, et ne je ne me suis point mariée avec toi pour souffrir tes fredaines.
Sganarelle O la grande fatigue que d'avoir une femme ! et qu'Aristote a bien raison, quand il dit qu'une femme est pire qu'un démon !
Martine Voyez un peu l'habile homme, avec son benêt d'Aristote !
Sganarelle Oui, habile homme ! Trouve-moi un faiseur de fagots qui sache, comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans un fameux médecin, et qui ait su, dans son jeune âge, son rudiment par coeur.
Martine Peste du fou fieffé !
Sganarelle Peste de la carogne !
Martine Que maudit soit l'heure et le jour où je m'avisai d'aller dire oui !
Sganarelle Que maudit soit le bec cornu de notaire qui me fit signer ma ruine ! (...)
Martine C'est bien à toi, vraiment, à te plaindre de cette affaire ! Devrais-tu être un seul moment sans rendre grâces au Ciel de m'avoir pour ta femme, et méritais-tu d'épouser une personne comme moi ?
SGANARELLE: Il est vrai que tu me fis trop d'honneur, et que j'eus lieu de me louer la première nuit de nos noces. Eh ! morbleu, ne me fais point parler là dessus, je dirais de certaines choses.....
Martine : Quoi ? Que dirais-tu ? (...) J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras.
Sganarelle : Mets-les à terre.
Martine : Et tu prétends, ivrogne, que les choses aillent toujours de même ?
Sganarelle Ma femme, allons tout doucement, s'il vous plaît.
Martine Que j'endure éternellement tes insolences et tes débauches ?
Sganarelle Ma femme, vous savez que je n'ai pas l'âme endurante, et que j'ai le bras assez bon.
Martine Crois-tu que je m'épouvante de tes paroles ? Je me moque de tes menaces !
Sganarelle Ma petite femme, ma mie, votre peau vous démange, à votre ordinaire.
Martine Je te montrerai bien que je ne te crains nullement.
Sganarelle Doux objet de mes vœux, je vous frotterai les oreilles.
Dernière édition par Modo le Mar 14 Juin 2022 - 19:07, édité 6 fois
Dosio
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Sujet: Re: Le médecin malgré lui (de Molière) Dim 10 Juin 2018 - 16:42
A partir de 2m 20
Dosio
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Sujet: Re: Le médecin malgré lui (de Molière) Dim 10 Juin 2018 - 16:43
Modo Aidactif
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Sujet: Re: Le médecin malgré lui (de Molière) Mar 8 Jan 2019 - 13:47
Autre extraits de théâtre :
comparez ces trois mises en scène du Bourgeois Gentilhomme de Molière. Notez les trouvailles/idées intéressantes de jeux de scène/intonations que vous trouvez dans chacune.
Le bourgeois gentilhomme, de Molière
Contexte : un bourgeois, un peu idiot, demande conseil pour écrire une lettre à une marquise.
https://www.youtube.com/watch?v=z7-Velg39kM A partir de 3 minutes (sinon cet extrait se trouve directement en grand format dans la dernière vidéo postée, qui regroupe 2 autres mises en scène bonus)
https://www.youtube.com/watch?v=A_LDMHC-0-I
https://www.youtube.com/watch?v=jJMuzRxE5sA&t=45s A partir de 6m
https://www.youtube.com/watch?v=ghcHAsRoY5U A partir de 5m30
Lien vidéo
(Bonus pour les plus curieux, un extrait comparant deux autres mises en scène) A visionner uniquement en cliquant sur le mot "youtube"
Monsieur Jourdain
Je vous en prie. Au reste, il faut que je vous fasse une confidence. Je suis amoureux d'une personne de grande qualité, et je souhaiterais que vous m'aidassiez à lui écrire quelque chose dans un petit billet que je veux laisser tomber à ses pieds.
Maître de philosophie Fort bien. Sont-ce des vers que vous lui voulez écrire ?
Monsieur Jourdain Non, non, point de vers.
Maître de philosophie Vous ne voulez que de la prose ?
Monsieur Jourdain Non, je ne veux ni prose ni vers.
Maître de philosophie Il faut bien que ce soit l'un, ou l'autre.
Monsieur Jourdain Pourquoi ?
Maître de philosophie Par la raison, Monsieur, qu'il n'y a pour s'exprimer que la prose, ou les vers.
Monsieur Jourdain Il n'y a que la prose ou les vers ?
Maître de philosophie Non, Monsieur : tout ce qui n'est point prose est vers ; et tout ce qui n'est point vers est prose.
Monsieur Jourdain Et comme l'on parle qu'est-ce que c'est donc que cela ?
Maître de philosophie De la prose.
Monsieur Jourdain Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela. Je voudrais donc lui mettre dans un billet : "Belle Marquise ; vos beaux yeux me font mourir d'amour" ; mais je voudrais que cela fût mis d'une manière galante, que cela fût tourné gentiment.
Maître de philosophie Mettre que les feux de ses yeux réduisent votre coeur en cendres ; que vous souffrez nuit et jour pour elle les violences d'un...
Monsieur Jourdain Non, non, non, je ne veux point tout cela ...
Maître de philosophie Il faut bien étendre un peu la chose.
Monsieur Jourdain Non, vous dis-je, je ne veux que ces seules paroles-là dans le billet ; mais tournées à la mode, bien arrangées comme il faut. Je vous prie de me dire un peu les diverses manières dont on les peut mettre.
Maître de philosophie On les peut mettre premièrement comme vous avez dit : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour. Ou bien : D'amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d'amour me font.
Monsieur Jourdain Mais de toutes ces façons-là, laquelle est la meilleure ?
Maître de philosophie Celle que vous avez dite : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour.
Monsieur Jourdain. Cependant je n'ai point étudié, et j'ai fait cela tout du premier coup !
Coef 2 Maitre de philosophie Coef 2 Monsieur Jourdin
Dernière édition par Modo le Mar 8 Jan 2019 - 13:51, édité 1 fois
Modo Aidactif
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Sujet: Re: Le médecin malgré lui (de Molière) Mar 8 Jan 2019 - 13:48
A jouer à deux
Extrait des fourberies de Scapin
(Scapin, un domestique, trouve une ruse pour bastonner son maitre en lui faisant croire qu'il doit se cacher car des tueurs le cherchent.)
https://www.youtube.com/watch?v=SIgMIdoaKHo
SCAPIN : Monsieur, vous courez le péril le plus grand du monde, et je voudrais pour beaucoup que vous fussiez dans votre logis. GERONTE : Comment donc ? SCAPIN : A l'heure que je vous parle, on vous cherche de toutes parts pour vous tuer. GERONTE : Moi ? SCAPIN : Oui. (...) J'ai vu deçà delà des soldats qui interrogent ceux qu'ils trouvent, de sorte que vous ne sauriez faire un pas ni à droite ni a gauche, que vous ne tombiez dans leurs mains. GERONTE : Que ferai-je, mon pauvre Scapin ? SCAPIN : Je ne sais pas, Monsieur, et voici une étrange affaire. Je tremble pour vous depuis les pieds jusqu'à la tête. GERONTE : Ne saurais-tu trouver quelque moyen pour me tirer de peine ? Eh ! Scapin, montre-toi serviteur zélé. Ne m'abandonne pas, je te prie. SCAPIN : Je le veux bien. J'ai une tendresse pour vous qui ne saurait souffrir que je vous laisse sans secours. GERONTE : Tu en seras récompensé, je t'assure ; et je te promets cet habit-ci, quand je l'aurai un peu usé. SCAPIN : Attendez. Il faut que vous vous mettiez dans ce sac, et que... GERONTE , croyant voir quelqu'un. Ah !... ah non, ce n'est personne ... SCAPIN : Il faut, dis-je, que vous vous mettiez là dedans, et que vous vous gardiez de remuer en aucune façon. Je vous chargerai sur mon dos comme un paquet de ... quelque chose, et je vous porterai ainsi, au travers de vos ennemis, jusque dans votre maison. GERONTE : L'invention est bonne. SCAPIN : La meilleure du monde. Vous allez voir. (A part.) Tu me paieras l'imposture. GERONTE : Eh ? SCAPIN : Je dis que vos ennemis seront bien attrapés. Mettez-vous bien jusqu'au fond, et surtout prenez garde de ne vous point montrer et de ne branler pas, quelque chose qui puisse arriver. GERONTE : Laisse-moi faire. Je saurai me tenir... SCAPIN : Cachez-vous, voici un spadassin qui vous cherche. (contrefaisant sa voix) eh l'homme au sac, que transportes-tu ? -Moi rien - Ah, tu fais le drôle ! Prends ça ! (il bastonne le sac et fait mine d'être frappé lui-même) GERONTE , mettant la tête hors du sac. : Ah ! Scapin, je n'en puis plus. Ah ! je suis roué. Pourquoi diantre faut-il qu'ils frappent sur mon dos ?
Scapin : coef 1, Géronte coef 1
--------- Suite (Célèbre scène du sac et des coups de bâton)
https://www.youtube.com/watch?v=SIgMIdoaKHo à partir de 2, 22
Scapin : coef 2, Géronte coef 1
(Faisant entrer Géronte dans le sac) SCAPIN : Cachez-vous, voici un spadassin qui vous cherche. (En contrefaisant sa voix.) "Quoi ! jé n'aurai pas l'abantage dé tuer cé Géronte et quelqu'un par charité ne m'enseignera pas où il est ?" (A Géronte, avec sa voix ordinaire.) Ne branlez pas. (Reprenant son ton contrefait.) "Cadedis ! jé lé trouberai, se cachât-il au centre de la terre." (A Géronte, avec son ton naturel.) Ne vous montrez pas. "Oh ! L'homme au sac. --Monsieur. --Jé té vaille un louis, et m'enseigne où peut être Géronte. -Et pour quelle affaire, Monsieur ? -Jé beux, cadédis ! lé faire mourir sous les coups de vâton. --Oh ! Monsieur, les coups de bâton ne se donnent point à des gens comme lui, et ce n'est pas un homme à être traité de la sorte. --Qui, cé fat de Géronte, cé maraud, cé bélître ? --Le seigneur Géronte, Monsieur, n'est ni fat, ni maraud, ni bélître, et vous devriez, s'il vous plaît, parler d'autre façon. Je défends, comme je dois, un homme d'honneur qu'on offense. -Est-ce que tu es des amis dé cé Géronte ? --Oui, Monsieur, j'en suis. --Ah ! Cadédis ! tu es dé ses amis, à la vonne hure (Il donne plusieurs coups de bâton sur le sac.) Tiens ! Boilà cé qué jé té vaille pour lui. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Monsieur. Ah ! ah ! Monsieur, tout beau ! Ah ! Doucement, ah ! Ah ! Ah ! --Va, porte-lui cela dé ma part. Adiusias !" (en se plaignant et remuant le dos, comme s'il avait reçu les coups de bâton). GERONTE , mettant la tête hors du sac. : Ah ! Scapin, je n'en puis plus. SCAPIN : Ah ! Monsieur, je suis tout moulu, et les épaules me font un mal épouvantable. GERONTE : Comment ! C'est sur les miennes qu'il a frappé. SCAPIN : Nenni, Monsieur, c'était sur mon dos qu'il frappait. GERONTE : Que veux-tu dire ? J'ai bien senti les coups, et les sens bien encore. SCAPIN : Non, vous dis-je, ce n'était que le bout du bâton qui a été jusque sur vos épaules. GERONTE : Tu devais donc te retirer un peu plus loin pour m'épargner... Ah ! je suis roué. Pourquoi diantre faut-il qu'ils frappent sur mon dos ? SCAPIN , lui remettant la tête dans le sac. : Prenez garde, voici une demi-douzaine de soldats tout ensemble. (Il contrefait plusieurs personnes ensemble.) "Allons, tâchons à trouver ce Géronte, cherchons partout. Courons toute la ville. N'oublions aucun lieu. Visitons tout. Furetons de tous les côtés." (A Géronte, avec sa voix ordinaire.) Cachez-vous bien. "Ah ! Camarades, voici son valet. Allons, coquin, il faut que tu nous enseignes où est ton maître. -Eh ! Messieurs, doucement. (Géronte met doucement la tête hors du sac et aperçoit la fourberie de Scapin.) --Si tu ne nous fais trouver ton maître tout à l'heure, nous allons faire pleuvoir sur toi une ondée de coups de bâton. --J'aime mieux souffrir toute chose que de vous découvrir mon maître. --Nous allons t'assommer. --Faites tout ce qu'il vous plaira. --Tu as envie d'être battu ? --Je ne trahirai point mon maître. --Ah ! Tu en veux tâter ? Voilà... --Oh !" (Comme il est prêt de frapper, Géronte sort du sac et Scapin s'enfuit.) GERONTE : Ah ! Infâme ! Ah ! Traître ! Ah ! Scélérat ! C'est ainsi que tu m'assassines !
Sujet: Re: Le médecin malgré lui (de Molière) Mar 8 Jan 2019 - 13:49
Seul. Cyrano de Bergerac, d'Edmond Rostand La tirade du nez (acte I, scène 4)
contexte de la scène pour bien comprendre le texte:
Contexte de la scène. Un homme veut insulter Cyrano et, face à lui, ne trouve rien d'autre à lui dire que ...
" Votre nez est ... grand!"
Cyrano va le ridiculiser en public en lui disant en vers tout ce qu'il aurait pu lui dire pour se moquer de plus ... original ...
Version écourtée
Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme... En variant le ton, —par exemple, tenez : Agressif : « moi, monsieur, si j'avais un tel nez, Il faudrait sur le champ que je me l'amputasse ! »
Descriptif : « c'est un roc ! ... c'est un pic... c'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ? ... c'est une péninsule ! »
Gracieux : « aimez-vous à ce point les oiseaux Que paternellement vous vous préoccupâtes De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
Emphatique : « aucun vent ne peut, nez magistral, T'enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « c'est la Mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Lyrique : « est-ce une conque, êtes-vous un triton ? » Naïf : « ce monument, quand le visite-t-on ? »
—Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit : Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres, Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot !