Sujet: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 17:22
Les chats (fusion de deux extraits de Charles Baudelaire sur le thème du chat)
Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux Mêlés de métal et d'agate.
Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime, Tirés comme par un aimant, Se retournent docilement, Et que je regarde en moi-même,
Je vois avec étonnement Le feu de ses prunelles pâles, Clairs fanaux, vivantes opales, Qui me contemplent fixement.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes Des grands sphinx allongés au fond des solitudes, Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin ;
Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques, Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin, Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
coef 2
CHEMIN DE MON ENFANCE
Comme des cathédrales aux voûtes enfeuillées Les forêts de mon enfance, gravées dans ma mémoire, Ont des chemins secrets d’ombres embroussaillées, Des senteurs de bruyère mêlées d’épines noires.
De doux tapis moelleux de feuilles et de mousse Jonchés de glands de chênes et de vesses de loup Où l’on trouvait parfois des chanterelles rousses Et des bolets ventrus qu’on ramenait chez nous.
Près du lavoir blotti au pied du petit pont Nous avancions pieds nus dans l‘eau glacée, Plus cernés de libellules que de poissons, Nos cris et nos fous rires nous avaient devancés.
La vie battait si fort dans le sang de nos veines Qu’on ne ressentait guère la misère latente, Et même si notre assiette n’était pas toujours pleine, Nous gardions dans l’avenir une confiance ardente.
Janine LAVAL
Coef 2
CAUCHEMAR
Cohortes grimaçantes de babouins en colère M'acculent aux abysses. Je tente de crier, Mais aucun son ne sort de ma bouche « cratère » Ce volcan éteint. Mes cris se sont solidifiés.
Girouette ballottée aux caprices d'Éole J'ignore d'où je viens, je ne sais où je fuis Je vois un océan couvert de lucioles : Ce sont mille étoiles trouant le ciel bleu nuit.
Je cherche à m'évader de ce rêve angoissant. Je voudrais m'éveiller, m'arrêter quelque part. Toucher terre enfin, poser mes bagages pesants. Arriver dans un port, découvrir une gare.
J'entends le tocsin s'égrener au lointain Je sors d'un vertigineux brouillard J'ouvre les yeux dans le noir et soudain Je comprends que j'ai rêvé. Cauchemar !
Janine Laval
Coef 2
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie (extrait)
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie, Parce qu'on les hait ; Et que rien n'exauce et que tout châtie Leur morne souhait ;
Parce qu'elles sont maudites, chétives, Noirs êtres rampants ; Parce qu'elles sont les tristes captives De leur guet-apens ;
Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes, Parce qu'on les fuit, Parce qu'elles sont toutes deux victimes De la sombre nuit...
Passants, faites grâce à la plante obscure, Au pauvre animal. Plaignez la laideur, plaignez la piqûre, Oh ! plaignez le mal !
Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;
Pour peu qu'on leur jette un oeil moins superbe, Tout bas, loin du jour, La vilaine bête et la mauvaise herbe Murmurent : Amour !
Victor HUGO (1802-1885)
Coef 2
Le crapaud (extrait 1)
Près d'une ornière, au bord d'une flaque de pluie, Un crapaud regardait le ciel, bête éblouie ; Grave, il songeait, l'horreur contemplant la splendeur, (Oh ! pourquoi la souffrance et pourquoi la laideur Dans des prés plein de fleurs dansant sous le soleil ?) Les feuilles s'empourpraient dans les arbres vermeils ; L'oiseau baissait la voix dans le jour affaibli ; Tout s'apaisait, dans l'air, sur l'onde ; et, plein d'oubli, Le crapaud, sans effroi, sans honte, sans colère, Doux, regardait la grande auréole solaire ; Peut-être le maudit se sentait-il béni ? Pas de bête qui n'ait un reflet d'infini. Pas de monstre chétif, louche, impur, boiteux, Qui n'ait l'immensité des astres dans les yeux.
Le crapaud (Extrait 2)
Un homme qui passait vit la hideuse bête, Et, frémissant, lui mit son talon sur la tête ; Vinrent quatre écoliers, sereins comme le ciel. – J'étais enfant, j'étais petit, j'étais cruel ; – Ils crièrent : « Tuons ce vilain animal, Et, puisqu'il est si laid, faisons-lui bien du mal ! » Et chacun d'eux, riant, – l'enfant rit quand il tue, – Se mit à le piquer d'une branche pointue, Élargissant le trou de l'œil crevé, blessant Les blessures, ravis, applaudis du passant ; Car les passants riaient ; et l'ombre sépulcrale Couvrait ce noir martyr qui n'a pas même un râle, Et le sang, sang affreux, de toutes parts coulait Sur ce pauvre être ayant pour crime d'être laid ;
Le crapaud (extrait 3)
Il fuyait ; il avait une patte arrachée ; Un enfant le frappait d'une pelle ébréchée ; Son front saignait ; son œil pendait ; dans le genêt Et la ronce, effroyable à voir, il cheminait ; Il respirait toujours ; sans abri, sans asile, Il rampait ; on eût dit que la mort, difficile, Le trouvait si hideux qu'elle le refusait ; Et il leur échappa, glissant le long des haies ; L'ornière était béante, il y traîna ses plaies Et s'y plongea, sanglant, brisé, le crâne ouvert, Sentant quelque fraîcheur dans ce cloaque vert, Lavant la cruauté de l'homme en cette boue ; Et les enfants, avec le printemps sur la joue, Blonds, charmants, ne s'étaient jamais tant divertis ;
Le crapaud (Extrait 4)
Tous regardaient. Soudain, avançant dans l'ornière Où le monstre attendait sa torture dernière, L'âne vit le crapaud, et, triste, – hélas ! penché Sur un plus triste, – lourd, rompu, morne, écorché, Il sembla le flairer avec sa tête basse ; Ce forçat, ce damné, ce patient, fit grâce ; Hagard, il détourna la roue inexorable, Laissant derrière lui vivre ce misérable ; Puis, sous un coup de fouet, il reprit son chemin. Alors, lâchant la pierre échappée de sa main, Un des enfants – celui qui conte cette histoire, – Sous la voûte infinie, à la fois bleue et noire, Entendit une voix qui lui disait : Sois bon ! Cet âne abject, souillé, meurtri sous le bâton, Est plus saint que Socrate et plus grand que Platon.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 17:28
L'avare, de Molière. Acte IV, scène 7
Le monologue d'Harpagon
Au voleur ! Au voleur ! A l'assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné; on m'a coupé la gorge : on m'a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu'est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N'est-il point là ? N'est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête ! Rends-moi mon argent, coquin... (Il se prend lui-même le bras.) Ah ! c'est moi ! Mon esprit est troublé, et j'ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! Mon pauvre argent ! Mon pauvre argent ! Mon cher ami ! On m'a privé de toi; et puisque tu m'es enlevé, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie : tout est fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde. Sans toi, il m'est impossible de vivre. C'en est fait; je n'en puis plus; je me meurs; je suis mort; je suis enterré.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 17:40
Arthur RIMBAUD (1854-1891)
Le buffet
C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre, Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ; Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;
Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries, De linges odorants et jaunes, de chiffons De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries, De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;
- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.
- Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires, Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires.
Coef 2
Arthur RIMBAUD (1854-1891)
Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 17:46
Le loup et l'agneau - Jean de La Fontaine. (A jouer à 3)
Mise en voix par trois : un narrateur, un loup, un agneau. Coef 1 chacun, ou coef 3 si quelqu'un récite l'ensemble.
Le Loup et l'Agneau
La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l'allons montrer tout à l'heure.
Un Agneau se désaltérait Dans le courant d'une onde pure. Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait. Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité. - Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté Ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu'elle considère Que je me vas désaltérant Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d'Elle, Et que par conséquent, en aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson. - Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, Et je sais que de moi tu médis l'an passé. - Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ? Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère. - Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. - Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens : Car vous ne m'épargnez guère, Vous, vos bergers, et vos chiens. On me l'a dit : il faut que je me venge.
Là-dessus, au fond des forêts Le Loup l'emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procès.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 17:48
Jean de LA FONTAINE (XVIIème siècle)
La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf
Une Grenouille vit un Boeuf Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf, Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille, Pour égaler l'animal en grosseur, Disant : "Regardez bien, ma soeur ; Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ? - Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ? - Vous n'en approchez point." La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 17:54
Le Laboureur et ses Enfants
Travaillez, prenez de la peine : C'est le fonds qui manque le moins. Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine, Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage Que nous ont laissé nos parents. Un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout. Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'août. Creusez, fouiller, bêchez ; ne laissez nulle place Où la main ne passe et repasse. Le père mort, les fils vous retournent le champ Deçà, delà, partout ; si bien qu'au bout de l'an Il en rapporta davantage.
D'argent, point de caché. Mais le père fut sage De leur montrer avant sa mort Que le travail est un trésor.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 18:00
Claris de FLORIAN (XVIIIème siècle)
La guenon, le singe et la noix
Une jeune guenon cueillit Une noix dans sa coque verte ; Elle y porte la dent, fait la grimace... Ah ! Certes, Dit-elle, ma mère mentit Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes. Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit !
Elle jette la noix. Un singe la ramasse, Vite entre deux cailloux la casse, L'épluche, la mange, et lui dit :
Votre mère eut raison, ma mie : Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.
Souvenez-vous que, dans la vie, Sans un peu de travail on n'a point de plaisir.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 18:10
La Poule aux oeufs d'or - Fable de La Fontaine (XVIIème siècle)
https://www.youtube.com/watch?v=ZROJLoCwaJU
L'avarice perd tout en voulant tout gagner. Je ne veux, pour le témoigner, Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable, Pondait tous les jours un oeuf d'or. Il crut que dans son corps elle avait un trésor. Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable A celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien, S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
Belle leçon pour les gens chiches : Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus Qui du soir au matin sont pauvres devenus Pour vouloir trop tôt être riches ?
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 18:17
Jean de LA FONTAINE (XVIIème siècle)
La Cigale et la Fourmi
La Cigale, ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue : Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la Fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle. "Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'Oût, foi d'animal, Intérêt et principal. " La Fourmi n'est pas prêteuse : C'est là son moindre défaut. Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse. - Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. - Vous chantiez ? j'en suis fort aise. Eh bien! dansez maintenant.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 18:31
Un enfant : Jacques Brel
Un enfant Ça vous décroche un rêve Ça le porte à ses lèvres Et ça part en chantant Un enfant Avec un peu de chance Ça entend le silence Et ça pleure des diamants Et ça rit à n'en savoir que faire Et ça pleure en nous voyant pleurer Ça s'endort de l'or sous les paupières Et ça dort pour mieux nous faire rêver
Un enfant C'est le dernier poète D'un monde qui s'entête A vouloir devenir grand Et ça demande si les nuages ont des ailes Et ça s'inquiète d'une neige tombée Et ça croit que nous sommes fidèles Et ça se doute qu'il n'y a plus de fées
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 18:41
Extraits du petit prince, de Saint Exupéry (XXème siècle)
Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
Si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas, qui sera différent de tous les autres. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...
[...] Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Lun 6 Oct - 18:52
Joachim DU BELLAY (XVIème siècle)
https://www.youtube.com/watch?v=WefxVZLhm9U
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme celui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la douceur angevine.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Jeu 9 Oct - 10:07
S.D.F.
Il marche sur les pavés luisants de pluie, Son ombre le précède, s'allonge et puis, Se rétracte et passe derrière lui A chaque réverbère allumé dans la nuit.
Il entend dans le lointain les bruits sourds Les grondements dans les rues du faubourg Il presse le pas, voici presque qu'il court, Mais il se sent bien vieux. Il se sent lourd.
Un banc l'appelle dans l'ombre dense. Il s'assied, le souffle court, l'esprit en transe. Il ferme les yeux, sa tête se balance, Il craint soudain de perdre connaissance.
Où allait-il ? Il ne le sait plus. Tout ici lui semble inconnu, Il est seul, il a froid. Il est perdu.
On l'a trouvé sur ce banc, ce matin, Bras écartés et raides, comme un pantin. … Sur un papier froissé serré dans sa main, Un mot tracé, puis raturé: FAIM, F. I. N.
Janine Laval
Coef 2
Les émigrants clandestins
Des routes sans virage qui vont au bout du monde Et le soleil qui danse au-dessus des déserts, Ils ont dû oublier que la terre était ronde Où s’en vont-ils si loin, en fuyant la misère ?
Ils découvriront trop tard sans doute Que l’autre bout du monde, il était là Derrière eux, à leurs pieds, sur la route, Comme un arc-en-ciel que l’on n’atteindra jamais !
L’ Eldorado reste toujours une chimère Ailleurs, l’herbe semble souvent plus verte Les mirages existent aussi hors des déserts.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Jeu 9 Oct - 10:18
Savoir ECOUTER le silence
Le silence est bruissant :
-les feuilles mortes qui craquent sous nos pas -les stridulations des grillons dans la chaleur des soirs d'été -le chant incessant de la cigale mâle -le murmure d'un ruisseau ou le clapotis claquant des vagues -le vent discret qui joue de la harpe dans les branches du saule pleureur -le crissement doux du stylo sur la feuille de cahier -Le feu crépitant dans l'âtre rougissant -le tic tac titillant d'une horloge -le cri d'un oiseau de nuit, un gros chaton en rond qui ronronne … Tout ça, c'est le silence aussi. C'est ce silence que j'aime.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Jeu 9 Oct - 20:12
En choix coef 1, mais uniquement pour ceux qui auront déjà fait plus d'une récitation au cours de la période.
La Bise
La bise fait le bruit d’un géant qui soupire; La fenêtre palpite et la porte respire; Le vent d’hiver glapit sous les tuiles des toits; Le feu fait à mon âtre une pâle dorure;
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Jeu 16 Oct - 21:15
Le papillon, d'Alphonse de LAMARTINE (XVIIIème siècle)
Naître avec le printemps, mourir avec les roses, Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur.
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses, S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur.
Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes, S'envoler, comme un souffle, aux voûtes éternelles, Voilà du papillon le destin enchanté !
Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose, Et sans se satisfaire, effleurant toute chose, Retourne enfin au ciel chercher la volupté !
https://www.youtube.com/watch?v=VfP9TYGOAtQ
En pièce de théâtre à deux :
Voici une scène absolument culte et incontournable ...
Scapin cherche à se venger d'un des pères ... Il lui fait croire qu'on cherche à le tuer et qu'il doit se cacher dans un sac ... avec l'intention de le tabasser copieusement sans qu'il sache que c'est lui qui le fait !
Avec les acteurs Francis Perrin et Sim, prestation en direct lors d'une émission
texte raccourci (la scène peut être faite à trois : Scapin/Géronte, un quand Scapin fait semblant d'être un tueur, ce peut être un complice de Scapin qui fait semblant d'être un tueur) :
GÉRONTE. Hé bien, Scapin, comment va l'affaire de mon fils ? SCAPIN. Votre fils, Monsieur, est en lieu de sûreté ; mais vous courez maintenant, vous, le péril le plus grand du monde, et je voudrais pour beaucoup que vous fussiez dans votre logis. GÉRONTE. Comment donc ? SCAPIN. À l'heure que je parle, on vous cherche de toutes parts pour vous tuer. GÉRONTE. Moi ? SCAPIN. Oui.
GÉRONTE. Que ferai-je, mon pauvre Scapin ? SCAPIN. Je ne sais pas, Monsieur. Je tremble pour vous depuis les pieds jusqu'à la tête. GÉRONTE. Ne saurais-tu trouver quelque moyen pour me tirer de peine ? Eh ! Scapin, montre-toi serviteur zélé : ne m'abandonne pas, je te prie.
SCAPIN. Je le veux bien. J'ai une tendresse pour vous qui ne saurait souffrir que je vous laisse sans secours. GÉRONTE. Tu en seras récompensé, je t'assure ; et je te promets cet habit-ci, quand je l'aurai un peu usé. SCAPIN. Attendez. Il faut que vous vous mettiez dans ce sac et que vous gardiez de remuer en aucune façon. Je vous chargerai sur mon dos, comme un paquet de quelque chose, et je vous porterai ainsi au travers de vos ennemis, jusque dans votre maison. GÉRONTE. L'invention est bonne. SCAPIN. La meilleure du monde. Vous allez voir. À part. Tu me le payeras. GÉRONTE. Eh ? SCAPIN. Je dis que vos ennemis seront bien attrapés. GÉRONTE. (Il entre dans le sac) SCAPIN. Spadassin : Cachez-vous : voici un spadassin qui vous cherche ! (contrefaisant sa voix). « Quoi ? Jé n'aurai pas l'abantage dé tuer cé Geronte ? Cadédis, jé lé trouberai, sé cachât-il au centre dé la terre. » À Géronte avec son ton naturel. Ne bougez pas. « Oh, l'homme au sac ! »Monsieur. « Jé té vaille un louis, et m'enseigne où put être Geronte. »Vous cherchez le seigneur Géronte ? « Oui, jé lé cherche. »Et pour quelle affaire, Monsieur ? « Est-ce que tu es des amis dé cé Geronte ? »Oui, Monsieur, j'en suis. « Ah ! cadédis, tu es de ses amis, à la vonne hure. » (Il donne plusieurs coups de bâton sur le sac). « Tiens. Boilà pour lui. » Ah, Monsieur ! Ah, ah, Monsieur ! pitié ! Ah, doucement, ah, ah, ah ! « Va, porte-lui cela de ma part. Adiusias. » Ah ! Diable soit le Gascon Ah ! En se plaignant et remuant le dos, comme s'il avait reçu les coups de bâton. GÉRONTE, mettant la tête hors du sac. Ah ! Scapin, je n'en puis plus ! Je suis tout moulu, et les épaules me font un mal épouvantable. SCAPIN. Nenni, Monsieur, c'était sur mon dos qu'il frappait. GÉRONTE. Que veux-tu dire ? J'ai bien senti les coups, et les sens bien encore. SCAPIN. Non, ce n'est que le bout du bâton qui a été jusque sur vos épaules. GÉRONTE. Tu devais donc te retirer un peu plus loin, pour m'épargner... (SCAPIN, lui remet la tête dans le sac). Prenez garde. En voici un autre ! Cachez-vous bien. « Dites-moi un peu fous, Monsir l'homme, s'il ve plaist, fous savoir point où l'est sti Gironte que moi cherchair ? »Non, Monsieur, je ne sais point où est Géronte. « Dites-moi-le vous frenchemente, moi li fouloir pas grande chose à lui. L'est seulemente pour li donnair un petite régale sur le dos d'un douzaine de coups de bastonne, et de trois ou quatre petites coups d'épée au trafers de son poitrine. » Je vous assure, Monsieur, que je ne sais pas où il est. « Il me semble que j'y foi remuair quelque chose dans sti sac. Moi l'avoir enfie de tonner ain coup d'épée dans ste sac. » Ah ! Monsieur, gardez-vous-en bien ! Ce ne sont que de vieilles hardes qui m'appartiennent. Géronte met doucement la tête hors du sac et aperçoit la fourberie de Scapin. « Moi, je vais donner des coup de batonne sur les épaules de toi. »Je me moque de cela. Je ne trahirai pas mon maitre. « Ah ! Tu en veux tâter ? Tiens, prends-toi ça ! (surpris, voyant Géronte sorti du sac qui le regarde en courroux) Oh ! (Scapin s'enfuit) GÉRONTE. Ah, infâme ! Ah, traître ! Ah, scélérat ! C'est ainsi que tu m'assassines.
"Si tu ne nous fais trouver ton maître tout à l'heure, nous allons faire pleuvoir sur toi une ondée de coups de bâton." J'aime mieux souffrir toute chose que de vous découvrir mon maître. « Nous allons t'assommer. »Faites
Et en scène de théâtre à deux, vous avez aussi cette autre possibilité :
Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Ven 13 Oct - 18:52
Excusez-moi M.Govaert,mais la poésie "le dormeur du val" de Arthur Rimbaud a déjà été étudiée en CM2.
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Sujet: Re: Corpus de récitations au choix 6ème Laruns Ven 13 Oct - 18:56
Oui, tu me l'avais dit
Il est évident que ceux qui l'ont apprise ne peuvent la choisir, mais plusieurs de tes camarades ne l'ont pas apprise en primaire et peuvent donc la découvrir ainsi