Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi ! Les vibrantes douleurs dans ton cœur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible !
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix D'insecte, maintenant dit : je suis Autrefois, Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! C'est la loi. Le jour décroît ; la nuit augmente ; Souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard, Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le Repentir même (oh ! La dernière auberge !), Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! Il est trop tard ! "
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Sujet: Re: Défi poésie 4ème Jeu 28 Sep - 19:21
Mon rêve familier (Paul Verlaine)
je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - je l'ignore. Son nom? je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
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Sujet: Re: Défi poésie 4ème Jeu 28 Sep - 19:43
Les Séparés
N'écris pas - Je suis triste, et je voudrais m'éteindre Les beaux été sans toi, c'est la nuit sans flambeau J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre, Et frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau
N'écris pas - N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes Ne demande qu'à Dieu ... qu'à toi, si je t'aimais ! Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes, C'est entendre le ciel sans y monter jamais
N'écris pas - Je te crains; j'ai peur de ma mémoire; Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire Une chère écriture est un portrait vivant N'écris pas !
N'écris pas ces mots doux que je n'ose plus lire : Il semble que ta voix les répand sur mon cœur; Et que je les vois brûler à travers ton sourire; Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur N'écris pas !
Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame ... Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ; Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
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Sujet: Re: Défi poésie 4ème Jeu 28 Sep - 20:18
La Loreley
À Bacharach il y avait une sorcière blonde Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde
Devant son tribunal l'évêque la fit citer D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté
Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie
Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri
Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie
- Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé
- Mon amant est parti pour un pays lointain Faites-moi donc mourir puisque je n'aime rien Mon cœur me fait si mal il faut bien que je meure
L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances
Menez jusqu'au couvent cette femme en démence Va-t'en Lore en folie va Lore aux yeux tremblants Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc
- Chevaliers, laissez-moi monter sur ce rocher si haut Pour voir une fois encore mon beau château Pour me mirer une fois encore dans le fleuve Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves
Là-haut le vent tordait ses cheveux déroulés Les chevaliers criaient Loreley Loreley
- Tout là-bas sur le Rhin s'en vient une nacelle Et mon amant s'y tient il m'a vue il m'appelle !
Elle se penche alors et tombe dans le Rhin
Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
Coef 3 si seul
Coerf 1.5 si fait à 2 : l'un peut faire Loreleï, l'autre l'évêque et le narrateur.
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Sujet: Re: Défi poésie 4ème Jeu 28 Sep - 20:38
Némésis
Au-delà des abîmes nocturnes éclairées par une lune blafarde, J'ai vécu des vies sans nombre, Et je me débats et je crie jusqu'au ciel, Poussé par la folie jusqu'à l'effroi.
J'ai tournoyé avec la Terre dans l'aube des temps, Quand les noires planètes roulaient par milliers dans l'immensité Où elles tourbillonnaient, éperdues, Sans savoir où aller, Sans éclat et sans but.
J'ai dérivé à l'infini sur le fleuve de l'oubli Ce fleuve sans fin et ses vagues de sommeil, Sous ses cieux sinistres aux nuages gris Là où le Styx résonne des cris sans vie Qui s'élèvent de ses eaux glauques et salies.
J'ai hanté les tombeaux des âges, Porté par les ailes de la peur; Des enfers, j'ai survolé l'Erèbe qui gronde En crachant ses nuées enflammées de douleurs.
J'étais déjà vieux, noir démon, Au commencement du monde Quand l'humanité naissait dans un paradis Où moi, et moi seul, était vil et maudit ; Et où l'Homme, encore pur et heureux, vivait dans la félicité. Puis je parus. Paradis perdu.
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Sujet: Re: Défi poésie 4ème Jeu 28 Sep - 20:50
Ophélie
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles... - On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir. Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ; Les saules frissonnants pleurent sur son épaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ; Elle éveille parfois, dans un aune qui dort, Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile : - Un chant mystérieux tombe des astres d'or.
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Sujet: Re: Défi poésie 4ème Jeu 28 Sep - 20:55
Elévation ( Charles Baudelaire)
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par delà les éthers, Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde, Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ; Va te purifier dans l'air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensées, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, - Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes !
Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal
Coef 3
Spoiler:
Eléments pour la versification et la compréhension : https://www.ladissertation.com/Archives-du-BAC/BAC-Fran%C3%A7ais/Lecture-lin%C3%A9aire-%C3%89l%C3%A9vation-Baudelaire-422984.html
Cadaver
Ô mort ! heure splendide ! ô rayons mortuaires ! Avez-vous quelquefois soulevé des suaires ?
Et, pendant qu'on pleurait et, qu'au chevet du lit, Frères, amis, enfants, la mère qui pâlit, Éperdus, sanglotaient dans le deuil qui les navre, Avez-vous regardé sourire le cadavre ?
Tout à l'heure, il râlait, se tordait, étouffait ; Maintenant, il rayonne. Abîme ! Qui donc fait Cette lueur qu'a l'homme en entrant dans les ombres ?
Qu'est-ce que le sépulcre ? et d'où vient, penseurs sombres, Cette sérénité formidable des morts ?
Et voyez le regard, qu'une ombre étrange voile, Et qui, mystérieux, semble un lever d'étoile !
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Sujet: Re: Défi poésie 4ème Jeu 28 Sep - 20:56
Le pin des Landes
On ne voit en passant par les Landes désertes, Vrai Sahara français, poudré de sable blanc, Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes D'autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc ;
Car, pour lui dérober ses larmes de résine, L'homme, avare bourreau de la création, Qui ne vit qu'aux dépens de ce qu'il assassine, Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !
Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte, Le pin verse son baume et sa sève qui bout, Et se tient toujours droit sur le bord de la route, Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.
Le poète est ainsi dans les Landes du monde ; Lorsqu'il est sans blessure, il garde son trésor. Il faut qu'il ait au cœur une entaille profonde Pour épancher ses vers, divines larmes d'or !
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Sujet: Re: Défi poésie 4ème Jeu 28 Sep - 21:35
Le crapaud, de Victor Hugo
Extraits. Chaque strophe au choix = coef 2 (hors passage entre parenthèses)
Spoiler:
Le couchant rayonnait dans les nuages roses ; Près d'une ornière, au bord d'une flaque de pluie, Un crapaud regardait le ciel, bête éblouie ; Grave, il songeait -l'horreur contemplant la splendeur- Oh ! pourquoi la souffrance et pourquoi la laideur ? (...) Les feuilles s'empourpraient dans les arbres vermeils ; L'oiseau baissait la voix dans le jour affaibli ; Tout s'apaisait, dans l'air, sur l'onde ; et, plein d'oubli, Le crapaud, sans effroi, sans honte, sans colère, Doux, regardait la grande auréole solaire ; Peut-être le maudit se sentait-il béni ? Pas de bête qui n'ait un reflet d'infini. Pas de monstre chétif, louche, impur, boiteux, Qui n'ait l'immensité des astres dans les yeux.
Un homme qui passait vit la hideuse bête, Et, frémissant, lui mit son talon sur la tête ; C'était un prêtre avec un livre qu'il lisait ; Puis une femme, avec une fleur au corset, Vint et lui creva l'œil du bout de son ombrelle ; Et le prêtre était vieux, et la femme était belle. Vinrent quatre écoliers, sereins comme le ciel. – J'étais enfant, j'étais petit, j'étais cruel ; – Ils crièrent : « Tuons ce vilain animal, Et, puisqu'il est si laid, faisons-lui bien du mal ! » Et chacun d'eux, riant, – l'enfant rit quand il tue, – Se mit à le piquer d'une branche pointue, Élargissant le trou de l'œil crevé, blessant Les blessures, ravis, applaudis du passant ; Car les passants riaient ; et l'ombre sépulcrale Couvrait ce noir martyr qui n'a pas même un râle, Et le sang, sang affreux, de toutes parts coulait Sur ce pauvre être ayant pour crime d'être laid ;
Il fuyait ; il avait une patte arrachée ; Un enfant le frappait d'une pelle ébréchée ; Son front saignait ; son œil pendait ; dans le genêt Et la ronce, effroyable à voir, il cheminait ; Disloqué, de cailloux en cailloux cahoté, Il respirait toujours ; sans abri, sans asile, Il rampait ; on eût dit que la mort, difficile, Le trouvait si hideux qu'elle le refusait ; Et il leur échappa, glissant le long des haies ; L'ornière était béante, il y traîna ses plaies Et s'y plongea, sanglant, brisé, le crâne ouvert, Sentant quelque fraîcheur dans ce cloaque vert, Lavant la cruauté de l'homme en cette boue ; Et les enfants, avec le printemps sur la joue, Blonds, charmants, ne s'étaient jamais tant divertis ;
(Tous parlaient à la fois et les grands aux petits Criaient : «Viens voir! dis donc, Adolphe, dis donc, Pierre, Allons pour l'achever prendre une grosse pierre ! » Tous ensemble, sur l'être au hasard exécré, Ils fixaient leurs regards, et le désespéré Regardait s'incliner sur lui ces fronts horribles. Tous les yeux poursuivaient le crapaud dans la vase ; C'était de la fureur et c'était de l'extase ; Un des enfants revint, apportant un pavé, Pesant, et l'ayant mal aisément soulevé, Il dit : « Nous allons voir comment cela va faire. »)
Or, en ce même instant, juste à ce point de terre, Le hasard amenait un chariot très lourd Traîné par un vieux âne éclopé, maigre et sourd ; Cet âne harassé, boiteux et lamentable, Après un jour de marche approchait de l'étable ; Il roulait la charrette et portait un panier ; Chaque pas qu'il faisait semblait être le dernier ; Cette bête marchait, battue, exténuée ; Les coups l'enveloppaient ainsi qu'une nuée ; La route descendait et poussait la bourrique ; L'âne songeait, passif, sous le fouet, sous la trique, Dans une profondeur où l'homme ne va pas.
(Les enfants entendant cette roue et ce pas, Se tournèrent bruyants et virent la charrette : « Ne mets pas le pavé sur le crapaud. Arrête ! » Crièrent-ils. « Vois-tu, la voiture descend Et va passer dessus, c'est bien plus amusant. »)
Tous regardaient. Soudain, avançant dans l'ornière Où le monstre attendait sa torture dernière, L'âne vit le crapaud, et, triste, – hélas ! penché Sur un plus triste, – lourd, rompu, morne, écorché, Il sembla le flairer avec sa tête basse ; Ce forçat, ce damné, ce patient, fit grâce ; Il rassembla sa force éteinte, et, raidissant Sa chaîne et son licou sur ses muscles en sang, Résistant à l'ânier qui lui criait : Avance ! Maîtrisant du fardeau l'affreuse connivence, Hagard, il détourna la roue inexorable, Laissant derrière lui vivre ce misérable ;
Ô spectacle sacré ! l'ombre secourant l'ombre, L'âme obscure venant en aide à l'âme sombre, La brute par moments pense et sent qu'elle est sœur De la mystérieuse et profonde douceur ; Il suffit qu'un éclair de grâce brille en elle Pour qu'elle soit égale à l'étoile éternelle ; Le baudet qui, rentrant le soir, surchargé, las, Mourant, sentant saigner ses pauvres sabots plats, Fait quelques pas de plus, s'écarte et se dérange Pour ne pas écraser un crapaud dans la fange. Puis, sous un coup de fouet, il reprit son chemin.
(Alors, laissant la pierre échappée de sa main, Un des enfants – celui qui conte cette histoire, – Sous la voûte infinie, à la fois bleue et noire, Entendit une voix qui lui disait : Sois bon ! Cet âne abject, souillé, meurtri sous le bâton, Est plus saint que Socrate et plus grand que Platon.)
https://www.youtube.com/watch?v=neI5NY6VHvQ
https://www.youtube.com/watch?v=bTI7_U3gZOg
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie (Victor Hugo)
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie, Parce qu'on les hait ; Et que rien n'exauce et que tout châtie Leur morne souhait ;
Parce qu'elles sont maudites, chétives, Noirs êtres rampants ; Parce qu'elles sont les tristes captives De leur guet-apens ;
Parce qu'elles sont prises dans leur œuvre ; Ô sort ! fatals nœuds ! Parce que l'ortie est une couleuvre, L'araignée un gueux;
Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes, Parce qu'on les fuit, Parce qu'elles sont toutes deux victimes De la sombre nuit...
Passants, faites grâce à la plante obscure, Au pauvre animal. Plaignez la laideur, plaignez la piqûre, Oh ! plaignez le mal !
Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;
Pour peu qu'on leur jette un œil moins superbe, Tout bas, loin du jour, La vilaine bête et la mauvaise herbe Murmurent : Amour !
Coef 2
Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=4-mO_bXOpPQ
https://www.youtube.com/watch?v=luMBW-iWl34
LA VIE ANTERIEURE
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux, Et que leurs grands piliers, droits et majestueux, Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux, Mêlaient d'une façon solennelle et mystique Les tout-puissants accords de leur riche musique Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes, Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes, Et dont l'unique soin était d'approfondir Le secret douloureux qui me faisait languir.
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Sujet: Re: Défi poésie 4ème Jeu 28 Sep - 21:37
Tu seras un homme, mon fils
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie Et, sans dire un seul mot, te remettre à bâtir ; Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans soupir ;
Si tu peux être amant, sans être fou d’amour, Si tu peux être fort, sans cesser d’être tendre, Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour, Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter des sots, Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles Sans mentir toi-même d’un mot ; (...)
Si tu peux être dur sans jamais être en rage, Si tu peux être brave mais jamais imprudent, Si tu sais être bon, si tu sais être sage, Sans être moralisateur ni trop pédant ;
Alors les rois, les dieux, la Chance et la Victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis ; Et, ce qui vaut mieux que Rois et que Gloire, Tu seras un homme, mon fils.
Poème de Kipling (auteur du Livre de la jungle)
(Traduit de l'anglais)
Coef 2
Quand les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte J’hésite un peu toujours à les regarder boire Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif. Ils tournent vers ma face un œil reconnaissant Pendant que leurs longs traits m’emplissent de faiblesse Et me laissent si las, si seul et décevant Qu’une nuit passagère envahit mes paupières Et qu’il me faut soudain refaire en moi des forces Pour qu’un jour où viendrait l’attelage assoiffé Je puisse encore vivre et les désaltérer.
Dernière édition par Modo le Mar 8 Mar - 17:20, édité 3 fois
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Sujet: Re: Défi poésie 4ème Jeu 28 Sep - 21:40
Correspondances
La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, - Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies, Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens, Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.