Formes particulières de poèmes



 

• Le sonnet
  

[*]
poème de 14 vers, composé de 2 quatrains suivis de 2 tercets.

Ex de sonnets :

Les Conquérants


Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos, de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal. ( un quatrain )

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental. ( deuxième quatrain )

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré; ( un tercet )

Ou, penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles. ( deuxième tercet )

J.-M. de HEREDIA 1842-1905



[*]Exemples :
[*]https://cafet.1fr1.net/t2620-les-sonnets



[*]

•  Le poème en vers libres   : le poème ne respecte pas forcément de rimes ni le même nombres de syllabes par vers.
  

[*]Savoir ECOUTER le silence

Le silence est bruissant :

-les feuilles mortes qui craquent sous nos pas
-les stridulations des grillons dans la chaleur des soirs d'été
-le chant incessant de la cigale mâle
-le murmure d'un ruisseau ou le clapotis claquant des vagues
-le vent discret qui joue de la harpe dans les branches du saule pleureur
-le crissement doux du stylo sur la feuille de cahier
-Le feu crépitant dans l'âtre rougissant
-le tic tac titillant d'une horloge
-le cri d'un oiseau de nuit, un gros chaton en rond qui ronronne …
Tout ça, c'est le silence aussi.
C'est ce silence que j'aime.

Janine Laval





[*]Aube


J'ai embrassé l'aube d'été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

La première rencontre* fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris à la cascade blonde* qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. (...)
En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.


* entreprise dans le texte original (=rencontre)
* wasserfall (dans le texte original) = cascade
[*]

• Le poème en prose : texte poétique disposé comme un texte normal, en prose (= écrit sans vers)
  
  Mais le texte en question a un côté poétique grâce à des jeux sur les sonorités, au rythme des phrases et aux images, figures de styles poétiques.
  

EX de poème en prose :




[*]Le son du silence... (variante en poème ne prose du poème en vers libres de Janine Laval)
[*]
Comment expliquer que, pour moi, le silence n'est pas forcément silencieux ?
Des chants d'oiseaux ou la stridulation d'un grillon ou d'une cigale ne rompent pas mon silence.
Le craquement sous mes pieds des feuilles mortes dans un sous-bois ne freinent jamais mon imagination galopante.
Quelques clochers lointains égrenant les heures ne nuisent pas à mes rêveries.
Un coq annonçant le lever du soleil ne me réveille pas car je suis bien souvent levée avant qu'il s'égosille.
Ici les tourterelles s'interpellent très souvent : Certains voisins s'en plaignent, mais Moi, je leur parle dans leur langue .Et elles me répondent perchées sur leur fil électrique au dessus de ma tête tout en me jaugeant curieusement, étonnées de constater que ce bipède sache leur langage...

[*]
Janine Laval
[*]


Les fenêtres

Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. ( ... ) Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.

Par delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. ( ... )
Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même.

Baudelaire, Petits poèmes en prose

•  Le haïku :  poème d'origine japonaise constitué uniquement de trois vers (un tercet)
  
  But du haïku = fixer un instant, une description, une émotion, avec généralement un seul verbe, voire qu'avec des phrases non verbales, comme une photo saisissant un instant.
  

[*]Un haïku classique français comporte un premier vers de 5 syllabes, le second de 7  et le troisième de 5.

[*]Doux matin d'avril
Le papillon prend son temps
[*]Dans les champs fleuris


ou encore ...

Le bruit éloigné
des pas d'un être attendu
sur les feuilles mortes



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Il existe de plus en plus de haïkus ne respectant pas cette règle, devenant des haïkus à l'écriture plus libre.

[*]ex :
[*]https://cafet.1fr1.net/t1194-best-of-de-vos-haikus

• Un acrostiche  :  poème dont la première lettre de chaque vers, si on lit de haut en bas, donne le sujet du poème.
  

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Ex: acrostiche discret formant le mot LIT dans «Le dormeur du val» de RIMBAUD

Les parfums ne font pas frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.


[*]Exemples :
[*]https://cafet.1fr1.net/t80-les-acrostichespetits-textes-caches

• Le calligramme :  le texte poétique est disposé sous forme de dessin évoquant le sujet du poème.
  

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[*]Plein d'exemples, d'auteurs et d'élèves :

[*]https://cafet.1fr1.net/t605-calligrammes?highlight=calligrammes