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| Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome | |
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Titeuf
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| Sujet: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Lun 22 Nov - 18:42 | | |
| I ) Romulus, le roi fondateurOyez oyez Venez écouter la merveilleuse petite histoire de Bien longtemps avant la naissance de ces jumeaux mythiques, leur ancêtre Enée s'était enfui de la ville de Troie en flammes, avec ses pénates sacrées, c'est-à-dire les statues de ses dieux, pour venir s'installer dans le centre de l'Italie, dans la région du Latium. source Descendant d'Enée, Procas, roi d'Albe la longue, légua son royaume à Numitor, l'aîné de ses fils. Mais, sans respect pour le droit d'ainesse de son frère, Amulius chasse son frère Numitor, pour usurper son trône : il alla jusqu'à faire périr tous les enfants mâles de ce frère Mais Numitor avait également une fille, Rhéa Silvia... Amulius obligea alors sa nièce Rhéa Silvia à devenir vestale ! (c'est-à-dire prêtresse vierge de Vesta, déesse du feu et du foyer) Statue antique représentant une vestale... Il la fait devenir vestale afin d'être sûr qu'elle reste vierge et n'ait jamais d'enfant héritier du trône... En effet, en tant que vestale, elle dut obligatoirement faire serment de... chasteté! (pas de sexe quoi) sous peine de mort Une vestale qui manquait à son devoir de virginité ou qui laissait s'éteindre le feu sacré du temple... était enterrée vivante!!! Mise à mort d'une vestale Ruine du petit temple circulaire de Vesta, où brûlait le feu sacré. Vestales, vêtues d'une blancheur virginale, et tenant le feu sacré... Le tyran se croyait ainsi assuré que Rhéa Silvia n'aurait pas d'enfants susceptibles de lui réclamer le trône plus tard... Mais il se trompait! Alors qu'elle se rendait à une fontaine chercher de l'eau pour laver les objets du culte dans un bois sacré ... le dieu Mars tombe sous le charme de la vestale vierge, alors qu'elle s'était assoupie ..... Il profita de son sommeil ... et elle devient miraculeusement ... enceinte du dieu. Cette naissance miraculeuse du fondateur de Rome par une vierge est un thème cher aux Romains : (ça me rappelle un peu l'histoire de la sainte vierge, pas vous? ) La vestale Rhéa Silvia tenant ses enfants, conçus par le dieu Mars...
En la condamnant à une éternelle virginité, Amulius croyait lui ôter l'espoir de donner naissance à des garçons qui pourraient revendiquer le trône, écartant ainsi tout rival.
Lorsqu'il devint évident qu'elle était enceinte, elle allait être condamnée au supplice, si la fille du roi n’eût obtenu sa grâce. Amulius la fit enfermer dans une étroite prison, où personne n’avait la liberté de la voir. Elle mit au monde deux jumeaux d’une beauté singulière, car c'étaient des héros (mi-humains, mi-divins). Amulius, encore plus alarmé, chargea un de ses domestiques de les noyer dans le Tibre.
Mais le panier flotta... (un peu comme l'histoire de Moïse dans la Bible aussi )
Ainsi ils se retrouvèrent sains et saufs sur la berge fangeuse du Tibre, au pied d'un figuier sauvage, qu’on nomma le "figuier ruminal", peut-être du nom de Romulus, devenu "figuier sacré" mis sur le forum.
...
L'actuelle grève fangeuse (rivage boueux) du Tibre...
Attiré par les vagissements des bébés... une "louve" sortit du bois ...et les allaita !
(mythe un peu repris à notre époque dans "Le livre de la jungle" ) Ainsi, les enfants ne périrent pas au pied du figuier ruminal.
La légende disait aussi qu’un pivert, oiseau consacré à Mars, venait également les nourrir.
Ils furent donc recueillis par une louve ...Lupa en latin... mot qui voulait dire aussi... prostituée...
Donc vous avez le choix entre l'interprétation poétique, propre aux contes, d'une vraie louve et celle, prosaïque et terre à terre, d'une prostituée...
Le texte latin s'amuse sans doute de ce mot ( Lupa) qui était à double sens, certainement volontairement.
D'ailleurs le mot latin Lupa (louve/ prostituée) a donné en français le mot "Lupanar" (maison de prostitution)
Vestige antique d'un des très nombreux lupanars de la ville de Pompéi...
En effet, les prostituées attiraient parfois le client en poussant de petits cris de louve, d'où sans doute leur surnom de "lupa"
Donc les deux interprétations de "lupa" sont possibles dans la légende de Romulus et Rémus, mais les Romains ont évidemment privilégié dans leur représentation celle d'une vraie louve, ce qui donne un côté merveilleux plus extraordinaire à la légende de l'origine de Rome.
La Lupa les recueillit dans une petite grotte qui lui servait de tanière, à côté du figuier ruminal, et que les Romains appelèrent le Lupercal (mot qui vient aussi de Lupa, c'est-à-dire le repère de la louve).
La grotte du lupercal, que les Romains ont décorée et ornée par la suite en l'identifiant à la grotte de la légende, a été découvert récemment...
Les Romains y organisaient annuellement (le 15 février), autour du lupercal, une grande cérémonie un peu curieuse appelée "fête des lupercales" ou "Lupercalia".
Durant les lupercales, des prêtres sacrifiaient, en l'honneur du dieu Pan, un chien et un bouc dans la grotte du lupercal, accompagné de deux garçons vêtus d'un pagne en peau de bouc... Ceux-ci devaient alors rire aux éclats et prendre des lanières ensanglantés faites avec la peau du bouc sacrifié afin d'en faire des fouet...
et avec ces lanières ensanglantées, ils devaient courir dans toutes la ville et en frapper les femmes désireuse d'avoir des enfants...
car ce rite était censé leur permettre de devenir féconde..
(Certains voient en cette fête de la fécondité, célébrée un 15 février, une des origines de l'actuelle St Valentin, fêtée le 14 février)
Retour à la légende, Romulus et Rémus survécurent ainsi, allaités grâce à l'aide providentielle de la "Louve romaine"...
Plus tard, un berger, du nom de Faustulus, les découvrit dans le lupercal, près du "ficus ruminalis" ...
et les conduisit à sa femme Acca larentia, qui était sans doute prostituée (l'autre sens du mot "louve" en latin).Le dieu Tibre allongé, protecteur de Romulus et Rémus, tenant une corne d'abondance ... Ce genre de légende mêlant humain et divin servait à légitimer la suprématie du peuple romain, dont l'histoire et la destinée sont liés aux dieux. Devenus grands, ils furent attaqués par des brigands, durant la fête des lupercales ... Les brigands les conduisirent devant leur chef, qui était en fait ... leur grand père Numitor Oui, l'ancien roi déchu et chassé du trône par son propre frère ...
En les interrogeant, Numitor devina qui ils étaient. Les jumeaux, découvrant leur véritable origine, chassèrent l'usurpateur Amulius du pouvoir, et rétablirent Numitor sur le trône légitime d'Albe la longue.
Romulus et Rémus décidèrent alors de fonder une nouvelle ville, bien à eux, et choisirent l'endroit où ils avaient été recueillis par la louve, près du mont Palatin, sur les bord du Tibre. Oui mais ... lequel des deux serait roi ? L'aîné aurait dû recevoir l'autorité légitime, du fait de ce qu'on appelait le "droit d'aînesse", mais ... ils étaient jumeaux !
Ils s'en remirent donc à la décision des dieux. Pour cela, ils consultèrent les augures (pratique divinatoire pour connaître la volonté des dieux.
Ils choisirent de recourir aux auspices, une forme d'augure consistant à "contempler" le vol des oiseaux dans un "templum", un carré du ciel symbolique) afin de demander aux dieux de les départager.
Rémus vit le premier six vautours !!! Romulus en vit seulement bien après son frère ... mais douze.
Chacun de son côté s'estima choisi par les dieux, ce qui fit naître une querelle entre eux et entre leurs partisans.
Romulus commença à tracer le sillon qui délimiterait l'enceinte magique de sa "Ville" (village de cabanes serait un mot plus approprié), appelée de son nom "Roma", en traçant le premier pomérium (enceinte sacrée) symbolique de la future cité sur le mont Palatin, colline d'où il a consulté les augures et au pied de laquelle se trouve le Lupercal.
"REX, regis" veut d'ailleurs dire étymologiquement : "celui qui trace un trait droit", "qui dirige", puis qui "dicte des règles, une direction". Dans l'enceinte du pomérium, rien de ce qui est lié à la mort ne doit pénétrer. Les morts sont incinérés ou inhumés à l'extérieur, les soldats n'y pénètrent pas en arme, etc.
Romulus tuera son frère jumeau qui bravait son autorité et le provoquait en franchissant le sillon sacré du pomérium, ce qui constituait en plus un sacrilège.
« Qu'ainsi périsse désormais quiconque essayera de franchir de force mes remparts ! »
Les fondations de Rome seront faites dans ce sang provenant d'un fratricide originel, symbole des nombreuses futures guerres civiles fratricides entre romains ?
(C'est un peu comme avec les fils d'Adam et Eve au début de la bible, avec le meurtre fratricide originel de Caïn tuant son frère Abel)
La légende situe la fondation de Rome à ce qui correspond pour nous à l'an - 753 av. Jésus Christ.
Cette date est importante, car elle est le point de départ du calendrier romain qui datait "ab Urbe condita", "depuis la fondation de la Ville".
Quand un Romain parle de "la Ville", sans autre précision, c'est qu'il s'agit évidemment de La Ville par excellence, ROME, la ville éternelle, la cité aux sept collines, le coeur du monde civilisé ...
Cette première enceinte de Rome, encore petite, sera appelée "Roma quadrata" (la Rome carrée), à l'image des futurs camps fortifiés romains.
Les villes romaines sont toujours construites avec deux grands axes principaux, le décumanus (suivant l'axe du soleil, est-ouest) et le cardo (perpendiculaire, axe nord-sud)
Ensuite la ville est quadrillée de rues secondaires. Au fil des siècles, l'enceinte de Rome sera repoussée, et le pomérium régulièrement agrandi.
Exemples de decumanus/cardo d'autres villes romaines
Avec le temps, bien des villes se sont développées en dehors des murailles du pomérium. On peut parler ainsi de Rome intra muros (à l'intérieur des murs) et Rome extra muros (hors du coeur de la ville).
Aujourd'hui, on emploie cette expression pour parler du centre d'une ville ou de sa périphérie.
Ex : Habites-tu Bordeaux intra muros ou extra muros ?
Qui aurait parié au début que ce modeste village insignifiant et "paumé" (composé uniquement de bergers, d'esclaves en fuite et de brigands à qui Romulus donna asile pour augmenter la population) deviendrait durant des siècles le centre du monde et d'une des plus grandes civilisations de l'histoire ?
Cependant ce village avait des atouts.
Il était en plein coeur de l'Italie, véritable carrefour économique et stratégique, situé juste au bord du Tibre pour les échanges commerciaux, tout en étant proche de la mer, mais pas sur la côté, ce qui lui évite les pillages et les débarquements ennemis. Les "sept collines" lui servaient au début de position défensive, tout en évitant les crues du fleuves et les marécages qui se trouvaient alors dans la partie basse.
On a retrouvé les vestiges de ces toutes premières habitations rudimentaires sur le palatin.
Des urnes funéraires anciennes représentaient ces premières habitations.
Peupler Rome : épisode de l'enlèvement des Sabines.
La population de la Rome naissante étant composée majoritairement d'esclaves en fuite et de hors la loi, car Romulus leur accordait le droit d'asile (c'est-à-dire qu'il donnait sa protection à ceux qui le rejoignaient), la colline du Capitole servant alors de citadelle.
Romulus chercha à s'allier aux villages voisins pour contracter des mariages ... Tous refusèrent, en regardant les Romains avec comme des gens insignifiants et méprisables.
Romulus décida alors de recourir à la ruse pour procurer des épouses à son peuple. Il organisa des jeux et invita les Sabins et leur roi Tatius sabinus. Ceux-ci vinrent surtout par curiosité, afin de voir cette nouvelle cité.
Et là, les Romains kidnappent les filles des Sabins !
Tatius déclare la guerre aux Romains, et il revient avec des troupes pour les récupérer.
Mais la citadelle du capitole est imprenable, et le temps passe.
Or, les Sabins rencontrèrent une jeune Romaine, vestale, nommée Tarpéïa, et qui était couverte de bijoux. Se doutant qu'elle était vénale et aimait le luxe, ils lui promirent de lui offrir "tout ce qu'ils avaient au bras gauche", où elle aperçut de grands bracelets d'or, seulement si elle trahissait son peuple en leur ouvrant la porte de la citadelle. Elle fut aussi séduite par le Sabin Titus Tatius, ce qui la décida d'autant plus à trahir son peuple, et son vœu de Vestale.
Elle commis cette trahison en échange des bracelets, et elle leur ouvrit les portes de la citadelle du Capitole ...
Tatius Sabinus la récompensa en lui jetant "ce qu'il avait au poignet", c'est-à-dire. ... son bouclier ! Chaque Sabin lui jeta son bouclier "en récompense", et ceux-ci écrasèrent la traitresse Tarpéia sous leur poids.
Le châtiment de Tarpéia est devenu le symbole de ce qui arrivent à ceux qui trahissent leur patrie.
L'endroit du Capitole où elle fut tuée sera ainsi appelée la roche tarpéïenne ...
jusqu'à la fin de la république , on jetait les traîtres à la patrie de ce rocher haut de 30 mètres. Un célèbre adage dit : "la roche tarpéïenne n'est pas loin du Capitole", le capitole étant l'endroit où finissaient les cortège de triomphe des généraux. Ce proverbe veut dire qu'on peut avoir de grandes fonctions, être acclamés, et un jour tomber de sa position élevée si on trahit les attente de l'Etat : la chute (et le déshonneur) n'est jamais loin de la gloire. Lorsque les Sabins menés par Titus Tatius prennent d'assaut la citadelle du Capitole, les Sabines s'interposent pour empêcher leurs pères Sabins et leurs maris Romains de s'entretuer ... et parmi elles, Hersilie, la femme sabine de Romulus !
Les femmes exhibent leurs enfants, traits d'union entre les deux peuples. Grâce aux femmes, la guerre cessa. Les deux petits peuples firent alliance et fusionnèrent.
Romulus et le sabin Titus Tatius régnèrent alors conjointement. Quelques années plus tard, le roi sabin périt assassiné, et certains suspectèrent quand même un peu Romulus d'avoir commandité le meurtre.
Plus tard, après 37 ans de règne, Romulus disparut aussi mystérieusement, sans doute assassiné.
Deux versions de sa disparition ont circulé : des sénateurs auraient tué Romulus durant une cérémonie, sans doute en raison de son pouvoir sans cesse grandissant.
Le peuple étant furieux contre les sénateurs, l'un d'entre eux expliqua que Romulus avait été emporté vivant dans un orage, dans une une apothéose divine l'élevant au rang des dieux !
Romulus divinisé fut adoré sous le nom de Quirinus (du nom de Cure, ville d'origine des Sabins).
Les Romains se firent d'ailleurs ensuite appelés aussi les Quirites, suite à leur fusion avec le peuple sabin. Une des collines de Rome prendra aussi le nom de "mont Quirinal".
Les Romains croyaient-ils vraiment à ces récits où certaines réalités historiques se mêlaient à des légendes évidentes ?
« Quant aux récits relatifs à la fondation de Rome ou antérieurs à sa fondation, je ne cherche ni à les donner pour vrais ni à les démentir : leur agrément doit plus à l'imagination des poètes qu'au sérieux de l'information. On accepte que les Anciens mêlent les dieux aux affaires humaines pour donner plus de majesté à leur ville [...] Toutefois quelle que soit l'attention ou la valeur qu'on accorde à ces récits et à d'autres semblables, je ne leur accorderai pas beaucoup d'importance. J'aimerais au contraire que l'intérêt se concentre sur le climat social et moral, sur les individus, sur les moyens civils et militaires qui ont permis et développé la puissance romaine. »
— Tite-Live, Histoire romaine, Préface du Livre I8.
Ainsi, le premier roi Romulus, né du dieu guerrier Mars, deviendra lui-même un dieu, ce qui rendra bien plus glorieuses et plus nobles les histoires liées aux origines de Rome. D'autant qu'il est aussi un descendant d'Enée ... lui-même fils de la déesse Vénus.
Autant dire que Rome serait favorisée des dieux qui lui promirent un destin illustre, d'être à leurs yeux la "nouvelle Troie".
Maintenant que Romulus a disparu, le trône est vacant. Il fallait assurer à présent la succession du premier roi de la Rome primitive. En effet, la fonction de Rex (roi) n'était alors pas héréditaire. Le nouveau roi serait donc nommé par le sénat.
On appela par la suite "patres" (les "pères de la cité", ancêtres des Patriciens) les cent premiers sénateurs désignés par Romulus.
Ils formèrent l'aristocratie romaine, noblesse héritée ensuite de père en fils, et dont étaient exclus tous les autres (ceux-ci formeraient la plèbe, la masse du peuple, sans noblesse, qu'ils soient pauvres ou riches)
La société étaient donc divisée en trois grands groupes :
-Les patriciens (caste des nobles pouvant faire valoir dans leur généalogie un ancêtre s'étant illustré au début de Rome)
- Les plébéïens ( les gens de la plèbe, non patriciens)
- Les esclaves ( sans droits, souvent considérés comme des objets ou des sortes d'animaux utiles dotés de parole)
Femmes et enfants ne sont pas considérés comme citoyens. La notion d'égalité est totalement étrangère à la société romaine (mais aussi grecque, égyptienne, juive, etc.)Et le sénat décida d'élire ... ---------------------------------------------------------------- II ) Numa Pompilius, le roi prêtre.Son nom est formé du grec "pompa", désignant un habit sacerdotal (mot français : en grande pompe, pompeux)
Roi pieux, religieux et pacifique d'origine sabine, gendre du roi Sabin Tatius. Numa Pompilius fut élu roi par le sénat. Il hésita vraiment avant d'accepter cet honneur.
La légende raconte qu'il avait pour conseillère la nymphe Egérie
une petite divinité de la nature, qu'il retrouvait dans les bois, près d'une source.
Elle l'aida à définir des lois, à donner une direction sage à sa politique ...
On appelle aujourd'hui une égérie une femme qui est de bon conseil ou qui inspire un artiste
Numa Pompilius et la nymphe Egérie
La fonction de Roi est donc encore lié au sacré, au divin.
Il voulut prendre des distance avec la guerre, car une nation a aussi besoin de la paix et de traditions pour se construire.
Il fait construire le temple de Vesta, de forme circulaire, évoquant un peu les cabanes primitives construites autour du foyer, ou l'univers circulaire autour du soleil ...
Le culte de Vesta figure donc parmi les cultes les plus anciens de la Rome antique.
Le temple de Vesta contenait aussi le palladium, une statue de Minerve tenant arme et bouclier, qu'Enée aurait apporté avec lui en s'enfuyant de la ville de Troie en flammes ...
Rome est donc la "nouvelle Troie" de la prophétie, et la cité durerait aussi longtemps que le feu sacré brûlerait dans le temple et que le palladium y resterait protégé ...
Le temple de Vesta conservait donc les dieux pénates d'Enée, devenus les dieux lares protecteurs de Rome ...
Représentation de Vesta, tenant le palladium
Il fit aussi construire la maison des Vestales, sorte de couvent pour les prêtresses vierges de Vesta, juste à côté du temple de la déesse.
Elles étaient toutes d'origine illustres et choisies dès leur enfance pour s'assurer de leur virginité. Elles avaient de grands privilèges honorifiques ...
comme les meilleures places aux spectacles, le privilège de se promener en char sur le forum (qui était piéton), d'être escorté de licteurs comme les plus hauts membres du sénat, le droit de pouvoir gracier un condamné à mort ...
En revanche, les rares qui manquèrent à leurs devoirs furent emmurées vivantes dans le cimetière des impies, avec de la nourriture pour prolonger leur agonie.
Numa fit édifier également le temple de Janus, le dieu à deux têtes, une dirigée vers le passé, une vers l'avenir. C'est aussi le dieu des portes, des passages ...
La particularité de son temple était d'avoir les portes ouvertes en temps de guerre, et fermées en temps de paix ...
Autant dire qu'au cours de l'histoire romaine, en dehors du règne de Numa, les portes du temple de Janus furent rarement fermées !
(L'empereur Auguste sécurisera l'empire par la force militaire, établit la "Pax romana" et fit fermer quelque temps les portes du temple de Janus)
Numa Pompilius institua les collèges sacerdotaux de différents dieux, avec des pontifes ( collège de prêtres chargés des questions religieuses, de définir les jours fastes et néfastes, de faire respecter les rites, etc.) sous la conduite du Pontifex maximus (le souverain pontife)
et des flamines (prêtre voué au culte d'un dieu particulier) Les flamines sont souvent chargés des sacrifices aussi. Ils sont reconnaissables à une coiffe spéciale surmonté d'un petit bâton conique)
ainsi que les augures chargés de lire les auspices, l'avenir dans le vol des oiseaux (selon leur nombre, direction, etc., la gauche "sinister", étant plutôt de mauvais augure)
Les augures cherchaient aussi des présages dans l'appétit des oies ou des poulets sacrés ...
D'où l'expression à propos d'un signe qui peut "être de bon ou de mauvais augure" /"être sous les meilleurs auspices"
En prêtre faisant des augures, il y avait aussi les aruspices/ haruspices qui interprétaient les signes des dieux en lisant dans les entrailles des animaux sacrifiés.
Le règne du pieux et sage Numa Pompilius fut un règne paisible.
Dernière édition par Titeuf le Dim 30 Jan - 19:03, édité 15 fois |
| | | Tigresse
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| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Mar 23 Nov - 10:20 | | |
| III) Tullus Hostilius, le roi guerrier.
D'origine romaine, Tullus Hostilius est le troisième roi de Rome
Il succéda au roi Sabin Numa Pompilius. Son cognomen de Hostilius, hérité d'un ancêtre, veut dire Hostile, en rapport avec le côté belliqueux : il était en effet le petit-fils d'Hostilius, un romain qui se révéla lors de la guerre contre les Sabins. Il était encore plus belliqueux que Romulus, d'où ce cognomen. Et son petit fils hérita de ce cognomen héréditaire ... et se montra à la hauteur de ce surnom familial, avec son propre état d'esprit hostile et belliqueux, bien différent de celui de Numa Pompilius.
Autant dire que les portes du temple de Janus restèrent ouvertes sous son règne guerrier.
Il rêvait d'extension de Rome. Et il chercha un prétexte pour s'emparer de la ville d'Albe.
Le hasard voulut que des paysans romains se livrèrent au pillage en territoire albain et que des Albains ripostèrent en terre romaine. Ainsi Tullus Hostilius trouva un prétexte en or pour ouvrir les hostilités contre Albe.
La guerre de Rome contre Albe ... et le célèbre épisode des Horaces et des Curiaces
Chaque ville désigna trois champions qui se battront en combat singulier pour décider qui devra l'emporter. On désigna dans chaque camp des triplés, les trois frères Horaces pour représenter Rome et les trois frères Curiaces pour Albe. Or, les soeurs des frères Horace étaient promises en mariage à un des frères Curiace.
Elles étaient donc déchirées par un combat dans lequel elle perdrait soit leur fiancé, soit leurs frères.
Les Horace prêtent serment de vaincre ou de mourir au combat.
Lors du combat, deux Horaces sont rapidement tués ...
et le dernier doit donc affronter seul les trois Curiaces; mêlant la ruse et l'audace, en faisant d'abord semblant de fuir pour éviter de les affronter ensemble puis en les attaquant séparément : il va ainsi les tuer un par un et remporter le combat !
Le frère Horace survivant rentre à Rome en triomphe !
La foule est en liesse !
Mais sa sœur Camille reconnait le corps de son amant et l'habit qu'elle lui avait fait. Déchirant ses habits et s'arrachant les cheveux, elle redemande le corps de son fiancé et l'appelle au milieu de la foule d'une voix étouffée par les sanglots. Indigné de voir sa sœur ne pas se réjouir de sa victoire, et troubler la joie de son triomphe, Horace tire son épée, et transperce sa sœur en l'accablant d'imprécations :
" Va, avec ton fol amour, rejoindre ton fiancé, toi qui oublies et tes frères morts, et celui qui te reste, et ta patrie. Périsse ainsi toute Romaine qui osera pleurer la mort d'un ennemi. "
Il est acquitté de ce meurtre en raison de son patriotisme et de la victoire donnée à Rome, mais il doit se plier à un rite de purification.
Cet épisode exalte l'idée du patriotisme romain, qui est placé au-dessus des sentiments, de l'intérêt personnel et familial.
Rome commençait à devenir une ville cosmopolite (qui regroupe plusieurs peuples regroupé dans la ville)
Maintenant Rome fusionne déjà les Sabins, les Albains, les latins (habitants du Latium) et bien entendu les Romains.
Pour un sacrifice non accompli selon les rites, on dit que Tullus est mort foudroyé par Jupiter chez lui.
À sa mort, selon la tradition, le peuple élit comme successeur le Sabin Ancus Marcius (-640 avant J-C).
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IV ) Ancus Marcius, le roi bâtisseur
D'origine sabine, ce quatrième roi fut le gendre de Numa Pompilius. Il restaura les pratiques religieuses souvent négligées sous le règne de Tullus Hostillius.
Mais surtout, il décida de lancer un grand chantier de construction et d'agrandissement de Rome. La "ville" engloba alors aussi le mont Aventin et le mont Janicule.
Il fit construire le pont sublicius pour pouvoir franchir plus facilement le Tibre, favoriser le commerce ainsi que l'extension de la Ville.
En effet, ceux qui voulaient traverser l'Italie étaient presque obligé de passer par Rome pour ne pas contourner tout le Tibre, car le seul pont construit alors était à Rome, qui devint une étape obligée et une plaque tournante du commerce en Italie.
Mais il fonda également à une vingtaine de kilomètres la ville d'Ostie, à l'embouchure du Tibre, qui deviendra la port de Rome.
Rome put importer et exporter des richesses à travers toute la méditerranée, ce qui développa le commerce et la puissance économique de Rome. Evidemment, ce port devait en mettre plein la vue à ceux qui venaient d'ailleurs, pour leur montrer la grandeur et la majesté de Rome. La statue géante d'un colosse les accueillait, ainsi qu'un gigantesque phare, d'immenses entrepôts et des bâtiments de marbres. Ce port était donc "la porte" de Rome, situé à 20 kilomètres, assez proche pour y conduire rapidement les marchandises et assez éloigné pour éviter tout débarquement et toute attaque directe par la mer. https://www.youtube.com/watch?v=JOZ382-AvDk
Dernière édition par Tigresse le Jeu 10 Fév - 13:18, édité 8 fois |
| | | -Obélix-
Nombre de messages : 602
| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Mer 24 Nov - 16:07 | | |
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V) Tarquin l'Ancien, le 5ème roi de Rome : l'essor de l'urbanisme
Il sera le premier roi de Rome à être d'origine étrusque : ils alternaient jusqu'alors entre roi sabin/roi romain.
L'Etrurie est une région au nord du Latium. Les Étrusques avait une culture, des arts, un artisanat et une civilisation avancée et raffinée.
En Etrurie, dans la ville de Tarquinia, son nom était Lucumon et il était marié à Tanaquil
Tanaquil était douée dans l'art de lire les augures et les signes des dieux.
Un jour, Tanaquil vit dans un augure le signe que Lucumon allait devenir roi s'ils partaient s'installer à Rome, ils décidèrent donc de s'y rendre.
Pour "romaniser" son nom, il choisit de s'appeler Lucius Tarquinius ( > celui qui vient de Tarquinia)
Plus tard, on lui ajoutera un cognomen : Lucius Tarquinius Priscus, c'est-à-dire Lucius Tarquin l'Ancien, pour le différencier plus tard d'un autre Tarquin de sa lignée.
Il s'installe à Rome sous le règne d'Ancus Marcius et réussit à se faire une place dans la jeune ville grâce à son art du discours, sa culture, son sens de la politique ... et certainement aussi en raison de son argent.
Il chercha à s'attirer les bonnes grâce du roi en lui rendant plusieurs services ...
Lorsqu'Ancius Marcius mourut, il devint même tuteur des enfants du défunt roi. Tarquin l'ancien fut le premier à se lancer dans la campagne électorale et séduisit la plèbe par ses discours.
Il fut élu à une écrasante majorité, et le sénat ratifia la décision, bien qu'Ancius eut laissé deux fils, écartés du pouvoir par Tarquin.
Une fois roi, il nomme aussitôt cent nouveaux sénateurs puis il distribue même des terrains autour du forum. (quelle générosité ! )
Pendant son règne, il assainit les bas des "sept collines" qui était couvert d'eau croupie, de marais insalubres, propices à la malaria ...
Pour cela, il fit construire un ingénieux système d'égout, la Cloaca Maxima (le grand égout) ...
qui permit d'assainir le bas des collines et d'évacuer toutes ces eaux stagnantes dans le Tibre ...
Cette grande avancée technique permit aussi l'extension de la ville et la construction de nouveaux quartiers ....
Et même du futur forum de la cité, situé un peu dans une "cuvette", au pied du Capitole et du Palatin !
Car il fit commencer, dans cette plaine enfin asséchée, la création d'un lieu pour le marché, les échanges commerciaux, les édifices publiques, les temples, une grande place qui s'appelerait "forum", du latin "foris" qui veut dire ... à l'extérieur (de la ville) !
En effet, le plus ancien forum fut construit à l'origine à l'extérieur du premier pomérium, donc "hors" de Rome, avant de devenir peu à peu le vrai centre de la ville lorsque celle-ci s'étendit encore et encore ...
Il fit aussi construire sur un flanc du palatin le célèbre Circus maximus (ou grand cirque) pour les courses de chars ...
à l'endroit où la légende situait l'épisode de l'enlèvement des sabines.
Il fit ériger aussi sur le capitole le grand temple de Iuppiter optimus maximus ( Jupiter très bon et très grand) ... Ce temple gigantesque ne sera achevé que bien plus tard, sous le règne de son fils.
Longtemps, avant la construction d'une curie sur le forum, les assemblées du sénat se tenaient là, devant cet endroit sacré.
Ce temple était appelé aussi temple de la triade capitoline car on y adorait trois dieux : Jupiter, Junon, Minerve.
Durant son règne, Rome s'enrichit donc de l'apport de la culture étrusque, de certains cultes, coutumes ...
Il poursuit la guerre contre quelques villes sabines non alliées de Rome, et annexa l’Étrurie ...
La ville de Rome grandit, s'enrichit d'apports extérieurs et devient peu à peu le fruit d'un vrai mélange de cultures qu'elle absorbe et fait sienne (grecque, étrusque, sabine, etc.) au fur et à mesure de son expansion ...
Mais les fils d'Ancus Marcius, devenus grands, décidèrent de prendre le trône dont ils estimaient avoir été évincés injustement.
Deux bergers, soudoyés par les fils d'Ancus Marcius, l'assassineront en lui fendant la tête d'un coup de hache.
Mais ils ne purent accéder au pouvoir grâce à une ruse de la reine Tanaquil. Elle fit croire au peuple que Tarquin l'ancien n'était que souffrant et elle en profita pour donner d'importants pouvoirs à son gendre, Servius Tullius.
Elle ne rendra la mort du roi officielle qu'après la prise de pouvoir de Servius Tullius, qui exilera les fils d'Ancus Marcius.
C'est donc Servius Tullius, son gendre, qui succède à Tarquin l'ancien, sans aucune consultation populaire..
------------------------------------------------------- VI ) Servius Tullius, le roi Administrateur
Servius Tullius est donc à son tour un roi d'origine étrusque. L'archéologie confirme que Rome a connu une domination étrusque qui a marqué ses institutions, son organisation politique et administrative, etc.
Pour éviter un coup d'état des enfants de Tarquin l'ancien, susceptibles de réclamer le trône, il donnera en mariage ses deux filles aux deux fils de Tarquin, afin d'unir leur famille.
Celui-ci mena des campagnes militaires contre certaines villes étrusques et les mit sous le contrôle de Rome. La ville s'étendant, il agrandit donc le pomérium et fit bâtir une enceinte de pierre, appelée de son nom, la muraille Servienne.
Certains habitaient à Rome intra muros (dans le périmètre de l'enceinte) et d'autres dans Rome extra muros (à l'extérieur des murs)
Il fit aussi agrandir une prison creusée dans le flanc du Capitole, et qui sera appelée aussi de son nom : le Tullianum (< Servius Tullius)
C'est la plus ancienne et la plus célèbre prison de Rome. Parmi ses prisonniers célèbres : Vercingétorix, sans doute les apôtres Pierre et Paul ...
Cette prison a été utilisée durant des siècles, et elle fut aussi appelée la "prison mamertine" à partir du moyen-âge où elle était toujours utilisée ...
Le Tullianum se trouvait au bout du forum, creusée dans la roche du Capitole, au pied de l'escalier des gémonies (escalier des gémissements"), où on exposait parfois pour l'exemple le cadavre des suppliciés dont on voulait flétrir l'honneur en les livrant à la honte publique ... avant de jeter leur corps, sans sépulture, dans le Tibre. D'où l'expression "vouer (quelqu'un) aux gémonies", c'est-à-dire livrer quelqu'un à une honte publique, livrer quelqu'un au mépris du public, des médias, etc.
Servius transforma aussi la constitution romaine de façon radicale en établissant une hiérarchie dans la population en fonction de sa ... fortune.
Il sépara la population en 5 classes, comprenant elles-mêmes plusieurs centuries, hiérarchisées selon le cens (somme d'argent)
Il nomma deux censeurs, magistrats chargés de faire cette répartition régulièrement en fonction du cens.
Ce recensement régulier des Romains, qui servait à établir les impôts et à savoir dans quelle centurie mettre chaque citoyen, fut rendu obligatoire sous peine de sévères sanctions, voire de mort.
Comme la monnaie n'était pas encore vraiment un moyen d'échange (les Romains n'en fabriquaient pas encore), on prenait en compte les têtes de bétail, ce qui explique que, plus tard, ils appelleront l'argent pecunia (< pecus, le bétail), nouveau moyen d'échange remplaçant les troupeaux.
Il créa 5 centuries, groupe de citoyens répartis en fonction de leur fortune.
La centurie la plus riche était dans la classe équestre, car en mesure de se payer un cheval et de quoi s'en occuper, même hors temps de guerre.
Les centuries moins riches étaient réparties entre fantassins, joueurs d'instruments militaires, etc.
Les plus pauvres étaient alors exemptés d'être dans l'armée, puisqu'on estimait .... qu'il n'avait rien à protéger en fait. Comme les esclaves, les vieillards et les enfants.
(Plus tard, cette organisation militaire sur la fortune cessera car de très bons soldats se retrouvaient simples joueurs de musique militaire, juste parce qu'ils n'étaient pas très riches, et d'autres étaient à des postes stratégiques alors qu'ils n'étaient pas doués pour ça
Plus tard sera constituée une vraie armée de métier, permanente, et rémunérée (ce qui n'était donc pas le cas au début de l'histoire romaine).
Pour l'anecdote, le sel était alors une denrée rare et précieuse. L'Etat versait alors aux soldats une indemnité pour le sel dont ils avaient besoin. Cette indemnité pour le sel s'appelait salarium. Plus tard le mot finira par désigner toute rétribution financière en échange d'un travail, lorsque l'armée romaine deviendra une armée de métier, d'où notre mot salaire, qui vient du mot sel.
Cette répartition des citoyens avait un impact considérable sur les élections.
En effet, les centuries les plus riches avaient plus de poids dans les élections, le vote de chaque citoyen n'ayant pas la même valeur.
En effet, lors des comices (réunion du peuple pour voter) on commençait à voter de la centurie la plus riche ... à la moins riche ...
Mais comme il suffisait seulement d'obtenir la majorité des voix pour qu'une décision soit prise, les deux premières centuries (qui avaient plus de poids) suffisaient souvent pour l'obtenir.
Ainsi, les autres centuries moins riches n'étaient pour ainsi dire ... presque jamais consultées.
Le pouvoir du vote allait désormais uniquement aux plus riches !
On se rendait au forum au comitium, la place des comices où se réunissent les centuries pour voter ...
- Spoiler:
On distingue deux principales sortes de réunion du peuple pour voter : - les comices centuriates (on vote selon sa centurie, son rang dans l'armée et sa fortune). Le vote a lieu au champ de Mars, et concerne les affaire d'importance liées aux déclarations de guerre, aux traités, à l'élection des plus hauts magistrats ( les consuls, les censeurs, les préteurs s'occupant de la justice. - les comices tributes, où les gens votent en fonction de leur 'tribu' géographique ou 'quartiers', 4 tribus 'urbaines' (intra muros) et de 10 à 30 tribus 'rustiques' (extra muros). Ces comices votent des lois mais se réunissent aussi pour désigner les magistrats inférieurs (les édiles (sorte de "maires"), les questeurs chargés des finances ... Le vote des comices tributes selon son domicile semble a priori plus juste ... et pourtant, il est faussé là aussi au profit des riches. En effet, le peuple de Rome dans son ensemble ne disposait que du vote de 4 tribus, alors que dans Rome la population était immense par rapport à la campagne. Or, les riches disposaient de villas à la campagne, d'exploitations agricoles, et ils pouvaient se déplacer pour voter dans les tribus rustiques ... Les affranchis (esclaves libérés) sont mis d'office dans une des 4 tribus urbaines, même s'ils vivent à la campagne. ce qui fait qu'une seule tribu rustique, même composée d'une poignée de riches propriétaires terriens, avait autant de poids qu'une tribu de Rome, même si cette tribu était composée de millions de membres. Et comme le poids des tribus rustiques oscille de 10 à 30, autant dire que leurs votes écrasent complètement celle des 4 tribus urbaines, aussi nombreuses soient-elles. Sans compter aussi que les plus fortunés aidaient souvent les nécessiteux qui viennent demander à manger chaque jour : ces derniers sont appelés "clients", et doivent en retour aider leur bienfaiteur et "père" (appelé patron) et bien sûr voter pour celui qu'il leur demande de voter ( Au tout début, à Rome, les votes n'étaient pas secrets, mais publics)
Les réformes de Servius Tullius ont donc profondément modifié la société romaine, sa hiérarchie, son fonctionnement durant des siècles. Evidemment, peu à peu, le peuple réclamera davantage de droits et des modifications seront apportés par la suite ...
Se rendant compte que certains n'aimaient pas les réformes de Servius Tullius, un fils de Tarquin, écarté du trône, et qui était très orgueilleux, commençait à vouloir préparer un coup d'Etat pour récupérer le trône qu'il estimait être le sien.
On appelait Ubris tout orgueil démesuré. Et ce jeune Tarquin était rempli d'Ubris ...
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il aura comme cognomen "superbus", Tarquin le superbe, qui veut dire en réalité ... Tarquin l'orgueilleux.
Tullia, une des filles de Servius Tullius, tomba amoureuse de lui. Il était son beau frère mais bon ... tous deux devinrent - très curieusement ? - veufs
Mais Servius Tullius s'opposa à leur union.
Tullia, pleine de furor (d'une fureur démente, presque surnaturelle), incita alors le fils de Tarquin à chasser son père et devenir reine à ses côtés.
Lorsque Servius Tullius parut, il fut poursuivi et assassiné par des hommes ralliés à la cause de Tarquin, laissant son corps gisant dans la rue ...
Survient alors sa fille Tullia, arrivant sur son char ...
Elle vit le corps de son père étendu.
Prise de Furor, elle fit passer froidement son char sur le corps de son père
et fut éclaboussée de son sang ...
Puis elle se rendit auprès de son amant Tarquin le superbe pour devenir reine à ses côtés ...
Qui se ressemble s'assemble ?
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| | | Dark Vador
Nombre de messages : 160
| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Mar 17 Jan - 15:22 | | |
| 7) Tarquin le superbe, septième et dernier roi de Rome, le roi-tyran Lucius Tarquinius était surnommé "le Superbe" car en plus d'être un tyran il était "orgueilleux". Tarquin le superbe s'est installé sur le trône de Rome grâce à un régicide : en tuant le sixième roi de Rome. De surcroît, il alla jusqu'à interdire de l'enterrer, le privant ainsi des honneurs funèbres. Celui-ci intimide la pauvre plèbe par les armes. Il envoya en exil plusieurs sénateurs. Pourquoi garderait-il des sénateurs qui ne sont pas de son côté ? Il put ainsi par la même occasion s'emparer de leurs biens. Il n'interrogeait plus le sénat, et ne le maintenait pas au complet, il prononçait les sentences capitales et les confiscations sans l'aval des sénateurs, il accaparait les grains en quantités énormes, il imposait à tous le service de guerre et les corvées d'une façon excessive. Il acheva sur la colline du Capitole un temple dédié à la triade capitoline (Junon, Minerve, mais surtout Jupiter), en particulier à "Jupiter Optimus Maximus", temple dont la construction avait commencé sous Tarquin l'ancien. Le terrible Tarquin menait sa tyrannie sans se soucier des médisances du peuple. Il ne craignait guère de se faire occire car son armée impitoyable était omniprésente. Il imposa donc un régime de terreur. "Il y aura non seulement des armes dans les camps, mais aussi sur le forum et dans les temples." Un jour, il reçut la visite de l'étrange Sibylle de Cumes. la Sibylle est une prêtresse d'Apollon qui aurait le don de divination et de prophétise. Comme la Pythie de Delphes, elle le faisait dans un langage énigmatique permettant de nombreuses interprétations, ce qui les mettait à l'abri de toute contestation ultérieure. On raconte qu'Apollon avait promis de lui accorder ce qu'elle désirait en échange de ses faveurs. Elle lui demanda de vivre aussi longtemps que les grains de sable qu'elle avait dans sa main. Il lui accorda, mais elle se dédie de sa promesse de s'offrir à lui. Alors, comme elle avait oublié de demander la jeunesse éternelle, la vengeance d’Apollon pour son refus fut qu'elle vécut sous les traits d'une très vieille femme. Elle rendait les prophéties dans cet antre, à Cumes, près de Naples. « C'est là, sous sa roche profonde, la prêtresse inspirée chante les destinées et sur des feuilles d’arbre inscrit des lettres et des mots », là qu’« elle répand l’horreur sacrée de ses oracles ambigus et mugit dans son antre où la vérité s’entoure d’ombre » Ce lieu constitue une étonnante caisse de résonance. Amplifiée et renvoyée par les parois, la fureur prophétique s’entend parfaitement d’une extrémité à l’autre. C'est elle qui fut la guide d'Enée à son arrivée en Italie pour lui faire visiter les enfers et lui montrer l'avenir de son peuple et la création de Rome. La région de Cumes, près du Vésuve, avec le sol fumant de la solfatara et ses lacs, était réputée pour avoir des entrées vers le monde souterrain et le royaume des morts. Cette Sibylle se présenta donc devant Tarquin le superbe, avec neufs livres composés de vers obscurs contenant des oracles sur l'avenir de Rome. Elle en demanda un prix si exorbitant que le roi se moqua d'elle comme d'une vieille femme privée de sa raison. Alors elle plaça devant lui un brasier allumé, brûla trois de ses livres et demanda à Tarquin s'il voulait acheter au même prix les six restants. Le roi rit de plus belle et dit qu'assurément la vieille divaguait. La femme brûla de nouveau trois autres livres, et enfin lui demanda, avec calme, s'il donnerait la même somme des trois derniers. Tarquin redevint plus sérieux et plus attentif : il acheta donc les trois seuls livres restants pour la même somme qui avait été demandée pour l'ensemble. Alors cette Sibylle quitta le roi et ne fut plus vue nulle part. Les trois livres sacrés, renfermés dans le temple de la Triade capitoline, furent appelés "livres sibyllins". Ces livres ne pouvaient être consultés que par ordre du sénat, lors d'événements ou de signes particuliers (guerre, crise politique, adoption de nouveaux cultes, épidémie, comète, tremblement de terre, prodige, etc.) L'ambiguïté de ses vers, si obscurs à interpréter, a donné le qualificatif de «sibyllin» qu'on attribue à des écrits ou des paroles obscures, énigmatiques, mystérieux, aux sous-entendus difficiles à comprendre ou à double sens. 2) Le viol de Lucrèce, fin de la royauté
Le fils de Tarquin le superbe, aussi inique que son père, fut pris de désir, au cours d'un festin, pour la femme de son cousin Tarquin Collatin, une jeune fille prénommée Lucrèce. Sextus trouva le moyen de la trouver seule, sortit une arme et la viola ! La pauvre Lucrèce, morte de honte, se suicida. C'est bien connu, l'honneur avant la vie. Avant d'aller "ad patres", ses ultimes paroles à sa famille furent de les supplier de venger son déshonneur. Ainsi Tarquin Collatin, Publius Agricola et Brutus soulevèrent le peuple contre l'horrible tyran Tarquin le superbe et son fils Sextus Tarquin, dont le crime les avait indignés. Pour le peuple, la coupe était pleine ! Les Romains jurèrent de ne plus jamais avoir de rois à leur tête, et d'instaurer une république. Tarquin le superbe, apprenant la révolte populaire, décida de s'enfuir de Rome ... dans le but de retourner en Etrurie, et de faire alliance avec un roi étrusque pour espérer reprendre le pouvoir à Rome, à la tête d'une armée ! Les Romains jurant de ne plus avoir de rois à leur tête. Ce serment est un des plus importants pour les Romains. La royauté deviendra alors en effet un tabou absolu, ce qui conduira plus tard un autre Brutus (descendant de celui-ci) à tuer un certain Jules César qui s'était mis avec une reine (Cléopâtre) et qui semblait lui-même vouloir rétablir à son compte une forme de royauté. Ce même tabou conduira les Romains à tuer Cléopâtre et Marc Antoine, qui l'avait épousée. Ce même tabou empêchera l'empereur Titus d'épouser Bérénice, la femme qu'il aimait, car elle était princesse. Les Romains dataient parfois les événements "ab urbe condita" (depuis la fondation de Rome), mais parfois aussi "Après l'expulsion des rois", en -509, c'est-à-dire à la création de la république romaine.
Dernière édition par Dark Vador le Mer 1 Fév - 17:15, édité 6 fois |
| | | Mécano
Nombre de messages : 103
| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Mar 17 Jan - 15:27 | | |
| Les héros de la république romaine.
Voici quelques-unes des figures héroïques chères aux Romains, souvent citées comme modèles pour avoir risqué leur vie afin de s'opposer à la dictature et sauver la république naissante :
Brutus, dit Brutus l'ancien (ce cognomen sert à le différencier du futur Brutus, qui sera un de ses descendants, et qui tuera César des siècles plus tard) Brutus, pourtant neveu de Tarquin le superbe, avait fait semblant d'être "idiot" (brutus en latin) pour éviter de subir le même sort que plusieurs riches patriciens tués par Tarquin, et pour pouvoir l'espionner plus facilement, sans éveiller les soupçons. Après la mort de Lucrèce et le serment de renverser la royauté, tous sont stupéfaits de la transformation de celui qu'ils croyaient ... idiot. Tarquin expulsé, les Romains déclarent la royauté abolie et la remplacent par un gouvernement qui soit vraiment entre leurs mains, et non plus aux mains d'un seul. Désormais, deux consuls, élus uniquement parmi les patriciens, partageront le pouvoir ... En outre, pour éviter toute dérive, les consuls n'exerceront le pouvoir qu'une année. Ainsi cela limite les excès de pouvoir, puisqu'ils sont deux, ce qui équilibre les choses, et que leur charge est temporaire. De plus, leurs décisions étaient délibérée ouvertement parmi les sénateurs, qui élisent chaque année parmi eux les nouveaux consuls. Les deux premiers consuls de la république seront donc Brutus et Publius Agricola. Brutus se met alors à la tête des citoyens armés. Le roi Tarquin le Superbe veut marcher sur Rome à la tête d'une armée, avec l'intention de restaurer la royauté. Pour cela, il va chercher des alliés, dont le roi étrusque Porsenna, pour lui permettre de reprendre le pouvoir. A Rome, les préparatifs de défense s'organise. Pourtant, une conspiration de sympathisants royalistes est découverte parmi les fils de certaines familles aristocratiques. Pire, deux fils de Brutus y sont impliqués, et des lettres adressées à Tarquin prouvent leur culpabilité. Brutus fit donc arrêter ses propres fils, traitres à la république naissante. Lors du jugement contre ses deux fils, Brutus fait preuve de "Virtus", cette force d'âme et de cette gravité que les Romains aiment à considérer comme la valeur d'un vrai Romain. Les fils de Brutus suppliant leur père de ne pas les tuer et de leur accorder sa grâce. Mais Brutus, dans sa fonction officielle de consul, prononce la sentence condamnant ses fils et assiste impassible à leur exécution. Les licteurs attachent les jeunes hommes à des poteaux, les flagellent, puis les décapitent. Toutes les têtes sont tournées vers Brutus qui, malgré toute son angoisse, ne fléchit point. Les Romains républicains considéraient leur devoir et la gloire de Rome au-dessus de tout et de leur sentiment personnel (comme dans l'histoire des Horace et des Curiace, avec la mise à mort de Camille). Horatius Cocles
Horatius Cocles se manifesta lors de la guerre qui opposait Le roi Porsenna, roi des étrusques, venu aider Tarquin le superbe à récupérer son trône et à lutter contre la République naissante. C'est à ce moment-là qu'Horatius Cocles fait son entrée.
Alors que l'armée ennemie voulait passer sur le pont sublicius, Horatius Coclès se dressa devant eux pour les empêcher de passer
et il ordonna durant ce temps de faire couper le pont (qui était alors en bois, et le seul moyen de passage).
Quand il ne put résister plus longtemps, Horatius Cocles tomba dans le Tibre ...
mais il réussit à nager et à rejoindre les siens.
Grâce à cet acte de bravoure, il repoussa la première attaque de Porsenna et de Tarquin le superbe contre Rome.
L'état lui dédia une statue le représentant, située sur le Comitium, la place où se dérouleront les votes des élus, en tant que héros et défenseur de la nouvelle république romaine.
Voici une autre représentation de l'exploit d'Horatius Coclès et de la destruction du pont Sublicius pour sauver Rome :
Dernière édition par Mécano le Mar 17 Jan - 15:51, édité 1 fois |
| | | Mamadou
Nombre de messages : 601
| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Mar 17 Jan - 15:27 | | |
| Clélie
Clélie, femme romaine prise en otage par Porsenna, utilise un stratagème pour échapper à la vigilance des gardes en prétextant ne pas vouloir être vue nue en train de se baigner.
Le Tibre, qui était un dieu à leur yeux, est représenté allongé, comme tous les dieux fleuves. Clélie en profite pour traverser le fleuve à la nage, accompagnée d'autres jeunes captives.
On peut également apercevoir tout en bas à gauche le dieu Tibre, allongé. Impressionné par le courage dont a fait preuve Clélie, Porsenna exige qu'on la lui remmène, afin de la libérer lui-même ainsi que d'autres otages de son choix.
Enfin, pour célébrer le courage de la jeune fille, les Romains lui élèvent une statue équestre sur la Voie sacrée (via sacra), privilège rarement accordé à des femmes au sein d'une société qui étaient plutôt misogyne alors, mais elle aurait contribué à sauver la République en montrant la détermination même des femmes romaines à ne plus jamais avoir de rois à leur tête.
Dernière édition par Mamadou le Jeu 26 Jan - 15:59, édité 4 fois |
| | | Athéna
Nombre de messages : 320
| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Mar 17 Jan - 16:08 | | |
| CAIUS MUCIUS SCAEVOLA, le héros libérateur de Rome.
Caius Mucius, un jeune patricien romain, prend une décision importante : mettre fin à la monarchie en tuant Porsenna pour l'empêcher de mettre Tarquin sur le trône de Rome.
Pour arriver à son but, il se rend en secret dans le camp ennemi.
Malheureusement, ne sachant pas à quoi ressemble le roi ... il poignarde son scribe au lieu de Porsenna. (Oups..) Il fut aussitôt arrêté par les gardes.
Amené devant le roi, il prononça ces paroles ... en plongeant sa main dans le feu d'un braséro
"je suis un citoyen de la nouvelle république romaine. Nous sommes déterminés à ne plus avoir de roi. Tue-moi, et un autre se lèvera contre toi, puis un autre, puis encore une autre. Regarde, afin que tu sentes combien nous n'avons pas peur de mourir pour nos idéaux et sommes déterminés."
Ainsi, pour montrer sa détermination, il brûla sa main droite, celle qui avait fait l'erreur ! (Aïe..)Il perdit alors l'usage de sa main droite et reçut pour cette raison le cognomen de Scaevola, ce qui signifie "le gaucher".
Ébranlé par tant de conviction et d'héroïsme, Porsenna libère Mucius sur-le-champ, mais celui-ci lui dit qu'il reste des centaines d'autres jeunes gens prêts à l'assassiner.
Effrayé par une telle détermination, Porsenna le libère et quitte avec son armée le territoire de Rome.
La menace courageuse proférée par Caius Mucius Scaevola a été décisive, Porsenna et Tarquin ont compris que les Romains étaient déterminés à ne plus jamais avoir de rois à leur tête.
C'est ainsi que débuta la République pleinement, laissant derrière elle la Monarchie! -THE END- |
| | | Modo Aidactif
Nombre de messages : 22140
| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Jeu 20 Fév - 17:53 | | |
| Les débuts de la République romaine (509 av JC)La "res publica" (= la chose publique) car gouverner est dorénavant "une chose publique", c'est-à-dire que c'est devenu l'affaire du peuple (du moins, des plus riches), et non plus d'un seul Roi. Au début, le sénat représentait uniquement les patriciens, la noblesse, l'aristocratie ... et il ignorait complètement la plèbe, le "peuple" non noble. Les sénateurs étaient élus de façon -en apparence- démocratique, mais comme seul le vote des plus riches avait un vrai poids, et que les sénateurs eux-mêmes ne pouvaient être élus qu'au sein des patriciens, la plèbe n'était pas représentée, et ses intérêts jamais défendus. La plèbe commençait donc à être déçue et mécontente du nouveau régime, car ils n'y avait pas de loi vraiment écrite et les magistrats interprétaient la loi uniquement à l'avantage des patriciens et des plus riches, la plèbe était méprisée et toujours "perdante". La royauté n'avait fait que céder la place à un régime oligarchique, c'est-à-dire détenu par une minorité, les patriciens, jaloux de leurs privilèges, à tel point qu'ils interdirent même le mariage entre patriciens et plébéiens, afin que chacun reste bien dans son niveau social, bien cloisonné. Le monde romain est donc extrêmement hiérarchisé, très loin d'être égalitaire, et la plèbe devra se battre longtemps pour obtenir davantage d'égalité des droits. La plèbe exigea et finit par obtenir que des lois claires soient rédigées. Le sénat nomma pour cela des decemvirs, 1o patriciens chargés de rédiger des lois, et qui eurent tous les pouvoirs durant cette période. La "loi des 12 tables" fut le premier textes de loi romaine écrit par ces decemvirs, issus de la noblesse et jaloux de préserver leurs privilège sur la plèbe. Ces lois furent gravées sur 12 plaques de cuivre, exposées sur le forum : En voici quelques extraits : - Le mariage entre plébéiens et patriciens est prohibé.
- Une fois la dette reconnue, le débiteur a 30 jours pour payer. À défaut d'arrangement, le débiteur est enchaîné soixante jours. Puis pendant trois jours de marchés, qu'on le conduise au comice et qu'on lui rappelle chaque fois à haute voix le montant de sa condamnation. Au troisième jour, qu'on le vende comme esclave à l'étranger ou qu'on coupe le débiteur en morceaux. Si les créanciers en prennent plus qu'il leur est dû, que cela se fasse en toute impunité.
- Les femmes, même majeures, restent en tutelle, à l'exception des Vestales.
- Si quelqu'un casse les os d'un autre, que la peine soit de 300 sesterces, si c'est un esclave, s'il a fait un simple mal, vingt-cinq.
- L'homme mort, qu'on ne l'ensevelisse ni ne le brûle dans l'enceinte du pomérium.
Ces decemvirs eurent finalement ... autant de pouvoir que les rois qui avaient été chassés de Rome et cela causera aussi leur chute. Dans un épisode (qui n'est pas sans rappeler le viol de Lucrèce par un des Tarquin), un decemvir s'éprit de Virginia, une jeune plébéienne ... Ce decemvir, étant omnipotent (ayant tous les pouvoirs), fit décréter arbitrairement, et par "décision de justice", que Virginia n'était pas la fille de son père, mais en fait ... une simple esclave. Et il voulut donc s'emparer d'elle, malgré l'indignation de la plèbe. Le pauvre père, impuissant, se résout alors à poignarder sa propre fille pour lui éviter l'opprobre (honte, déshonneur) du viol, puisqu'il savait dans quel but il voulait en faire son esclave. Les esclaves étaient des objets sans aucun droit et servaient d'objets sexuels si c'était le souhait de leur maitre. Le droit de coucher avec ses esclaves était appelé dans la loi le "droit de cuissage". Suite à l'indignation de la plèbe, les decemvris durent quitter Rome à la demande du sénat. Mais les inégalités entre patriciens et plébéïens vont continuer ... Un premier conflit va alors déchirer Rome de l'intérieur. Beaucoup de plébéiens sont pauvres et ont contracté des dettes auprès des patriciens, qui les font souvent emprisonner, prennent leurs biens et les traitent comme des esclaves. Or, l'armée romaine est majoritairement composé de plébéiens. Tandis que des peuples proches de Rome veut s'attaquer à la ville, dont le pouvoir grandissant semble une menace pour les Sabins, les Volsques, les Eques, etc. Mais le peuple de Rome refuse de se mobiliser tant que le sénat ne prendra pas des mesures pour améliorer son sort. Le sénat est divisé : certains veulent étouffer la contestation dans un bain de sang d'autres prêts à céder sur certains points, mais la pression des patriciens est telle que le sénat ne veut céder aux demandes de la plèbe. Alors que la menace de la guerre se précise, la plèbe, exaspérée, fait sécession et se retire en arme sur l'Aventin (une des 7 collines de Rome). Acculé face à la menace de guerre, le sénat se résout à envoyer une délégation pour faire revenir les plébéiens. On leur explique qu'ils ne peuvent vivre sans Rome, et que Rome ne peut vivre sans eux. Que la république est comme un corps qui ne peut se couper en deux. Et que s'ils ne s'unissent pas, chacun des deux groupes périra. La plèbe devra faire plusieurs sécessions pour obtenir chaque fois un peu plus de droits. Le sénat cèdera, pour éviter de diviser la cité : - Des tribuns de la plèbe représenteront enfin le peuple, et ils auront droit de véto sur les décisions du sénat (droit de s'opposer à eux seuls à un vote de tout le sénat) -Le mariage sera ouvert entre plébéiens et patriciens. -Patriciens et plébéiens seront traités à l'identique aux yeux de la loi (bon, ce sera souvent une égalité théorique) -Plus tard d'autres magistratures s'ouvriront aussi aux plébéiens, même s'il restera toujours une nette distinction entre les patriciens et les plébéiens. Désormais, la devise de la république (la "chose publique") est "Senatus populusque romanus" SPQR (le sénat et le peuple romain) Le sénat est présidé par deux consuls, élus chaque année. Pourquoi deux ? Pour éviter de retomber dans une forme de "royauté" en donnant à un seul homme trop de pouvoir. Deux consuls, ça permettait d'équilibrer. Et comme il fallait élire deux consuls chaque année, le pouvoir changeait de main rapidement, même si un consul pouvait parfois être réélu quelques années de suite. Comme symbole de leur pouvoir, ils sont vêtus de la toge prétexte, une toge blanche bordée de pourpre, portée uniquement par les sénateurs (et les enfants). et ils s'assoient sur un siège curule, Le siège curule devient ainsi un des symbole de la république romaine, puisque les consuls présidaient le sénat assis dessus durant les séances. et sont escortés par des licteurs ... portant les faisceaux (des baguettes assemblées et maintenant une hache, symbole de leur droit de vie et de mort) Les faisceaux en tant que symbole du pouvoir sera repris des siècles plus tard par le dictateur Mussolini, allié d'Hitler, qui fonda son parti appelé "fascisme", mot qui veut dire "faisceaux". En effet, les faisceaux sont le symbole de l'union (les baguettes regroupées et attachées) et en même temps du pouvoir, de l'autorité (la hache) Le symbole antique des faisceaux est repris dans de nombreuses organisations, pas uniquement par le fascisme. Quand les licteurs escortaient un magistrat en ville, généralement ils enlevaient les haches des faisceaux puisque aucune arme ne devait rentrer dans l'enceinte du pomérium. Mais ils pouvaient la mettre s'il s'agit d'un cortège triomphal après une guerre, sur autorisation du sénat. Brutus, celui qui a chassé Tarquin, sera le premier consul de la république romaine. Il n'est pas étonnant que, bien plus tard, lors de la montée au pouvoir d'un personnage aussi puissant que Jules César, qui voudra reprendre à lui tout seul tout le commandement, ce sera un certain Brutus, dont la famille profondément républicaine descendait de ce premier Brutus, qui tuera le "tyran" qui voulait être roi, pour tenter de sauver la République de son ambition.
Dernière édition par Modo le Sam 26 Fév - 10:23, édité 4 fois |
| | | Thalie
Nombre de messages : 236
| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Jeu 5 Mai - 15:04 | | |
| Coriolan Coriolan (alias Caius Marcius Coriolannus) fut un général romain qui participa au combat contre le dernier roi de Rome et ses alliés étrusques, notamment lors de la Bataille du lac de Régille, qui opposa les Romains aux alliés de Tarquin le Superbe.
Bataille du lac de Régille Son cognomen, "Coriolan" lui a été donné ensuite après avoir vaincu la ville de Corioles, une ville appartenant aux Volsques, un peuple voisin, permettant à Rome d'agrandir encore peu à peu son territoire au delà de la région du Latium. Coriolan détestait la plèbe et son désir d'obtenir davantage de droits : il souhaite disparition des tribuns de la plèbe (la plèbe avait fini par réussir à obtenir des représentants au Sénat, les tribuns, qui y défendent les droits du peuple). Mais le Sénat ne le suit pas dans cette décision, la plèbe affamée veut sa tête, et les tribuns de la plèbe le font condamner par contumace à l'exil. (une condamnation par contumace = condamnation d'un tribunal malgré l'absence de l'accusé au procès)
Vexé, il va donc se réfugier chez les Volsques (un peuple latin encore non soumis à Rome, et qu'il avait combattu) et met ses capacités de stratège au service ... de ses anciens ennemis. Il reprend aux Romains de nombreuses villes du Latium et arrive rapidement au portes de Rome.
Mais une fois arrivé aux abords de la ville aux 7 collines, alors qu'il allait mener l'offensive, une délégation de femmes romaines éplorées viennent se présenter devant Coriolan et son armée .... Cette délégation de femme est dirigée par Verturie, la vieille mère de Coriolan, suivie de Volumnie, la propre femme de Coriolan, et de ses enfants. Les femmes aux pieds de Coriola, avec les enfants et les statues des Pénates, pour le supplier de ne pas attaquer sa propre ville ...
Grâce à leurs reproches indignés, qui lui font honte, et aux supplications de ces femmes qui l'implorent ... le farouche guerrier fut touché : il renonça à son projet de vengeance contre Rome, accepta de lever le camp et se retira définitivement chez les Volsques (peuple qui sera vaincu plus tard, et dont le territoire sera annexé à Rome, comme le seront aussi les Etrusques, les Samnites et divers autres peuples d'Italie)
Rome a ainsi été sauvée par l'intervention de femmes ... exploits d'autant plus étonnant sachant que les femmes n'avaient quasiment aucun pouvoir à cette époque.
Cette histoire montre la force des liens familiaux, la seule chose qui a pu faire plier un homme aussi inflexible et déterminé dans sa haine et son orgueil. Rome fut protégée et sauvée in extremis, non par les armes de soldats, par les larmes de femmes.
Cincinnatus Cincinnatus ( alias Lucius Quinctius Cincinnatus) était patricien ruiné qui vivait en toute simplicité comme un paysan.
Eh oui, un noble qui devenait pauvre restait patricien, il ne devenait pas plébéien pour autant. Et un plébéien qui s'enrichissait par le commerce pouvait devenir riche, certes ... mais sans pour autant devenir patricien.
Le fait d'être patricien ou plébéien était en effet une simple question de lignage généalogique, pas de richesse. Cincinnatus était devenu pauvre car il avait dû verser une caution très importante pour son fils qui avait été injustement condamné pour la mort d'un plébéien au cours d'une rixe. La somme exigée étant exorbitante, il vendit tous ses biens, son domaine, ses esclaves et sa maison. Il vivait depuis seul avec sa femme au bord du Tibre, près de Rome, comme un humble paysan. Il vivait à cette époque si troublée de la République romaine où la minorité patricienne, à laquelle il appartenait, était en butte aux revendications populistes et aux querelles politiques incessantes entre nobles et tribuns de la plèbe. Le sénat, tiraillé entre ces factions rivales, était en pleine confusion. Profitant de cette situation, une armée composée d'esclaves et de bannis de la cité en profitèrent pour prendre la citadelle du Capitole par surprise.
De facto, une délégation de patriciens vient supplier Cincinnatus, réputé pour son courage et sa sagesse, d'accéder au consulat pour résoudre la situation.Mais il refuse avec modestie cet honneur, s'en sentant indigne.
S'il finit par accepter à force de persuasion jouant sur sa corde sensible du patriotisme, ce sera non pour la gloire mais uniquement pour tenter de sauver la République en danger, menacée par la guerre civile et l'anarchie. Il vient donc rapidement et en toute simplicité au sénat et exige une trêve dans ces querelles incessantes entre les patriciens et les plébéiens
Il réussit, par la seule force de ses discours éloquents, à les persuader de faire la paix pour le bien de la République et de Rome. Ayant réussi sa mission de rétablir (certes provisoirement) l'ordre et la discipline, Cincinnatus se retire aussitôt du pouvoir, refuse obstinément les honneurs et la gloire qu'on lui propose, pour retourner à sa charrue et à sa vie humble, rustique et modeste. La simplicité, le travail et l'austérité faisaient partie des "vertus" essentielles des anciens Romains, vertus qu'il perdront souvent par la suite à la fin de la République quand ils passeront sous l'empire, attirés alors par la soif de pouvoir, de richesse, de luxe, de vices et de plaisir. Ces vertus "anciennes", que Cincinnatus incarnait si bien, étaient appelées alors le "mos maiorum" (les "moeurs", ou coutumes, des anciens), qui étaient un modèle.
et beaucoup regardaient avec nostalgie ces vertus romaines anciennes qu'ils voulaient revoir remises à l'honneur. En ce domaine, Cincinnatus fait figure de symbole de ce qu'est un vrai Romain noble, grave et digne, plein de "virtus" (courage, vertu virile)
Quelques années plus tard, le sénat vient à nouveau solliciter Cincinnatus.
En effet on le supplie d'accepter de reprendre temporairement le pouvoir pour porter secours à l'armée romaine, mise en difficulté par les Èques, un peuple limitrophe qui s'opposait à la pénétration de Rome dans son territoire. (c'est bizarre, lon ne comprend pas pourquoi )
L'armée romaine y est encerclée et prise au piège, en attente de renfort de Rome.
Pour sauver la situation, le Sénat romain décide d'offrir les pleins pouvoirs à Cincinnatus, dont chacun reconnaissait les vertus et les mérites. Pour cela, le sénat le nomma alors "dictateur". Nota bene : le sens du mot était très différent à l'époque : cela signifiait juste que la république lui accordait temporairement les pleins pouvoirs pour résoudre un problème urgent et très grave sans perdre de temps en débats interminables au sénat ... donc rien à voir avec le mot "dictateur" actuel)
Élu dictateur pour six mois, sans avoir été prévenu de cette nomination exceptionnelle de temps de crise, c'est labourant lui-même son champ, suant quasiment sans habits sous le soleil, que le trouvèrent les sénateurs chargés de lui signifier cette très haute et rare investiture.
Tout en comprenant qu'il risquait d'appauvrir encore plus sa famille déjà ruinée si les récoltes n'étaient pas assurées, il accepta malgré cela ce mandat et cette grande responsabilité, uniquement pour "le bien public" (la "res publica"). Avec efficacité et une rapidité incroyable, Cincinnatus enrôle de nouvelles recrues, délivre l'armée encerclée, dégrade le consul incapable qui était à la tête de celle-ci, et revient triomphalement à Rome. Une fois cette mission accomplie, en à peine 16 jours, il abandonne aussitôt son rôle de dictateur, le pouvoir et la gloire ... et retourne humblement à ses champs. Des années plus tard, alors qu'il était déjà octogénaire, Cincinnatus sera une nouvelle fois appelé à exercer la dictature à Rome lors d'une terrible disette (famine).
le Sénat lui confie une nouvelle fois la dictature (la plus haute et très rare fonction possible dans la République romaine) pour sauver Rome d'une guerre civile et d'une émeute cette fois due à la famine : les plébéiens affamés étant prêt à renverser le sénat et à donner le pouvoir à un riche qui s'était accaparé tout le blé ... et le distribuait au peuple en échange de son soutien pour devenir roi. Pour sauver la République, Cincinnatus prend une mesure expéditive et fait tuer cet agitateur en plein forum, pendant qu'il excitait la plèbe romaine contre le Sénat. Il ordonna que tout le blé, que cet ambitieux avait entreposé, fut distribué gratuitement au peuple. Cette nouvelle affaire ayant été promptement réglée, et la République une nouvelle fois sauvée grâce à lui, Cincinnatus se retira une nouvelle fois du pouvoir sans attendre pour retourner labourer son champ et finir sa vie simplement. Cincinnatus est un modèle du Romain aux vertus traditionnelles (le fameux "mos maiorum") menant une vie simple et capable de se dévouer totalement à la cause de sa patrie, sans chercher son propre intérêt. Un exemple que devrait prendre de nombreux politiciens ...
En vertu de cet exemple célèbre, la ville de Cincinnati, aux Etats-unis, dans l'Ohio, porte son nom (en l'honneur aussi de George Washington, considéré comme un "nouveau Cincinnatus" moderne, ce héros qui avait sauvé la République sans chercher sa gloire puis s'était détourné du pouvoir) Cincinnatus est donc une figure majeure symbolique de la République romaine et de ses vertus. |
| | | Raul Menendez
Nombre de messages : 87
| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Mer 11 Mai - 21:33 | | |
| L'invasion gauloise et les oies du Capitole En 390 avant Jésus-Christ, les Gaulois (du côté Italien), menés par Brennus, envahissent l’Étrurie pour s’approprier les richesses de la péninsule italienne. Les Gaulois réussissent à vaincre l'armée romaine. La population, se sachant sans défense, est paniquée. Beaucoup de Romains s'enfuient. les Gaulois s’emparent donc de Rome, qu’ils trouvent en grande partie désertée de sa population ... à l’exception des sénateurs, assis sur leurs chaises curules sur le forum, restant stoïques et impassibles. Un soldat gaulois s’approche de l’un d’eux et s’amuse à lui tirer la barbe. Le sénateur punit l’audacieux d’un coup de bâton. Il est aussitôt massacré, ainsi que ses collègues. Les Gaulois se livrent par la suite à de nombreux pillages et massacres. Une bonne partie de Rome est ainsi détruite. Seuls quelques Romains réfugiés dans le Capitole parviennent à résister à l’invasion gauloise. Le siège du Capitole commence alors et durera sept long mois... A Rome, la citadelle et le Capitole furent en grand danger. En effet, les Gaulois trouvèrent un endroit escarpé permettant de parvenir jusqu'au sommet. Ils gardèrent un si profond silence, qu'ils trompèrent non seulement les sentinelles, mais même les chiens, dont aucun ne se réveilla. Mais les Romains furent sauvés in extremis grâce aux "oies sacrées" du temple de Junon, qui servaient aux augures et que, malgré la plus cruelle disette, on avait épargnées par respect du sacré. Et c'est ce qui sauva Rome. Car elles avertirent les Romains, par leurs cris et par le battement de leurs ailes ! Ils s'arment aussitôt, et renversent un Gaulois qui était déjà parvenu tout en haut. Sa chute entraîne ceux qui le suivaient de plus près et pendant que les autres, troublés, et jetant leurs armes, se cramponnent avec les mains aux rochers contre lesquels ils s'appuient, les Romains les égorgent. Mais le siège continue. Un autre jour, les Romains, pourtant au bord de la famine, jettent du pain aux assiégeants pour leur faire croire qu’ils ont des réserves infinies et ainsi les démoraliser. Devant le statu quo de cette situation qui s'éternise, les Gaulois vont proposer aux Romains de lever le siège en échange d'un énorme somme d'or ... moyennant le versement dans une balance d’une rançon faramineuse de 1 000 livres d’or (soit 327,45 kg). Afin d’alourdir encore la rançon, les Gaulois y placent de faux poids. Les Romains s’aperçoivent de la supercherie et s'en indignent (« De quel droit utilises-tu des poids truqués ?! » ), Brennus leur répondit : « Du droit des vainqueurs ! » Et, pour les punir d'avoir protesté et pour les humilier davantage, il jette encore son épée sur la balance pour l'alourdir encore en disant : " Vae Victis !" « Malheur aux vaincus ! »
Cette phrase, devenue célèbre, s'emploie encore pour signaler que qu'un vaincu est à la merci du vainqueur, qui peut l'écraser et lui imposer absolument ce qu'il veut, et que le vaincu n'a qu'un droit : courber l'échine devant le supérieur et obéir sans se plaindre ni maugréer. Puis les Gaulois se retirèrent. Les habitants de Rome garderont longtemps le traumatisme de ce qui aurait pu détruire leur ville, et ils en voudront longtemps aux Gaulois ... Ils n'auront l'occasion de les vaincre que des siècles plus tard, quand Jules César mènera la guerre des Gaules. Pour commémorer la survie de Rome grâce aux oies sacrées du temple, chaque année aura lieu à Rome une procession traditionnelle sur la via sacra en portant des chiens ... crucifiés à des fourches, et hués par la foule, pour ne pas avoir donné l'alerte. Ces quelques chiens crucifiés chaque année, de façon rituelle, étaient ensuite exposés dans le grand cirque, comme des criminels. Tandis que les oies sacrées, qui avaient sauvé Rome, étaient portées en triomphe, et en litière, enrubannées d'or et de pourpre, tout le long de la via sacra jusqu'en haut du Capitole, au temple de Junon ... Lorsqu'une oie sacrée venait à mourir, elle était embaumée, enveloppée d'un riche suaire/linceul, et déposée dans une tombe de marbre pour être honorée ... La déesse Junon portera dès lors le cognomen de "Iuno Moneta" (Junon, celle qui avertit) ... et comme un atelier monétaire se trouvait justement derrière ce temple, le mot "moneta" (celle qui avertit) finit par désigner ... les pièces frappées dans son temple ... d'où le mot actuel de "monnaie" La légende de Marcus CurtiusUn épisode légendaire est situé peu après l'événement historique de l'invasion gauloise. Un tremblement de terre retentit et un gouffre s'ouvrit en plein milieu du forum, menant directement aux enfers. On consulta alors les augures, les haruspices, et les oracles pour comprendre cet événement insolite. Pluton avertit les Romains par le biais des oracles que cet abîme s'était formé car les Romains avaient oublié d'accomplir un sacrifice envers les dieux Mânes, l'esprit des morts. Pluton exigea un sacrifice pour que les Romains échappe à sa colère et que l'abîme ne s'agrandisse, en avalant Rome. Il demanda d’y sacrifier ce qui faisait la principale force du peuple romain s'ils voulaient assurer la perpétuité de la république. Le jeune Marcus Curtius, déjà célèbre par ses exploits militaires, déclara que rien ne consacrait mieux la supériorité de Rome que les armes et la bravoure de sa jeunesse ! Il se précipita à cheval vers le trou abyssal ! Il se sacrifia en y plongeant tout armé pour le refermer et disparut à jamais, se dévouant aux dieux Mânes. La foule répandit dans la fente les offrandes qu'ils comptaient faire. La fente disparut alors, et la légende prétend qu'il n'en restait que le puits situé sur le forum, qui devient un lieu consacré à ce héros, le "Lacus Curtius" mais avant tout les Romains firent de ce lieu le symbole du dévouement patriotique, de l'amour pour la Patrie jusqu'au sacrifice ultime. Il incarne la "Virtus romana", la vertu romaine.
Dernière édition par Raul Menendez le Mar 24 Mai - 3:26, édité 1 fois |
| | | ke$ha
Nombre de messages : 1375
| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Lun 16 Mai - 21:38 | | |
| Les frères Gracques (et leur courageuse tentative de réforme)
L'intelligence et l'éloquence des ces deux frères ont beaucoup marqué (et divisé) les Romains, car ils sont surtout connus pour avoir tenté de réformer le système social romain : ils furent aimés des démunis et haïs à mort par les riches propriétaires. La famille des Gracques est issue de l'union de deux des plus grandes familles patriciennes de Rome, dont la famille de Scipion dit l'Africain, celui-là même qui avait permis la victoire finale de Rome sur Carthage ! Le père des frères Gracques a même été élu consul deux fois. Il était très apprécié de la population et a eu une carrière politique et militaire exemplaire. Cornélia, leur mère, était une femme très cultivée, elle avait fait un mariage d'amour avec son leur père (ce qui était moins fréquent qu'à notre époque). Suite au décès de son époux, elle refusa de se remarier (même avec le roi d'Egypte Ptolémée VI ), et elle consacra toute sa vie à l'éducation de ses enfants. En bonne matrone, elle donna courageusement à ses 12 enfants une éducation exemplaire, en lien avec le stoïcisme, et les forma pour accéder au premier rang de la société. Seuls trois de ses enfants survécurent, et elle supporta le malheur avec dignité. Alors qu'elle recevait une riche mère de famille qui lui exhibait ses magnifiques bijoux, elle fit durer la conversation jusqu'au retour d'école de ses fils, et elle lui déclara, en montrant ses enfants : « Haec ornamenta mea (sunt) » Hic, haec, hoc = déterminant démonstratif ornamentum, i : bijou, ornement meus, a, um : mon, ma ... - Traduction:
(Les voici, mes bijoux à moi !)
La république romaine, suite à ses multiples conquêtes, engrangea des esclaves par millions ... mais du coup les plébéiens trouvaient de moins en moins de travail, comme de plus en plus de tâches étaient dévolues aux esclaves que leurs patrons n'avaient pas à payer. Cela renforça considérablement la pauvreté parmi les Romains des classes les plus basses. Mais ce n'est pas tout : l'empire s'étant dilaté rapidement sur toute la méditerranée, les attaques de peuples se multipliaient sur tous les fronts, obligeant la République Romaine à dépenser presque tous ses fonds pour financer ces guerres devenues incessantes un peu partout afin de maintenir les nouvelles frontières. Et les petits propriétaires terriens, réquisitionnés pour se battre au sein des légions, ont vu leurs champs longtemps abandonnés. A leur retour, pour ceux du moins qui revenaient vivants ou estropiés, beaucoup se retrouvaient ruinés et rejoignaient les villes pour bénéficier des aides alimentaires, endettant davantage encore la République. Et les riches en profitèrent pour racheter à vil prix tous ces petits terrains ... devenant ainsi propriétaires de véritables "latifundia" (des terrains sur des superficies absolument gigantesques entre les mains d'une seule personne), construisant d'énormes complexes agricoles des "villas" (maison agricole) de plus en plus grandes. C'est d'ailleurs du nom de ces maisons agricoles que viendront le mot "village", puis "ville" (et le mot "Vilain" pour désigner au moyen-âge les paysans) rendant les riches immensément riches et les pauvres immensément pauvres, les petits paysans ne pouvant pas rivaliser. Sans compter que la République, pour trouver des fonds, a elle-même vendu des terres, dont se sont accaparées ces familles patriciennes déjà riches et devenues ainsi de plus en plus puissantes. Les frères Gracques voulaient remédier à cette situation : ils inventèrent donc une loi qui interdisait d'avoir plus d'une certaine superficie de terrain. Vous imaginez la haine qu'ils ont pu s'attirer de la part de ces familles extrêmement puissantes et pas prêtes à renoncer à leurs privilèges. Les riches trouvèrent rapidement les moyens de contourner cette loi. Les riches propriétaires possédaient des étendues de terrains de plus en plus vastes, et faisaient travailler ces terres par une multitude d'esclaves agricoles qu'ils n'avaient même pas besoin de payer, pendant que la population modestes de Rome sans travail continuaient de s’appauvrir. Avec leurs immenses terrains et leurs esclaves, les grandes familles des sénateurs peuvent produire à très bas coût. Résultat, les citoyens de la plèbe qui avaient encore un petit champs ne pouvaient plus vivre du travail de la terre. Les petits paysans ruinés viennent progressivement s'entasser à Rome, grossissant la foule des "clients" soumis aux ordre de leur "patron", des patriciens riches qui leur donnent des aides et les prennent sous leur protection ... en échange de leur soutien et quelque part de leur soumission. La République romaine commençait à être ainsi de plus en plus divisée, avec deux grands parties qui s'affrontent au sénat : le camp des " optimates" (le partie des "meilleurs", les riches aristocrates patriciens) et le camp des " populares" (camp des partisans du peuple, et qui essaie de défendre ses intérêts, au côté des tribuns de la plèbe) Et les débats devenaient souvent houleux, tant les enjeux d'un côté sociaux et de l'autre économiques étaient grands. C'est dans ces circonstances houleuses que Tiberius Gracchus, ayant rejoint le camp des "populares", fut élu tribun de la plèbe, devenant un des représentants du peuple, le tribun étant considéré comme " sacro-saint", avec droit de véto sur les décisions du sénat. Il décida donc de régler ce problème en proposant un nouveau projet de loi, la loi Rogatio Sempronia. "Même les bêtes sauvages ont une tanière. Et nos soldats, qui ont combattu pour la grandeur de Rome, se retrouvent sans même une motte de terre." Cette loi permettait de récupérer les terres accaparées par les riches patriciens et de les redistriber aux citoyens moins fortunés. Mais le sénat, composé de patriciens, s'opposa violemment au projet "révolutionnaire" de Tibérius Notamment pour ces raisons : 1: il nuisait au clientélisme (relation client/patron) 2: il allait faire diminuer l'autorité du sénat, qui n'allait plus être le seul à contrôler "l'ager publicius" (la terre publique). 3: cette loi déplaisait à beaucoup de sénateurs riches : l'idée de devoir accepter la redistribution de leurs propres terres était inenvisageable. 4: la société romaine étaient divisée encore plus qu'avant, avec des partisans pro-Gracchus et les opposants à ce projet de loi. Le climat dans Rome devenait de plus en plus tendu. Les sénateurs demandent donc à un autre Tribun de la plèbe, qu'ils ont soudoyé avec une énorme somme d'argent, de bloquer Tibérius au vote en utilisant son " droit de véto".Et en effet, ce tribun de la plèbe, supposé défendre les intérêts du petit peuple, utilisa son droit de véto pour empêcher cette loi. Tibérius demanda 2 fois le retrait de ce véto, mais ce tribun corrompu refusa. Tibérius décida alors d'unir le peuple avec lui et fit destituer le tribun corrompu, en faisant invalider son mandat par vote populaire. La redistribution des terres commença alors efficacement. Mais les sénateurs patriciens, fous de rage, organisèrent un affrontement sur le Capitole, au cours duquel Tibérius Cracchus trouva la mort. Même le caractère "sacro-saint" d'un tribun de la plèbe n'a pas suffi à les arrêter, tant ils ne pouvaient accepter de se voir déposséder de leurs terres au profit du peuple. Et les partisans de Tibérius Gracchus furent eux aussi assassinés sur le Capitole. Et sa loi fut évidemment abrogée par le sénat. Le camp des optimates triomphait, mais les Romains étaient de plus en plus divisés. Plus tard, Caius reprit courageusement la réforme "révolutionnaire" de son frère, réussissant à son tour à se faire élire tribun de la plèbe. il a analysé l’échec de son frère et compris que le projet de loi agraire devait être préparé par une série de réformes plus progressives. Elles viseront d'abord à assainir les institutions gangrenées par la corruption (et il se débarrassera ainsi de certains de ses opposants) et proposa la distribution d'un boisseau de blé par mois à prix réduit pour tous les citoyens pauvres, de façon à délivrer le peuple des liens de clientélisme qui le rendent dépendant et redevable des plus riches, et à s'assurer du soutien de la plèbe. Sentant de plus en plus d'opposition, il décida de suivre l'exemple antique de la plèbe qui avait fait la première grève de l'histoire en se retirant en haut d'une colline pour montrer aux patriciens qu'ils avaient aussi besoin du peuple. Il fit de même, avec ses partisans. Mais les patriciens ne le supportèrent pas, et le Sénat autorisa de faire mettre à mort ce dangereux agitateur qui déstabilisait les institutions. Caius Gracchus et 3000 de ses partisans furent massacrés. Preuve de la haine viscérale qu'on lui portait : on mutila son corps, on le décapita Sa tête sera mise au bout d'une pique et promenée dans Rome. Et son corps fut jeté dans le Tibre, sans sépulture et sans honneurs funèbres. Ce ne sera pas la dernière fois qu'une telle vague de violence envahira Rome à cause de divergences politiques ou pour maintenir des privilèges, et à ce stade d'expansion du territoire romain, les tensions deviennent de plus en plus importantes au fur et à mesure que les richesses s'accumulent pour les uns et que la pauvreté augmentent pour les autres. Cette république, qui n'était pas vraiment une république démocratique, car gouvernée par une élite aristocratique jalouse de ses privilèges, commençait à être de plus en plus gangrénée par des gens ambitieux, avides de richesses et de pouvoirs, rêvant de pouvoirs presque absolus ... ce qui conduira bientôt cette république corrompue et divisée à passer sous le régime de gens aspirant à un "empire" dirigé par une seule personne. Et cela arrivera au terme de nombreuses secousses politiques comme celles-ci. |
| | | MALABAR
Nombre de messages : 339
| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Mar 17 Mai - 10:19 | | |
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| | | HERMES Aidactif
Nombre de messages : 2033
| Sujet: Re: Fondation de Rome : Romulus et les sept Rois De Rome Mer 18 Mai - 21:09 | | |
| Guerre contre Pyrrhus Ier, Roi d'Epire Pyrrhus Ier fut le roi d'Épire de -306 à -302 puis de -297 à -272. L'Epire est cette zone rouge sur la carte. Pyrrhus prétendait descendre du héros mythique Achille Sculpture d'Achille au Louvre Et il était probablement le neveu d'Alexandre le grand, le plus grand conquérant de l'antiquité. Alexandre de Macédoine, dit Alexandre le grand, qui conquit le plus grand empire de tous les temps. Conquérant ambitieux lui-même, Pyrrhus est l'un des plus redoutables adversaires des premiers temps de la Rome antique. Après avoir considérablement accru le territoire de l’Épire, il devient roi de Macédoine et de Thessalie. Il voulut donc s'étendre en Italie, qui était encore en grande partie occupée par les Grecs et par des Romains. Les Romains, alliés aux Grecs pour l'occasion, prirent l'avantage au début du combat, et l'armée de Pyrrhus subit de très graves pertes. Mais Pyrrhus, voyant ses troupes crouler sous les attaques romaines, va envoyer ses éléphants, véritables "tanks" de l'antiquité ! Ce qui va changer l'issue de la bataille, malgré ses lourdes pertes. Avec le peu d'hommes qu'il lui reste, Pyrrhus réussit à vaincre in extremis les légions romaines lors de la bataille d'Héraclée, en -280 Mais ce fut quand même une hécatombe dans ses rangs. Les Romains vont se disperser puis s'enfuirent. Rome, sans armée et sans défense, est à présent totalement à la merci de Pyrrhus ... Pyrrhus était à peine à trente kilomètres à peine de Rome, qui était prête à capituler. Alors que ses amis le félicitaient pour sa victoire, il répondit : Pourquoi ? Eh bien, avec toutes ses pertes, c'était pour lui une victoire si chèrement payée en vies humaines, en matériel, en argent, qu'elle ressemblait davantage à une défaite. En effet, si Pyrrhus avait gagné la bataille ... mais il dut se résigner à rentrer dans sa patrie, par manque d'hommes et de vivres (car, malgré sa victoire, son armée fut presque totalement décimée pendant la bataille). Expression : "une victoire à la Pyrrhus" : c'est une victoire (généralement militaire) obtenue au prix de terribles pertes pour le vainqueur, des pertes si grandes que sa victoire ressemble à une défaite. Ainsi, cette bataille fut théoriquement une victoire guerrière ... mais cette victoire était, dans les faits, pire qu'une défaite du point de vue du nombre de morts dans son armée, presque comme s'il avait été battu. |
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