" Dans quelques mois, nous serons sept milliards. Hormis quelques centaines de personnes, c'est une immensité d'inconnus. D'anonymes. Certains resteront dans l'ombre, d'autres oscilleront devant la lumière incandescente et mesquine d'une célébrité de campagne. Des milliards de gens, qui respectent des milliers de lois, des centaines de normes et, parfois, quelques principes et deux ou trois habitudes. Ils vivront leur vie dans l'anonymat le plus complet, le plus clair et le plus sordide, le plus éclatant et le plus sombre. Et puis, il y a moi.
Je suis une anonyme, une figurante quelconque dans la grande famille des Hommes. Que suis-je pour notre monde? Je ne suis personne, la plupart ne se doutant même pas de ma présence sur Terre. Je suis un grain de poussière dans la balayette fort bien remplie de l'Humanité. Que suis-je pour le gouvernement ? Je suis un chiffre, l'exemplaire humain numéro 6991756392. Je suis un nom. Je suis le formulaire de scolarité B4873612 dans un vieux carton rangé au fin fond des caves de l’Éducation Nationale. Ou un fichier informatique. Un document Word peut-être. Je ne suis pas encore la triste tenancière d'un casier judiciaire. Je ne suis donc rien de matériel. Peut-être même qu'au fond, je n'existe pas. Pour 6.999.999.900 hommes et femmes, je ne suis personne. Et cela me fait un bien fou. Pour autant de personnes, je ne suis pas, je n'importe pas, je ne vis pas. Aucune responsabilité, aucun ordre à donner, aucun sourire forcé. A part une centaine de personne, mon existence n'est pas connue. J'aime cet anonymat, ce plaisir de n'exister qu'un peu.
Et souvent, je pense. Je pense aux milliards de personnes que je ne connais pas encore. J'imagine leur vie, leur métier et puis leurs joies et leurs peines. Untel s'appelle Henri, l'autre Kévin. Ils sont les stéréotypes parfaits de diverses catégories d'êtres. Et puis je pense aux gens qui pensent exactement à la même chose que moi au même instant. Je me sens moins seule d'un coup. Alors je me demande si quelque part, dans le monde, il y a quelqu'un capable de lire dans mes pensées comme dans un livre ouvert. Si oui, il doit bien rire. Ensuite, je pense aux autres moi, qui avancent de la même façon, pantelantes, chancelant dans l'immensité complexe, aléatoire et abstraite d'une vie sans sens précis. Je pense aussi aux ethnies et pays qui n'ont pas les mêmes coutumes que moi et j'aimerais bien apprendre et connaître les leurs. Une simple histoire de partage amical et fraternel.
Enfin, je pense aux moins heureux. Moi, je vis dans mon confort bien portant et synthétique, avec trois repas par jour et une douche toutes les 24 heures environ. Je me lève et me couche dans un lit. Alors je pense à ces milliers, millions, milliards d'êtres qui n'ont pas ma chance. Je pense à ces hommes et à ces femmes, ces enfants-là, qui n'ont pas ma chance et qui ne se plaignent pas. Je n'ai donc pas le droit de me plaindre.
Finalement, seule dans mon lit, alors qu'il sonne minuit passé, je me dis que je ne suis jamais seule. C'est à la fois très réconfortant et désespérément horripilant. Mais bon, qu'y puis-je ? C'est cela, la vie. Une communauté forcée, une comédie qui danse. Une humanité souriante ou faisant la moue, intelligente ou atrocement simplette. Une humanité en manque de rêves grandioses, de projets extraordinaires. Une humanité en transe.
Mesdames et messieurs, dans quelques mois, nous serons sept milliards."
Bonjour/bonsoir à tous, selon l'heure à laquelle vous consulterez ce topic
. J'ai lu récemment que d'ici octobre 2012, nous atteindrions les 7 milliards ! J'ai donc crée ce topic afin que vous puissiez donner vos impressions par rapport à cette affirmation, que ce soit pour parler des diverses problèmes que cela peut engendrer ou de vos sentiments sur l'idée en général. (J'ai peur de ne pas être bien claire...
)
Pour ma part, si vous avez pris la peine de lire le texte ci-dessus, vous connaissez déjà mes idées et mes opinions sur le sujet, bien que je n'ai pas abordé le sujet des problèmes occasionnés par la croissance humaine.
Voilà, enjoy !