Modo Aidactif
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| Sujet: Re: La grammaire est une chanson douce Jeu 2 Fév - 17:05 | | |
| https://lib.lunn.ru/LunnDigitalDocsClosed/DR277431.pdf // Robinson Crusoé /comparaison / Le jargon : langage technique très spécialisé utilisé par un groupe de personnes partageant des connaissances commune. Le jargon peut être difficile à comprendre pour ceux qui ne font pas partie du groupe. C'est pourquoi on parle aussi de jargon pour un langage qui nous est incompréhensible. ex : Les médecins utilisent un jargon médical pour communiquer entre eux, qui peut être difficile à comprendre pour les patients. / Le bébé semblait crier en sont jargon qu'il n'était pas content. une onde pure : mot poétique pour désigner de l'eau. Ex : se baigner dans l'onde / Le Titanic sombra dans les ondes noires de l'océan./Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure. Une ondée : pluie passagère. Ex : Cet après-midi la France sera traversée par des ondées passagères. aux dépens de : au détriment de. Ex : Il a obtenu une promotion au travail, mais aux dépens de son collègue./ Le progrès technologique se fait souvent aux dépens de l'environnement./ Tout flatteur vit au dépens de celui qui l'écoute. Chétif/frêle : de faible constitution, petit et fragile, ou faible, qui manque de vigueur. Ex : Le chétif moucheron / Le bébé prématuré était chétif à la naissance. vrombir : faire le bruit d'un moteur, d'un engin ou d'un insecte qui produit une vibration sonore forte et continue. Ex : la moto se mit à vrombir sous le coup de l'accélérateur. / Le frelon se mit à vrombir autour de lui. Le vrombissement : bruit d'un moteur, d'un engin ou d'un insecte qui produit une vibration sonore forte et continue. Ex : le vrombissement d'un avion, d'un bourdon ... un essaim : colonie d'abeilles ou d'insectes vivant en groupe. pulluler / proliférer/ foisonner : (en parlant d'animaux ou d"insectes) qui se reproduit en très grande quantité et se trouve en très grand nombre. Ex : Les insectes pullulent dans les zones humides. / Les mauvaises herbes prolifèrent dans le jardin sans entretien. / Les chats errants foisonnent dans le quartier. / Les touristes pullulent sur les plages en été. la paraphrase : le fait se contenter de reformuler ou réécrire un texte ou une phrase en utilisant ses propres mots pour exprimer la même idée. ex : Le professeur a demandé à ses élèves de faire la paraphrase d'un passage difficile du livre pour vérifier qu'ils ont compris./ Ce texte n'est pas vraiment de lui. Il s'est juste contenté de faire de la paraphrase d'une fable. paraphraser : réécrire ou reformuler un texte ou une phrase en utilisant ses propres mots pour exprimer la même idée. Au lieu d'inventer une histoire, il s'est contenté de paraphraser un récit./ Le professeur a paraphrasé un passage difficile du texte pour le rendre plus compréhensible./ Ne te contente pas de paraphraser le texte, explique-le. osciller/vaciller : tanguer, fluctuer, balancer par un mouvement de va-et-vient régulier/ pencher dangereusement d'un côté puis de l'autre. ex : La pendule oscille de gauche à droite avec un mouvement régulier./ La popularité de ce politicien a oscillé au fil du temps./ Le bateau oscille et tangue dans la tempête. Tituber/chanceler : marcher de manière chancelante, en vacillant d'un côté à l'autre. ex : L'ivrogne titubait en rentrant chez lui. / Le bébé qui apprend à marcher titube souvent au début./ l'athlète exténué franchit la ligne d'arrivée en titubant de fatigue. compatissant : désigne une personne qui ressent de la compassion pour les autres, qui éprouve de la sympathie pour leurs souffrances ou leurs difficultés. ex : Elle a été très compatissante envers son ami qui traversait une période difficile./ Les bénévoles humanitaires sont connus pour leur travail compatissant auprès des personnes en détresse. un steward : dans le domaine maritime ou de l'aviation, le steward est une personne responsable de la sécurité et du confort des passagers. ex : Le steward a expliqué les procédures de sécurité avant le décollage de l'avion. / Les stewards ont aidé les passagers à évacuer le navire. s'esclaffer : éclater de rire bruyamment et avec excès. ex : En entendant la blague, il s'est esclaffé et a recraché son verre. pouffer (de rire) : glousser, rire doucement ou en essayant de se retenir ex : Il a pouffé de rire en mettant sa main devant sa bouche quand son amie a trébuché. virevolter : se déplacer rapidement en tournant sur soi-même, en effectuant des mouvements aériens et gracieux. Ex : les danseurs virevoltaient sur la piste. / Des oiseaux virevoltaient au-dessus du bateau./ en virevoltant comme une feuille morte sans encombre : sans obstacle, sans embûches, sans problème, sans dégât, sans difficulté. ex : la fête s'est déroulée sans encombre et tout le monde a passé une excellente soirée./ le voyage s'est passé sans encombres particuliers. maligne (féminin) 1/ maline, rusée 2/ sournoise, mal intentionnée. Ex : méfie-toi d'elle, elle est très maligne. 3/ difficile à guérir en parlant d'une maladie. Ex : Les médecins ont diagnostiqué une tumeur maligne chez ce patient / C'est une maladie maligne (le contraire de "bénigne", pas importante, qui se guérit vite. Ex : c'est une maladie bénigne.) Introverti : qui a du mal à aller vers les autres et à s'ouvrir, à s'exprimer en société, qui n'aime pas se mettre en avant ni être entouré de trop de monde ou de situations bruyantes. ex : Les introvertis ont souvent de grandes capacités d'écoute et de réflexion/ Mon ami est plutôt introverti, il ne parle jamais beaucoup lors des soirées. extraverti : qui est très sociable, ouvert, communicatif et très démonstratif dans ses émotions et ses gestes, qui recherche la compagnie des autres et a un comportement dynamique. ex : Les extravertis ont tendance à aimer être au centre de l'attention et à s'exprimer de manière libre et spontanée./ Mon frère est bien plus extraverti que moi, il parle facilement avec tout le monde et aime faire de nouvelles rencontres. taiseux : qualifie une personne qui par nature parle peu, qui est généralement introvertie, silencieuse et discrète. Ex : Mon oncle est très taiseux, il ne dit jamais grand-chose./ Il a toujours été un taiseux. taciturne : qui n'est pas d'humeur à parler, renfermée, peu communicativeex : elle était d'humeur plutôt taciturne ce matin, je me doute que quelque chose la travaille. criard : 1/ qui crie de manière désagréable, braillarde ou stridente (ex : Sa voix criarde m'insupporte !) 2/ (en parlant des couleurs) couleur trop vive qui choque la vue, trop flashy. ex : Je n'aime pas les couleurs criardes de ce tableau, je préfère les couleurs douces, sobres et discrètes./ Elle a choisi une robe aux couleurs criardes pour bien attirer l'attention sur elle lors de la soirée. bigarré/chamarré : qui est composé de plusieurs couleurs, teintes ou nuances différentes, en formant des motifs variés. ex : Les habitants avaient des habits aux couleurs très bigarrées qui créaient une atmosphère très animée et festive. les persiennes : volets particuliers constitués de lamelles horizontales qui tamisent la lumière dans une pièce. On appelle aussi ce type de volets "des jalousies", car ils permettent de surveiller l'extérieur sans être vu. Ex : le matin, la lumière tamisée du soleil passent doucement entre les persiennes. assaillir : se précipiter en masse pour harceler ou attaquer. Ex : être assailli de moustiques / Des journalistes poursuivent et assaillent cette vedette. /Des cauchemars m'assaillaient fréquemment la nuit. pourparler : 1/ (nom ou verbe) négociation, tractations, discussion pour parvenir à un accord ou résoudre un conflit. Ex : Il est en train de pourparler avec le commerçant pour négocier un prix. / Les pourparlers entre ces dirigeants ont permis d'arriver à un consensus de paix à la fin de leurs tractations. écorné : dont un bord a été plié, abîméex : une photo écornée, un livre écorné / Ce scandale a écorné l'image de cet homme politique. acariâtre/irascible : qui est d'humeur difficile, irritable, colérique ou d'un caractère bougon et désagréable. furibond/courroucé : en état de très grande colère, d'exaspération ou de fureur. un forcené : un fou furieux, qui est en courroux avec une grande violence, furibond et dur à maitriser.
ex : le forcené a été maitrisé par la police./ Ce travail forcené, acharné, l'a complètement épuisé. caracoler (en tête) : devancer largement ses concurrents. (caracoler en tête d'une course, d'un sondage, du peloton...)Ex : ce film caracole en tête du box office / Cette chanson caracole en tête des ventes. l'affliction : très grande tristesse ou douleur morale, souvent due à une grande perte, une violente déception ou une souffrance physique, le fait d'être affligé. ex : L'affliction des familles touchées par la catastrophe a été terrible./ Cette perte lui a causé une grande affliction. neurasthénique : qui se sent comme éteint, état d'abattement, comme anesthésié par une grande fatigue physique et mentale, avec une grande difficulté à effectuer des tâches quotidiennes. Ex : Depuis sa rupture, elle se sentait particulièrement neurasthénique et avait du mal à sortir de chez elle. / Le stress et le surmenage peuvent conduire à un état de neurasthénie chez certaines personnes. ragaillardi (se ragaillardir) : revigoré, requinqué, qui reprend des forces ou du courage.Ex : ragaillardi par son succès, par une bonne nuit de sommeil ... l'étymologie : étude de l'origine et de l'histoire des mots, c'est-à-dire leur sens profond, l'analyse de leur évolution, de leur signification et de leur forme. Ex : L'étymologie latine du mot copain exprime quelqu'un avec qui on partage son pain, son repas, donc un ami ou une bonne connaissance. agonir (d'insultes) : injurier très violemment, vilipender, invectiver quelqu'un. Ex : Elle était en train de l'invectiver et l'a agoni d'insultes. agoniser : être en train de mourir, souffrir du combat entre la vie et la mort avant de succomber. Ex : Le soldat blessé agonisait sur le bord de la route. L'agonie : combat en soi entre la vie et la mort avant de trépasser (mourir). Ex : il est à l'agonie / Son agonie dura plus d'une heure. une besogne/ un labeur : travail généralement physique très difficile et fastidieux, corvée. ex : il devait accomplir une besogne qui prendrait des jours, il fut exténué de son dur labeur, particulièrement fastidieux.aller vite en besogne : agir rapidement et sans prendre le temps de réfléchir avant d'entreprendre une tâche. ex : Il a voulu aller vite en besogne et s'y est mal pris, il a dû tout recommencer./ Ne va pas trop vite en besogne, tu prends une mauvaise décision. Prends le temps de bien analyser la situation avant d'agir. renâcler/rechigner : résister ou exprimer son mécontentement face à une contrainte. ex : Elle a renâclé à l'idée de sortir sous la pluie. / il a accompli sa besogne sans renâcler/rechigner. la désolation : état de ce qui est dévasté, en ruine, ou état d'affliction (profond chagrin) Ex : la ville en guerre offrait un paysage de désolation, rempli de gravats, de cadavres et de personnes à l'agonie./ La désolation sur son visage montrait l'étendue de son affliction. le désamour : Perte de l'affection, de l'intérêt ou de l'amour que l'on portait à quelqu'un ou à quelque chose ; désaffection. Ex : Depuis quelque temps, je sens un désamour progressif entre eux. / Le désamour des Français pour la politique est de plus en plus marqué. un air grave/solennel // un visage grave, solennel : qui montre un visage sérieux, digne, pensif, austère, sans sourire, qui montre une attitude réfléchie ou inquiète, parfois quand le moment est important ou qu'il faut annoncer quelque chose de grave ou de sérieux. On parle aussi de la gravité d'un visage. ex : Elle avait un visage grave quand elle m'a annoncé la nouvelle. à la lisière de / à l'orée de : à la bordure, au seuil ou au début d'un endroit. (ex : à l'orée du bois, à la lisière de la clairière, etc.)décharné : amaigri au point d'avoir une apparence squelettique. ex : le doigt décharné de la sorcière. / Le vieil homme avait un visage décharné / un corps affamé et décharné. Un squelette décharné. immaculé : qui est d'une blancheur sans tâche / pur et sans péché. ex : la neige d'un blanc immaculé. Une robe immaculée. Une âme pure et immaculée.s'ébrouer : secouer son corps, notamment lorsqu'il s'agit d'un animal pour se débarrasser de l'eau ou se remettre d'un état de torpeur ou d'inaction. ex : Le chien s'ébroue en sortant de l'eau./ Elle s'ébroue pour se dégourdir après avoir passé des heures assise devant la télé./ Il en train de courir et de s'ébrouer dans le parc. le froufrou : bruit léger que peut faire des robes à plusieurs volants de tissu en se déplaçant. ex : le doux froufrou de la robe de mariée. l'effroi : terreur, épouvante, peur extrême. ex : La vue du monstre provoqua un effroi indescriptible ! amonceler : entasser en grande quantité. ex : le déménageur a amoncelé les cartons dans le camion / Les livres s'amoncellent sur son bureau / une pile de vaisselle sale amoncelée dans l'évier. / Les déchets s'amoncellent au bord de la route./ Le travail en retard s'amoncelait. demander grâce : demander pitié, supplier de ne pas être tué ou châtié sévèrement.(ex : demander la grâce du condamné) gracier : accorder la grâce, accepter de ne pas tuer un condamné ou remettre un châtiment. ex : le roi gracia le condamné qui le suppliait et demandait sa grâce. la perplexité : état d'incertitude ou de confusion causé par l'incapacité de prendre une décision ou de comprendre une situation. ex : Je suis dans une grande perplexité quant à ce que je dois faire pour résoudre ce problème. / Les décisions incompréhensibles de l'entreprise a plongé les employés dans une profonde perplexité. un adjoint : personne associée à une autre pour l'assister, l'aider dans ses fonctions ex : l'adjoint du maire le remplace pour certaines activités. perpétuel/sempiternel : qui dure éternellement, qui ne finit jamais ou qui se répète de manière indéfinie, permanent, immuable, incessant ex : leur sempiternelle querelle ; une peine de prison perpétuelle, à vie ; le bruit sempiternel de la rivière. perpétuellement/sempiternellement : de manière incessante, éternelle ou qui se répète sans cesse.Ex : ils sont perpétuellement en train de se disputer, il pleut sempiternellement depuis des mois.toiser : regarder de haut ou avec mépris, dévisager avec dédain. ex : Le roi toisa le mendiant de haut en bas avec mépris. éphémère : qui vit ou dure peu de temps. (être) aux abois : être en situation désespérée, sans solution, comme un gibier cerné de chiens, et qui peut faire n'importe quoi pour essayer de s'en sortir. Ex : Le voleur, cerné par les policier, est aux abois et prêt à tout. / le cri de la biche aux abois. / Sa situation financière est au plus bas, il est complètement aux abois. le charabia / le galimatias : paroles ou texte dans un style incompréhensible ou très incorrect.effronté, impertinent, impudent, malappris : qui est d'une grande insolence et n'a honte de rien. nonchalant : qui manque d'énergie pour agir, par paresse, indifférence ou insouciance.(ex : marcher d'un pas nonchalant). La nonchalance / nonchalamment.en liesse : en joie collective, pleine d'exaltation. Ex : une foule en liesse / un stade en liesse./La liesse du peuple faisait plaisir à voir ! étoffer (quelque chose) : développer, augmenter ou enrichir un texte ou un discours. Ex : étoffer ses phrases, un récit. s'étoffer : prendre de la carrure. ex : Il s'est bien étoffé depuis son enfance. Surtout qu'il a fait du sport. comparaison :choisir mot et comparaison p 14-15Le vocabulaire Boutique de vocabulaire pour mettre des mots exact sur ce qu'on pense, ressent, veut exprimer (colère,tristesse, insulte, idée, sentiments) . Des mots beaux, poétiques, précis... on mari m'a sauvagement quittée. Je voudrais un mot pour qu'ilcomprenne ma douleur, un mot terrible, qui lui fasse honte. Les mots peuvent piquer pire que desguêpes et mordre mieux que des serpents.De ce moment-là, ma vie d'avant m'a fait honte, la vie d'avant le naufrage,une vie de pauvre, une existence de quasi-muette. Combien de mots employais-je avant la tempête? Deux cents, trois cents, toujours les mêmes... Ici, faites-moiconfiance, j'allais m'enrichir, je reviendrais avec un trésor.Voici cequ'il m'a dit: «Tous les mots sont des outils. Ni plus ni moins. Des outils decommunication. Comme les voitures. Des outils techniques, des outils utiles.Quelle idée de les aimer ou de les adorer comme des dieux ! Est-ce qu'on adore un marteau oudes tenailles? D'ailleurs, les mots sont trop nombreux. De gré ou de force, je lesréduirai à cinq cents, six cents, au strict minimum. On perd le sens du travailquand on a trop de mots." Beaucoup pensent comme lui,surtout les hommes d'affaires, les banquiers, les économistesSi la vie se résume aux affaires, à l'argent, acheter et vendre, les mots qui sont beaux, rares ou poétiques ne sont pas très nécessairesLes habitants s'étaient fait, comme vous, nettoyer de tous leurs mots. Aulieu de venir chez nous les réapprendre, ils ont cru qu'ils pourraient vivre dans lesilence. Ils n'ont plus rien nommé. Mettez-vous à la place des choses, de l'herbe,des ananas, des chèvres... A force de n'être jamais appelées, elles sont devenuestristes, de plus en plus maigres, et puis elles sont mortes. Mortes, faute depreuves d'attention; mortes, une à une, de désamour.A bon entendeur,salut ! Les mots sont les petits moteurs de la vie. Nous devons en prendre soinje choisis un mot inconnu de moi (j’ai le choix: quand jepense à tous ceux que j’ignore, j’ai honte) et je le prononce à haute voix, avecamitié.Vous voyez, les mots, c'est comme les notes. II ne suffit pas de lesaccumuler. Sans règles, pas d'harmonie.il faut les utiliser. Les noms Le premier métier, c'est de désigner les choses. Vous avez déjà visité unjardin botanique ? Devant toutes les plantes rares, on a piqué un petit carton, uneétiquette. Tel est le premier métier des mots: poser sur toutes les choses dumonde une étiquette, pour s’y reconnaître. C'est le métier le plus difficile. Il y atant de choses et des choses compliquées et des choses qui changent sans arrêt!Et pourtant pour chacune il faut trouver une étiquette. Les mots chargés de cemétier terrible s’appellent les noms. La tribu des noms est la tribu principale, laplus nombreuse. Il y a des noms-hommes, ce sont les masculins, et des noms-femmes, les féminins. Il y a des noms qui étiquettent les humains: ce sont lesprénoms. Par exemple, les Jeanne ne sont pas des Thomas (heureusement). Il y ades noms qui étiquettent les choses que l'on voit et ceux qui étiquettent deschoses qui existent mais qui demeurent invisibles, les sentiments par exemple: lacolère, l'amour, la tristesse... Déterminants :la toute petite tribu des articles. Son rôle est simple. Les articles marchent devant les noms, en agitant uneclochette: attention, le nom qui me suit est un masculin, attention, c’est unféminin! Le tigre, la vache.Les noms et les articles se promènent ensemble, du matin jusqu'au soir.Adjectifs qualificatifs : Les magasins sont tenus par la tribu des adjectifs.Ils servent à "habiller" les noms. Le nom féminin «maison» pousse la porte, précédé de «la», son article аclochette.- Bonjour, je me trouve un peu simple, j'aimerais m'étoffer.- Nous avons tout ce qu'il vous faut dans nos rayons, dît le directeur en sefrottant déjà les mains à l'idée de la bonne affaire.Le nom «maison» commence ses essayages. Que de perplexité! Comme ladécision est difficile ! Cet adjectif-là plutôt que celui-ci ? La maison se tâte. Lechoix est si vaste. Maison «bleue», maison «haute», maison «fortifiée», maison«alsacienne», maison «familiale», maison «fleurie» ? Les adjectifs tournentautour de la maison cliente avec des mines de séducteur, pour se faire adopter.Après deux heures de cette drôle de danse, la maison ressortit avec lequalificatif qui lui plaisait le mieux: "hanté". Ravie de son achat, elle répétait àson valet article:"Hanté", tu imagines, moi qui aime tant les fantômes, je ne serai plus jamaisseule. "Maison", c’est banal. "Maison" et "hanté", tu te rends compte ? Je suisdésormais le bâtiment le plus intéressant de la ville, je vais faire peur auxenfants, oh comme je suis heureuse !Accords adjectifs :Attends, l’interrompit l’adjectif, tu vas trop vite en besogne. Nous ne sommespas encore accordés.Accordés ? Que veux-tu dire ?Allons à la mairie. Tu verras bien.A la mairie! Tu ne veux pas te marier avec moi, quand même ?Il faut bien, puisque tu m’as choisi.Je me demande si j’ai eu raison. Tu ne serais pas un adjectif un peu collant ?Tous les adjectifs sont collants. Ça fait partie de leur nature. Mais ils peuvent aussi se séparer. Ils ressortaient ensemble de la mairie, se tenant par la main, accordés, tout masculin outout féminin: le château enchanté, la maison hantée... Charmants adjectifs, indispensables adjoints ! Comme ils seraient mornes, lesnoms, sans les cadeaux que leur font les adjectifs, le piment qu'ils apportent, lacouleur, les détails...Et pourtant, comme ils sont maltraités!Je vais vous dire un secret: les adjectifs ont l’âme sentimentale. Ils croientque leur mariage durera toujours... C'est mal connaître l’infidélité congénitaledes noms, de vrais garçons, ceux-là, ils changent de qualificatifs comme dechaussettes. A peine accordés, ils jettent l'adjectif, retournent au magasin pouren chercher un autre et, sans la moindre gêne, reviennent à la mairie pour unnouveau mariage. Et le malheureux adjectif «hantée » se retrouva seul а errer dansles rues, l'âme en peine, suppliant qu'on veuille bien le reprendre: «Personne neveut de moi? J'ajoute du mystère а qui me choisit: une forêt, quoi de plus banal qu'une forêt sans adjectif ? Avec "hantée", la moindre petite forêt sort del'ordinaire...» Mais les gens préfèrent de plus en plus la banalité, et font des phrases de plus en plus courtes et pauvres. C'était à serrer le coeur, de voir tous ces noms et ces adjectifs abandonnés.Les exceptions :Je me suis consolée avec un autre spectacle, celui du petit groupe réunidevant le «Bureau des exceptions». Un jour, je vous raconterai l'histoire de cebureau. Il me faudrait un livre entier. Autant vous l'avouer, j'aime les exceptions.Elles ressemblent aux chats. Elles ne respectent aucune règle, elles n'en font qu'à leur tête. Ce matin-là, ils étaient trois, un pou, un hibou et un genou. Ils semoquaient d'une marchande qui leur proposait des «s»;- Mes «s» sont adhésifs. Vous n'aurez qu'à vous les coller sur le cul pourdevenir des pluriels. Un pluriel a quand même plus de classe qu’un singulier.Les trois amis ricanèrent.- Des «s», comme tout le monde? Pas question. Nous préférons le "x". Oui,"x", comme les films érotiques interdits aux moins de dix-huit ans.La marchande s’enfuit en rougissant.Les pronoms :C'est la tribu des pronoms.Monsieur Henri avait raison. Les pronoms toisaient tous les autres mots avecun de ces mépris...- On leur a donné un rôle très important: tenir, dans certains cas, la place desnoms. Par exemple, au lieu de dire «Jeanne et Thomas ont fait naufrage, Jeanneet Thomas ont abordé dans une île ou Jeanne et Thomas réapprennent а parler»...au lieu de répéter sans fin Jeanne et Thomas, mieux vaut utiliser le pronom«ils».Pendant qu'il parlait, un pronom, «ceux-ci», se dressa de son banc et sauta surun nom pluriel qui passait tranquillement précédé par son article, «lesfootballeurs». En un instant, «les footballeurs» avaient disparu, comme avaléspar «ceux-ci». Plus de trace des footballeurs, «ceux-ci» les avait remplacés. Jen'en croyais pas mes yeux.-Vous voyez, les pronoms ne sont pas seulement prétentieux. Ils peuvent semontrer violents. А force d'attendre un remplacement, ils perdent patienceVerbes : Ce sont les verbes. Regardez-les, des maniaques du labeur. Ils n'arrêtent pasde travailler.Il disait vrai. Ces fourmis, ces verbes, comme il les avait appelés, serraient,sculptaient, rongeaient, réparaient; ils couvraient, polissaient, limaient, vissaient,sciaient; ils buvaient, cousaient, trayaient, peignaient, croissaient. Dans unecacophonie épouvantable. On aurait dit un atelier de fous, chacun besognaitfrénétiquement sans s'occuper des autres.- Un verbe ne peut pas se tenir tranquille, m'expliqua la girafe, c'est sa nature.Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il travaille. Tu as remarqué les deux, là-bas, qui courent partout?Je mis du temps а les repérer, dans le formidable désordre. Soudain, je lesaperçus, «être» et «avoir». Oh, comme ils étaient touchants! Ils cavalaient d'unverbe а l'autre et proposaient leurs services: «Vous n'avez pas besoin d'aide?Vous ne voulez pas un coup de main? »- Tu as vu comme ils sont gentils? C'est pour ça qu'on les appelle desauxiliaires, du larin auxilium, secours. Et maintenant, à toi de jouer. Tu vasconstruire ta première phrase.(...) Fais confiance au papier, Jeanne. Les mots aiment le papier, comme nous lesable de la plage ou les draps du lit. Sitôt qu'ils touchent une page, ils s'apaisent,ils ronronnent, ils deviennent doux comme des agneaux, essaie, tu vas voir, il n'ya pas de plus beau spectacle qu'une suite de mots sur une feuille.J'obéis. Je lâchai «fleur», puis «grignoter», enfin «diplodocus». MonsieurHenri ne m'avait pas menti: le papier était la vraie saison des mots. Sitôt couchéssur lui, ils cessaient de s'agiter, ils fermaient les yeux ils s’abandonnaient,comme un enfant à qui on raconte une histoire.- Tu es contente de toi ?La voix de la girafe me tira de ma contemplation attendrie. Je regardai laphrase que j'avais formée, ma première depuis le naufrage, et j'éclatai de rire:« La fleur grignoter le diplodocus. »- Où as-tu vu ça? Une plante fragile dévorer un monstre! Généralement, lepremier mot d'une phrase, c'est le sujet, celui ou celle qui fait l'action. Ledernier, c'est le complément, parce qu'il complète l'idée commencée par leverbe...Pendant qu'il parlait, j'avais vite modifié l'ordre. « Le diplodocus grignoter lafleur.»- Je préfère ça. Entre nous, je ne sais pas très bien si ces grosses bêtes-làadoraient les fleurs. Bien. Dernière étape, nous allons dater le verbe.«Grignoter», c'est trop vague. Et ça ne dit pas quand ça s'est passé! Il faut donner un temps au verbe. Encore un effort, Jeanne, reste concentrée. Tu voisles grandes horloges, là-bas? Vas-y. Et choisis.* * *Une famille de hautes horloges à grands balanciers de cuivre se dressait surune sorte d'estrade en bois. On aurait dit que, de leurs cadrans, elles surveillaientl'usine la plus nécessaire du monde. Je m'approchai de la première horloge.(...)'entendis des grincements d'engrenage,trois notes de carillon. Et la feuille me revint, avec ma phrase complétée: «Lediplodocus grignote la fleur.» Alors seulement je découvris la pancarte:HORLOGE DU PRÉSENT.Encouragée par Monsieur Henri, je continuai ma promenade dans le temps.Les deux horloges voisines se présentaient elles-mêmes comme celles du passé.Leurs balanciers jouaient un drôle de jeu: montés vers la gauche, ils neredescendaient pas. On les aurait dît cassés. Et pourquoi deux horloges? Rien nesemblait plus simple que le passé. Le passé: le royaume de ce qui est fini et nereviendra plus.- Essaie l'une après l'autre. Tu comprendras.Ma feuille deux fois envoyée et deux fois revenue, je comparai. MonsieurHenri lisait derrière mon dos et commentait:- «Le diplodocus grignotait.» Tu es dans l'imparfait. C'est du passé bien sûr,mais un passé qui a duré longtemps, un passé qui se répétait: qu'est-ce qu'ilsfaisaient toute la journée, les diplodocus, du premier janvier au trente et undécembre? Ils grignotaient. Alors que là, «grignota», tu es dans le passé simple.C'est-а-dire un passé qui n'a duré qu'un instant. Un jour que, par exception, peut-être après une indigestion, le diplodocus n'avait plus faim, il grignota une fleur.Le reste du temps, il dévorait. Tu comprends?Simple, rien de plus simple que ce passé-là. Je passai а l'horloge voisine,celle du futur. Son balancier était aussi bloqué, mais de l'autre côté, en haut аdroite. Je glissai ma feuille et «grignoter» me revint «grignotera». Le diplodocusétait entré dans le futur: demain, il fera un repas léger de fleurs ! (...) Dans la dernière horloge de haute taille, le balancier était fou. Il s'agitait entout sens, plus girouette que balancier, au gré d'on ne savait quelle fantaisie.- Ça, c'est le conditionnel expliqua Monsieur Henri. Rien n'est sûr, tout peutarriver, mais tout dépend des conditions. Si le temps était beau, si les glaces seretiraient, si..., si..., alors le diplodocus grignoterait, tu me suis? Il se pourraitqu'il grignote mais je ne peux pas te le garantir.Le présent, les deux passés, le futur, le conditionnel... J'avais fermé les yeuxet je rangeais soigneusement dans ma tête toutes ces temps si utiles.coordinations et interjections :J'ai joué toute la journée à assembler des mots et créer des phrases. J'avais l'impression de retrouver les cubes de monenfance. Je combinais, j'accumulais, je développais. J'avais découvert, enfouinant dans l'usine, d'autres distributeurs. Celui des interjections (Ah! Bon!Hélas!), celui des conjonctions (mais, ou, et, donc, or, ni, car...), petits mots bienutiles pour relier les morceaux de phraseLes prépositions Il y a aussi un distributeur de prépositions pour les compléments indirects : aller àParis, revenir de New York, etc.Développer ses phrases :J'ai joué toute la journée à assembler des mots et créer des phrases. J'avais l'impression de retrouver les cubes de monenfance. Je combinais, j'accumulais, je développais. Au fil des heures, mon diplodocus s'étendait, s'allongeait, il gagnait en taille,il serpentait comme un fleuve, il débordait de la page...Le directeur n'en crut pas ses yeux quand il regarda mon travail: «Aufond de la forêt impénétrable, le gigantesque et verdâtre diplodocus confiait à ses amis en pleurant qu'il avait grignoté par erreur la fleur délicate, jaune, rare,ni européenne ni américaine mais asiatique, qu'un colporteur terrorisé lui avaitvendue trois fois rien et que sa fiancée, une blonde acariâtre, colérique, et néanmoins tendrement aimée, attendait impatiemment depuis desannées.»- Une phrase, c'est comme un arbre de Noël.Tu commences par le sapin nu etpuis tu l'ornes, tu le décores à ta guise... Jusqu'à ce qu'il s'effondre. Attention à taphrase : si tu la charges trop de guirlandes et de boules, je veux dire d'adjectifs,d'adverbes et de relatives, elle peut s'écrouler aussi.Je me jurai de construire plus léger à l'avenir.- Ne t'inquiète pas. Les débutants surchargent toujours. L'usine est à toi.Comme à tous les habitants de l'île qui veulent s'amuser avec les phrases.Regarde.Je me tournai. Toute à mon travail, je n'avais prêté aucune attention à ceuxqui m'entouraient. Pourtant, ils étaient des dizaines, hommes et femmes de tousâges, à jouer comme moi. Courant de la volière aux distributeurs, assiégeant leshorloges et gloussant de bonheur quand, sur le papier, le résultat correspondait àleur attente ou, mieux, les surprenait. - Les vrais amis des phrases sont comme les fabricants de colliers. Ils enfilentdes perles et de l'or. Mais les mots ne sont pas seulement beaux. Ils disent lavérité. |
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