Souvent pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Lay Lay
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Sujet: Re: Récitations Jeu 4 Fév - 17:39
Modo j'ai changé d'avis sur ma récitation. Comme La Mort des Amants n'est que coefficiant un, je vais donc choisir Le Serpent qui danse.
Le serpent qui danse
Que j'aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Miroiter la peau !
Sur ta chevelure profonde Aux acres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s'éveille Au vent du matin, Mon âme rêveuse appareille Pour un ciel lointain.
Tes yeux, où rien ne se révèle De doux ni d'amer, Sont deux bijoux froids où se mêle L'or avec le fer.
A te voir marcher en cadence, Belle d'abandon, On dirait un serpent qui danse Au bout d'un bâton.
Comme un flot grossi par la fonte Des glaciers grondants, Quand l'eau de ta bouche remonte Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de Bohème, Amer et vainqueur, Un ciel liquide qui parsème D'étoiles mon cœur !
Modo Aidactif
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Sujet: Re: Récitations Lun 1 Mar - 19:13
Nouvel extrait audio du Serpent qui danse ( voix d'un enfant plus de Gainsbourg )
Que j'aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Miroiter la peau !
Sur ta chevelure profonde Aux acres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s'éveille Au vent du matin, Mon âme rêveuse appareille Pour un ciel lointain.
Tes yeux, où rien ne se révèle De doux ni d'amer, Sont deux bijoux froids où se mêle L'or avec le fer.
A te voir marcher en cadence, Belle d'abandon, On dirait un serpent qui danse Au bout d'un bâton.
Comme un flot grossi par la fonte Des glaciers grondants, Quand l'eau de ta bouche remonte Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de Bohème, Amer et vainqueur, Un ciel liquide qui parsème D'étoiles mon cœur !
Je choisie cette récitaion top
Alizée
Nombre de messages : 1731
Sujet: Re: Récitations Mer 23 Fév - 13:24
Bonjour, pour ma part je choisis celle-là :
L'ENNEMI ( Baudelaire )
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants soleils ; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées, Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées, Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
—O douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie, Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Il me semble parfois que mon sang coule à flots, Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots. Je l'entends bien qui coule avec un long murmure, Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
Maelys
Nombre de messages : 456
Sujet: Re: Récitations Mer 23 Fév - 13:25
Modo, le lien du serpent qui danse ( l'écoute ) ne marche pas chez moi !!
La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... Puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! Trop tard ! Jamais peut-être ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Pour moi ce sera celle-là.
Modo Aidactif
Nombre de messages : 22140
Sujet: Re: Récitations Jeu 24 Fév - 13:53
Tu as aussi plusieurs extraits audio de ce poème sur ce lien
Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir, tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets; Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes; O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, O frères implacables!
Charles Baudelaire
Pour ma part, je choisis ce poème.
Mécano
Nombre de messages : 103
Sujet: Re: Récitations Mer 2 Mar - 19:24
Moi je choisis L'ENNEMI:
L'ENNEMI ( Baudelaire )
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants soleils ; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées, Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées, Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
—O douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie, Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Il me semble parfois que mon sang coule à flots, Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots. Je l'entends bien qui coule avec un long murmure, Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
Fleur du mal
Nombre de messages : 790
Sujet: Re: Récitations Mer 2 Mar - 20:48
Pour moi ce sera !
REVERSIBILITE
Ange plein de gaîté, connaissez-vous l'angoisse, La honte, les remords, les sanglots, les ennuis, Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits Qui compriment le coeur comme un papier qu'on froisse ? Ange plein de gaîté, connaissez-vous l'angoisse ?
Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine, Les poings crispés dans l'ombre et les larmes de fiel, Quand la Vengeance bat son infernal rappel, Et de nos facultés se fait le capitaine ? Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine ?
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides, Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment De lire la secrète horreur du dévouement Dans des yeux où longtemps burent nos yeux avides ?
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides ? — Mais de toi je n'implore, ange, que tes prières, Ange plein de bonheur, de joie et de lumières !
Pashmina
Nombre de messages : 106
Sujet: Re: Récitations Mer 2 Mar - 21:06
Je choisi de prendre : PAYSAGE Il est doux, à travers les brumes, de voir naître L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre. Je verrai les printemps, les étés, les automnes, Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones, Je fermerai partout portières et volets Pour bâtir dans la nuit mes féériques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres, Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres, Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin, Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
Car je serai plongé dans cette volupté D'évoquer le Printemps avec ma volonté, De tirer un soleil de mon coeur, et de faire De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.
Voici venir le temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ; Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ; Valse mélancolique et langoureux vertige !
Dernière édition par Pashmina le Lun 14 Mar - 21:49, édité 3 fois
Ténèbres
Nombre de messages : 236
Sujet: Re: Récitations Jeu 3 Mar - 13:03
Je prends celui là.
Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir, tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets; Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes; O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, O frères implacables!
Rantanplan
Nombre de messages : 344
Sujet: Re: Récitations Jeu 3 Mar - 15:27
Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir, tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets; Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes; O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, O frères implacables!
Je prends celui-là aussi.
Mamadou
Nombre de messages : 601
Sujet: Re: Récitations Jeu 3 Mar - 21:01
Pour ma part, ce sera ce sonnet :
LA VIE ANTERIEURE
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux, Et que leurs grands piliers, droits et majestueux, Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux, Mêlaient d'une façon solennelle et mystique Les tout-puissants accords de leur riche musique Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes, Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes, Et dont l'unique soin était d'approfondir Le secret douloureux qui me faisait languir.
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
Maelys
Nombre de messages : 456
Sujet: Re: Récitations Sam 5 Mar - 21:25
Modo a écrit:
Nouvel extrait audio du Serpent qui danse ( voix d'un enfant plus de Gainsbourg )
L'extrait ne s'ouvre pas
Modo Aidactif
Nombre de messages : 22140
Sujet: Re: Récitations Sam 5 Mar - 21:35
Tu le trouveras sur le topic des poèmes en video et audio
Dernière édition par Modo le Lun 7 Mar - 20:03, édité 1 fois
Pamela
Nombre de messages : 641
Sujet: Re: Récitations Lun 7 Mar - 17:12
Pour ma part je choisis :
LA VIE ANTERIEURE
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux, Et que leurs grands piliers, droits et majestueux, Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux, Mêlaient d'une façon solennelle et mystique Les tout-puissants accords de leur riche musique Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes, Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes, Et dont l'unique soin était d'approfondir Le secret douloureux qui me faisait languir.
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
Alone
Nombre de messages : 95
Sujet: Re: Récitations Lun 7 Mar - 19:54
Voila la poésie que j'ai choisi :
Il est doux, à travers les brumes, de voir naître L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre, Les fleuves de charbon monter au firmament Et la lune verser son pâle enchantement.
Je fermerai partout portières et volets Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais. Alors je rêverai des horizons bleuâtres, Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin, Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin. Car je serai plongé dans cette volupté D'évoquer le Printemps avec ma volonté, De tirer un soleil de mon cœur, et de faire De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.
Voici venir le temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ; Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ; Valse mélancolique et langoureux vertige !
Dark Vador
Nombre de messages : 160
Sujet: Re: Récitations Mar 8 Mar - 18:17
Et bien moi aussi je vais prendre l'homme et la mer ( et je préviens les autres que je suis le 4° à la prendre donc elle ne peut pas être récité une autre fois )
Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir, tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets; Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes; O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, O frères implacables!
Esméralda.
Nombre de messages : 139
Sujet: Re: Récitations Ven 11 Mar - 18:38
Et moi ce sera celle-ci :
L'HORLOGE
Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi ! Les vibrantes douleurs dans ton cœur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible ;
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix D'insecte, maintenant dit : je suis Autrefois, Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! C'est la loi. Le jour décroît ; la nuit augmente ; Souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard, Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le Repentir même (oh ! La dernière auberge !), Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! Il est trop tard ! "