Modo Aidactif
Nombre de messages : 22140
| Sujet: Les fables d'Esope Ven 12 Avr - 9:47 | | |
| Esope est un fabuliste (un auteur de fables) de l'antiquité grecque. On lui attribue la paternité du genre de la fable, même s'il est plausible qu'il en existait avant lui de manière orale. Il aurait été esclave, puis affranchi. Ses fables étaient si populaires dans tout le monde gréco-romain jusqu'à l'époque récente que même Jean de La Fontaine s'en est inspiré pour écrire de très nombreuses fables. Ex : Du Corbeau et du Renard Un Corbeau s’était perché sur un arbre, pour manger un fromage qu’il tenait en son bec. Un Renard, qui l’aperçut, fut tenté de lui enlever cette proie. Pour y réussir et pour détourner l'attention du Corbeau, il commença à le louer de la beauté de son plumage. Le Renard, voyant que le Corbeau prenait goût à ses louanges, renchérit : "C’est grand dommage, poursuivit-il, que votre chant ne réponde pas à tant de rares qualités que vous avez. » Le Corbeau, voulant persuader au Renard que son chant n’était pas désagréable, se mit à chanter, et laissa tomber le fromage qu’il avait au bec. C’est ce que le Renard attendait. Il s’en saisit aussitôt, et le mangea sous les yeux du Corbeau, qui demeura tout honteux de sa sottise, et de s’être laissé séduire par les fausses louanges du rusé Renard. Ex : Du loup et de l'agneau (version Esope) Un Loup, buvant à la source d’une fontaine, aperçut un Agneau qui buvait au bas du ruisseau ; il l’aborda tout en colère, et lui fit des reproches, vociférant en disant qu’il avait troublé son eau. L’Agneau, pour s’excuser, lui fit remarquer qu’il buvait au-dessous de lui, et que l’eau ne pouvait remonter vers sa source. Le Loup, sentant que son reproche ne tenait pas, redoubla sa rage et accusa l’Agneau d'avoir, il y a plus de six mois, dit du mal de lui. "Je n’étais pas encore né, répliqua l’Agneau. -Il faut donc, objecta le Loup, que ce soit ton père ou ta mère. » Et sans apporter d’autres raisons, il se jeta sur l’Agneau et le dévora, pour le punir (prétexta-t-il) de la haine de ses parents. Version Jean de La Fontaine : - Spoiler:
[size=31]Le Loup et l'Agneau
La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l'allons montrer tout à l'heure. Un Agneau se désaltérait Dans le courant d'une onde pure. Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait. Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité. - Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté Ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu'elle considère Que je me vas désaltérant Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d'Elle, Et que par conséquent, en aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson. - Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, Et je sais que de moi tu médis l'an passé. - Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ? Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère. - Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. - Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens : Car vous ne m'épargnez guère, Vous, vos bergers, et vos chiens. On me l'a dit : il faut que je me venge. Là-dessus, au fond des forêts Le Loup l'emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procès.[/size]
Du chien et de son image : Un Chien traversant une rivière sur une planche, tenait dans sa gueule un morceau de chair, que la lumière du Soleil fit paraître plus gros dans l’eau, comme c’est l’ordinaire. Son avidité le poussa à vouloir prendre ce qu’il voyait, et il lâcha ce qu’il portait, pour courir après cette ombre. C’est ainsi que sa gourmandise fut trompée, et il apprit à ses dépens qu’il vaut mieux conserver ce que l’on possède, que de courir après ce qu’on n’a pas. Version Jean de La Fontaine : - Spoiler:
Le Chien lâchant sa proie pour l’ombre Chacun se trompe ici-bas : On voit courir après l’ombre Tant de fous qu’on n’en sait pas La plupart du temps le nombre. Au Chien dont parle Ésope il faut les renvoyer. Ce Chien, voyant sa proie en l’eau représentée, La quitta pour l’image, et pensa se noyer. La rivière devint tout d’un coup agitée ; À toute peine il regagna les bords, Et n’eut ni l’ombre ni le corps. Jean de La Fontaine
Petite anecdote qui se raconte sur Esope du temps où il était esclave d'un certain Xantus : Xantus demande à son esclave d'aller acheter le meilleur pour un repas qu'il veut offrir à ses convives. Esope achète de la langue et la cuisine pour tous les plats. Il explique alors à son maître étonné que la langue est la meilleure des choses : elle permet de s'exprimer, créer des liens, apprendre, comprendre, faire de la politique et prier. (poser des questions en classe pour mieux comprendre, participer au cours, faire des remarques judicieuses et pertinentes, parler à bon escient. )Xantus est impressionné par la sagesse de son esclave. Pour le mettre à l'épreuve, Xantus lui demande le lendemain un repas préparé avec "ce qu'il y a de pire".
Esope prépare exactement le même repas que la veille. Devant l'étonnement du maitre, Esope explique que la langue est aussi la pire des choses sur la Terre : elle sert à se disputer, créer des procès, des guerres, mentir, se tromper, dire des calomnies..... (bavarder en classe, distraire ses camarades, empêcher la classe de se concentrer, faire le pitre, parler à mauvais escient, utiliser un niveau de langue inadapté en cours... ) La langue est donc un organe qui peut être un don des dieux pour faire le bien ou une malédiction, créant les pires choses. A nous de savoir bien l'utiliser.
|
|