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Modo Aidactif
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| Sujet: Récitations Sam 2 Jan - 23:02 | | |
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Dernière édition par Modo le Lun 7 Fév - 19:53, édité 2 fois |
| | | Modo Aidactif
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:05 | | |
| ELEVATION ( Baudelaire )
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par-delà le soleil, par-delà les éthers, Par-delà les confins des sphères étoilées, Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde, Tu sillonnes gaîment l'immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté. Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ; Va te purifier dans l'air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides. Derrière les ennuis et les sombres chagrins Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse S'élancer vers les champs lumineux et sereins ; Celui dont les pensers, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, — Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes !
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
Dernière édition par Modo le Lun 7 Fév - 19:54, édité 1 fois |
| | | Modo Aidactif
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:08 | | |
| Le chat ( Extraits )
Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux Mêlés de métal et d'agate. Quand mes yeux vers ce chat que j'aime, Tirés comme par un aimant, Se retournent docilement, Et que je regarde en moi-même,
Je vois avec étonnement Le feu de ses prunelles pâles, Clairs fanaux, vivantes opales, Qui me contemplent fixement.( ... ) Ils prennent en songeant les nobles attitudes Des grands sphinx allongés au fond des solitudes, Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin ; Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques, Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin, Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:09 | | |
| L'ENNEMI ( Baudelaire )
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants soleils ; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. Voilà que j'ai touché l'automne des idées, Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées, Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux. Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? —O douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie, Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Il me semble parfois que mon sang coule à flots, Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots. Je l'entends bien qui coule avec un long murmure, Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:25 | | |
| Le serpent qui danse
Que j'aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Miroiter la peau ! Sur ta chevelure profonde Aux acres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns, Comme un navire qui s'éveille Au vent du matin, Mon âme rêveuse appareille Pour un ciel lointain. Tes yeux, où rien ne se révèle De doux ni d'amer, Sont deux bijoux froids où se mêle L'or avec le fer. A te voir marcher en cadence, Belle d'abandon, On dirait un serpent qui danse Au bout d'un bâton. Comme un flot grossi par la fonte Des glaciers grondants, Quand l'eau de ta bouche remonte Au bord de tes dents, Je crois boire un vin de Bohème, Amer et vainqueur, Un ciel liquide qui parsème D'étoiles mon cœur !
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:26 | | |
| REVERSIBILITE
Ange plein de gaîté, connaissez-vous l'angoisse, La honte, les remords, les sanglots, les ennuis, Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits Qui compriment le cœur comme un papier qu'on froisse ? Ange plein de gaîté, connaissez-vous l'angoisse ? Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine, Les poings crispés dans l'ombre et les larmes de fiel, Quand la Vengeance bat son infernal rappel, Et de nos facultés se fait le capitaine ? Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine ?
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides, Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment De lire la secrète horreur du dévouement Dans des yeux où longtemps burent nos yeux avides ? Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides ? — Mais de toi je n'implore, ange, que tes prières, Ange plein de bonheur, de joie et de lumières !
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:27 | | |
| Paysage
Il est doux, à travers les brumes, de voir naître L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre. Je verrai les printemps, les étés, les automnes, Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones, Je fermerai partout portières et volets Pour bâtir dans la nuit mes féériques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres, Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres, Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin, Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
Car je serai plongé dans cette volupté D'évoquer le Printemps avec ma volonté, De tirer un soleil de mon coeur, et de faire De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
Rêve parisien
Le sommeil est plein de miracles ! Par un caprice singulier, J'avais banni de ces spectacles Le végétal irrégulier,
Et, peintre fier de mon génie, Je savourais dans mon tableau L'enivrante monotonie Du métal, du marbre et de l'eau ...
C'étaient des pierres inouïes Et des flots magiques ! C'étaient D'immenses glaces éblouies Par tout ce qu'elles reflétaient !
En rouvrant mes yeux pleins de flammes, J'ai vu l'horreur de mon taudis Et senti, rentrant dans mon âme, La pointe des soucis maudits.
La pendule aux accents funèbres Sonnait brutalement minuit Et le ciel versait des ténèbres Sur le triste monde engourdi.
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
LA MORT DES AMANTS
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux. Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. Un soir plein de rose et de bleu mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux : Et bientôt un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté.
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:27 | | |
| LA VIE ANTERIEURE
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux, Et que leurs grands piliers, droits et majestueux, Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques. Les houles, en roulant les images des cieux, Mêlaient d'une façon solennelle et mystique Les tout-puissants accords de leur riche musique Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux. C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes, Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs, Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes, Et dont l'unique soin était d'approfondir Le secret douloureux qui me faisait languir.
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:28 | | |
| L'HORLOGE
Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi ! Les vibrantes douleurs dans ton cœur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible ; Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix D'insecte, maintenant dit : je suis Autrefois, Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or ! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! C'est la loi. Le jour décroît ; la nuit augmente ; Souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide. Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard, Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le Repentir même (oh ! La dernière auberge !), Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! Il est trop tard ! "
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
Dernière édition par Modo le Lun 7 Fév - 19:57, édité 3 fois |
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:28 | | |
| L'INVITATION AU VOYAGE
Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ; — Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait A l'âme en secret Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe,françois ponsard calme et volupté.
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
Je voudrais voir les gens qui poussent à la guerre, Sur un champ de bataille, à l’heure où les corbeaux Crèvent à coup de becs et mettent en lambeaux Tous ces yeux et ces cœurs qui s’enflammaient naguère. Tandis que flotte au loin le drapeau triomphant, Et que parmi ceux-là qui gisent dans la plaine, Les doigts crispés, la bouche ouverte et sans haleine, L’un reconnaît son frère et l’autre son enfant. Oh ! Je voudrais les voir, lorsque dans la mêlée La gueule des canons crache à pleine volée, Des paquets de mitraille au nez des combattants. Les voir tous ces gens-là prêcher leurs théories Devant ces fronts troués, ces poitrines meurtries D’où la mort a chassé des âmes de vingt ans.
François Ponsard
Dernière édition par Modo le Jeu 25 Avr - 9:28, édité 12 fois |
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:41 | | |
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Phèdre (Acte I scène 3) de Jean Racine
Athènes me montra mon superbe ennemi. Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; Je sentis tout mon corps, et transir et brûler. Je reconnus Vénus et ses feux redoutables, D’un sang qu’elle poursuit, tourments inévitables ! Par des vœux assidus je crus les détourner : Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ; (...) J’ai revu l’Ennemi que j’avais éloigné : Ma blessure trop vive aussitôt a saigné. Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée : C’est Vénus toute entière à sa proie attachée.
-------------------------------------------------------------------------------- BERENICE de Jean Racine
La grandeur des Romains, la pourpre des Césars, N'a point, vous le savez, attiré mes regards. J'aimais, Seigneur, j'aimais, je voulais être aimée. (..) Je n'écoute plus rien, et pour jamais, adieu. Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ? Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous, Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ? Que le jour recommence, et que le jour finisse, Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice, Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?
SPLEEN
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans ... Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans Cache moins de secrets que mon triste cerveau. C'est une pyramide, un immense caveau, Qui contient plus de morts que la fosse commune. — Je suis un cimetière abhorré de la lune ... Rien n'égale en longueur les boiteuses journées, Quand, sous les lourds flocons des neigeuses années, L'ennui, fruit de la morne incuriosité, Prend les proportions de l'immortalité.
Il me semble parfois que mon sang coule à flots, Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots. Je l'entends bien qui coule avec un long murmure, Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
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Dernière édition par Modo le Mar 22 Fév - 22:53, édité 4 fois |
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:44 | | |
| L'ALBATROS
Souvent pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. À peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait! Le poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
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| | | Modo Aidactif
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:54 | | |
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Mon rêve familier ( Paul Verlaine )
je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - je l'ignore. Son nom? je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
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| | | Modo Aidactif
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| Sujet: Re: Récitations Sam 2 Jan - 23:58 | | |
| « Las, où est maintenant... ».Joachim du Bellay
Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ? Où est ce cœur vainqueur de toute adversité, Cet honnête désir de l’immortalité, Et cette honnête flamme au peuple non commune ?
Où sont ces doux plaisirs qu’au soir sous la nuit brune Les Muses me donnaient, alors qu’en liberté Dessus le vert tapis d’un rivage écarté Je les menais danser aux rayons de la Lune ?
Maintenant la Fortune est maîtresse de moi, Et mon cœur, qui soulait être maître de soi, Est serf de mille maux et regrets qui m’ennuient.
De la postérité je n’ai plus de souci, Cette divine ardeur, je ne l’ai plus aussi, Et les Muses de moi, comme étranges, s’enfuient. |
| | | Modo Aidactif
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| Sujet: Re: Récitations Dim 3 Jan - 0:24 | | |
| Les femmes damnées (extraits )Avons-nous donc commis une action étrange ? Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi : Je frissonne de peur quand tu me dis : " Mon ange ! " Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.
Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée ! Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection, Quand même tu serais une embûche dressée Et le commencement de ma perdition !
Maudit soit à jamais le rêveur inutile Qui voulut le premier, dans sa stupidité, S'éprenant d'un problème insoluble et stérile, Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté !
Celui qui veut unir dans un accord mystique L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour, Ne chauffera jamais son corps paralytique A ce rouge soleil que l'on nomme l'amour !- Spoiler:
ou ces deux strophes à la place des deux dernières :
Mais l'enfant, épanchant une immense douleur, Cria soudain : " Je sens s'élargir dans mon être Un abîme béant ; cet abîme est mon cœur !
Brûlant comme un volcan, profond comme le vide ! Rien ne rassasiera ce monstre gémissant Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang.
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| | | Modo Aidactif
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| Sujet: Re: Récitations Dim 3 Jan - 0:39 | | |
| A UNE PASSANTE
La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ; Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... Puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? Ailleurs, bien loin d'ici ! Trop tard ! Jamais peut-être ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! |
| | | Modo Aidactif
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| Sujet: Re: Récitations Dim 3 Jan - 0:42 | | |
| Recueillement
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci, Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.
Dernière édition par Modo le Mer 15 Oct - 10:10, édité 1 fois |
| | | Modo Aidactif
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| Sujet: Re: Récitations Dim 3 Jan - 0:47 | | |
| La cloche fêlée
Il est amer et doux, pendant les nuits d'hiver, D'écouter près du feu qui palpite et qui fume Les souvenirs lointains lentement s'élever Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.
Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante, Jette fidèlement son cri religieux, Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente!
Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits, Il arrive souvent que sa voix affaiblie
Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie Au bord d'un lac de sang sous un grand tas de morts, Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts. |
| | | Modo Aidactif
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| Sujet: Re: Récitations Dim 3 Jan - 0:52 | | |
| Correspondances
La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, - Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies, Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens, Qui chantent les transports de l'esprit et des sens. |
| | | Modo Aidactif
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| Sujet: Re: Récitations Mar 5 Jan - 15:24 | | |
| Quinze ans
Quinze ans, déjà on quitte un peu l'enfance, Ou du moins, on le croit ! On se prend pour 'quelqu'un' On aime critiquer, s'opposer à outrance On veut tout démolir et créer à la fois On aime furieusement Sans nuance, sans remords, Puis tout à coup, on n'aime plus On regrette de vivre et on souhaite la mort
On sombre alors dans un grand abattement On se sent seule, incomprise Et on a mal ... On rêve d'évasion, de bonheur vite gagné, D' îles merveilleuses où l'on vit sans soucis On ne parle à personne, on boude et on se plaint
C'est l'âge des tourments.
Mais voilà qu'un beau matin On se rend compte enfin Que l'on ne connait rien ! Alors on balaie les tourments Et, bien vite, on se prépare à devenir grand En abandonnant ses quinze ans ...
Anonyme
Dernière édition par Modo le Lun 7 Fév - 19:52, édité 1 fois |
| | | Arès
Nombre de messages : 624
| Sujet: Re: Récitations Mar 5 Jan - 20:03 | | |
| L'ALBATROS
Souvent pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. À peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait! Le poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Modo, je pense que je vais apprendre cette poésie, le texte m'accroche bien puis, j'aime beaucoup la mer. |
| | | Romulus
Nombre de messages : 435
| Sujet: Re: Récitations Mer 6 Jan - 13:54 | | |
| L'ALBATROS
Souvent pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Je crois que je vais aussi prendre ce poème , ce poème me semble plaisant.
Dernière édition par Romulus le Mer 6 Jan - 14:20, édité 2 fois |
| | | Anaconda
Nombre de messages : 394
| Sujet: Re: Récitations Mer 6 Jan - 14:05 | | |
| LA VIE ANTERIEURE
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux, Et que leurs grands piliers, droits et majestueux, Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux, Mêlaient d'une façon solennelle et mystique Les tout-puissants accords de leur riche musique Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes, Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes, Et dont l'unique soin était d'approfondir Le secret douloureux qui me faisait languir.
Pour ma part, je vais prendre ce poème.
Dernière édition par Anaconda le Dim 14 Fév - 10:41, édité 2 fois |
| | | Pégase
Nombre de messages : 1208
| Sujet: Re: Récitations Mer 6 Jan - 14:11 | | |
| A UNE PASSANTE
La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ; Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... Puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? Ailleurs, bien loin d'ici ! Trop tard ! Jamais peut-être ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Et moi celui la.
Dernière édition par Pégase le Sam 9 Jan - 13:49, édité 1 fois |
| | | Daredevil
Nombre de messages : 290
| Sujet: Re: Récitations Mer 6 Jan - 15:00 | | |
| - Modo a écrit:
SPLEEN
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans ...
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans Cache moins de secrets que mon triste cerveau. C'est une pyramide, un immense caveau, Qui contient plus de morts que la fosse commune. — Je suis un cimetière abhorré de la lune ...
Rien n'égale en longueur les boiteuses journées, Quand, sous les lourds flocons des neigeuses années, L'ennui, fruit de la morne incuriosité, Prend les proportions de l'immortalité.
Il me semble parfois que mon sang coule à flots, Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots. Je l'entends bien qui coule avec un long murmure, Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
J'aime bien celui-ci, donc je le prends :) |
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