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| Cahier de textes des 4emes 1 de Prades | |
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Auteur | Message |
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Capitaine Caaaaaaverne ! Aidactive
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mer 5 Avr - 18:16 | | |
| Lettres a toutes les demoiselles Je m’appelle alex , lucas , mathéo, jehan , j’ai 14 ans ,je suis un garçon normal de 4eme dans un collège normal. Comme dans tous les collèges normaux il y a des filles . Et comme dans tous les collèges elles se font insulter, traiter de «pute», de «salope», «bousculer»mais juste un peu, en passant, «peloter" de façon plus ou moins ou plus brutale, plus au moins salace par des garçons normaux ,comme ceux que j'appelle mes potes, c'est à dire pas des caids, pas des terreurs, juste des mecs normaux, comme moi.. Parce que moi aussi je voulais impressionner mes amis, parce que tout le monde le fait ,pour faire le chaud, pour me sentir supérieur, adulte , un vrai mec ou juste pour le fun. En fait, il en suffit d’un pour que tout commence.Il en suffit d’un pour que tous commence mais un seul ne suffira pas pour tout arréter. Je n’y arriverai pas tout seul.Parce que maintenant je me demande: à partir de quand il est vraiment trop tard?A partir de quand une fille commence t’elle à perdre totalement confiance en elle ,à éviter d’etre toute seule dans la cour, à redouter de devoir traverser un couloir où il y a plein d'élèves , à se sentir inquiéte quant elle marche sur le chemin du college , à renoncer à se mettre en jupe, à préferer se cacher sous des gros pulls ou un t-shirt large et surtout à se demander ce qu'elle à fait pour mériter ça, pourquoi elle renvoie cette image d’elle à avoir honte a ne pas oser en parler à ses parents et aussi à se demander comment se défendre ,( pourquoi moi ?). Je me demande aussi a partir de quand elle commence à penser que les garçons sont tous les mêmes et que moi aussi je suis ce genre de garçon.
Je sais je suis un garçon qui se pose depuis peu beaucoup de questions. Alors j’écris ce courrier pour dire que ,même si j’ai souvent eu la prétendue élégance d’ajouter à mes insultes rituelles des « c’est pour rire » ça va je rigole" j'ai fait partie de ce genre de garçons déjà des dizaines , des centaines de fois.
Mais je ne veux plus en faire partie.
j’ai vu en classe ce qu’était une publicité sexiste , j'ai vu en classe l'inégalité des hommes et des femmes, j'ai vu en classe le film ‘L' emprise’ sur Alexandra lange, ,j'ai entendu parler de Catherine Sauvage. J’ai vu. J'ai entendu. Et puis j'ai décidé de me mettre en retrait et j’ai écoute dans la cour autour de moi et j’ai entendu une centaine de fois le mot ‘Pute’, j'ai vu les bousculades qui deviennent des pelotages mais qui ne portent pas leur vrai nom
Ma fierté en a pris un coup.
Et j'ai eu honte
J’ai vu à quelle vitesse les mots pouvaient devenir des coups . L’insulte blesse le coup tue une femme tout les trois jours en France je me demande combien de femme vont «juste» prendre des coups ce soir, sans que personne ne le sache...comme d'habitude" Sans que personne ne dise rien...comme d'habitude... Exactement comme moi, je traitais de "pute" les filles de ma classe... comme d'habitude Je les regarde, en cours et je me demande combien d'entre elles prendront des coups plus tard . une femme meurt tous les trois jours. donc un homme tous les trois jours cogne à mort. C'est mathématique.
Un jour, je serai Papa peut être papa d'une fille. Qu'est ce que je vais bien pouvoir lui dire..."Ignore les", "ça n'a pas d'importance", "c'est rien, ne te fais pas de soucis" Les mots n'ont plus de sens quand les injures finissent par des coups.
je dirai à ma fille et je dis à toutes les filles, même celles que j'ai blessées sans le savoir , " aie ton diplôme, aie ton travail, ton salaire, ton permis de conduire, ta voiture, pour qu'au premier coup, tu puisses te rappeler, ce que je t'ai dit, ma fille, ma princesse: au premier coup, tu prends tes jambes à ton cou et tu fuis, loin... C'est une question de vie ou de mort.
On a toujours le choix. J'ai fait le mien. _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Jeu 13 Avr - 17:40 | | |
| Un témoignage troublant.
Notre équipe de journalistes s'est rendue le 8 mars dernier, Jhournée de la femme, dans le cadre des actions sur l'égalité garçons filles au collège de Prades, (Pyrénées Orientales). Un temps de travail et d'écriture a été réalisé avec les élèves d'une classe de 4em.qui avaient déjà travaillé sur le sujet pendant leurs cours de Français. Voici leur témoignage, qu'ils ont choisi de présenter sous la forme d'une lettre collective.
Lettre ouverte à toutes les demoiselles
Je m’appelle Alex, Lucas, Mathéo, Jehan ou Nader j’ai 14 ans et je suis un garçon normal de 4eme dans un collège normal. Où, évidemment il y a des filles ... Et comme dans tous les collèges elles se font insulter, traiter de pute, de salope, bousculer mais juste un peu, en passant, «toucher » de façon plus ou moins ou plus brutale, par des garçons normaux ,comme mes potes, c'est à dire pas des caïds, pas des terreurs, juste des types normaux, comme moi.. Parce que moi aussi je voulais impressionner mes amis, parce que tout le monde le fait, pour faire le chaud, pour se sentir supérieur, un vrai mec ou juste pour le fun. En fait, il en suffit d’un pour que tout commence. Alors je vous écris ce courrier pour dire que ,même si j’ai souvent eu la ridicule élégance d’ajouter à mes insultes des « c’est pour rire » ça va je rigole" j'ai fait partie de ce genre de garçons déjà des dizaines, des centaines de fois. Mais maintenant je me demande: à partir de quand il est vraiment trop tard? A partir de quand une fille commence à perdre totalement confiance en elle ,à éviter d’être toute seule dans la cour, à redouter de devoir traverser un couloir encombré , à se sentir inquiète quant elle marche sur le chemin du collège , à renoncer à se mettre en jupe, à préférer se cacher sous un gros pull ou un t-shirt large et surtout à se demander ce qu'elle a fait pour mériter ça, à avoir honte et à ne pas oser en parler à ses parents. Je me demande aussi à partir de quand elle commence à penser que les garçons sont tous les mêmes et qu'elle ne peut plus faire confiance à personne. Je sais je suis un garçon qui se pose depuis peu beaucoup de questions.
j’ai vu en classe ce qu’était une publicité sexiste , j'ai vu en classe des reportages sur l'inégalité des hommes et des femmes, j'ai vu en classe le film « L' emprise »sur Alexandra lange, j'ai entendu parler de Catherine Sauvage.
Et puis j'ai décidé de faire une expérience :me mettre en retrait et écouter dans la cour, autour de moi en classe, dans la rue. J’ai entendu une centaine de fois le mot Pute, j'ai vu les garçons bousculer pour pouvoir toucher un peu..
J’ai vu à quelle vitesse les mots pouvaient devenir des gestes.
L’insulte blesse, le coup tue une femme tout les trois jours en France. Je me demande combien de femmes vont «juste» ramasser ce soir, sans que personne ne le sache, sans que personne ne dise rien...comme d'habitude... Exactement comme moi, je traitais de pute les filles de ma classe... par d'habitude Je les regarde, en cours et je me demande combien d'entre elles prendront des coups plus tard . Les mots n'ont plus de sens quand les injures finissent par des coups.
Une femme meurt tous les trois jours. Donc un homme tous les trois jours cogne à mort. C'est mathématique.
Un jour, je serai Papa peut être papa d'une petite fille.
Je dirai à ma fille et je voudrais que tous les pères disent à leurs filles, même celles que j'ai blessées ou fait pleurer sans le savoir: " Parles en, à moi, à ta mère, rien n'est de ta faute, ma Princesse, c'est toi la victime. Sèche tes yeux. Mais je vais t'aider à avoir ton diplôme,ton travail, ton salaire, ton permis de conduire, ta voiture, pour qu'au premier coup, ma fille, mon ange,même si tu es très amoureuse, tu m'appelles et tu te casses, loin... C'est une question de vie ou de mort.
On a toujours le choix. J'ai fait le mien.
Alex, Lucas, Mathéo, Jehan ou Nader. Toute la classe de 4em1
Collège Gustave Violet de Prades _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mar 18 Avr - 16:44 | | |
| Article défini le la les l' art indéfini un,une des article partitif:du de la.. adjectif numéral: un,2;3 adjectif indéfini: certains élèves
adjectif interrogatif: quel élève?
adjectif exclamatif:quel sauvage!
adjectif démonstratif ce,cette ces
adjectif possessif mon, son,leur tes... _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mer 26 Avr - 15:51 | | |
| MEMENTO SUR LE THEATRE
Un dramaturge : un auteur dramatique = un écrivain de pièce de théâtre.
Un acte : un acte correspond à une grande étape de la pièce.
Une scène : scène correspond à l'entrée ou à la sortie d'un ou plusieurs personnages.
La (ou les) scène(s) d'exposition. Elles se trouvent à l'incipit (le début) de la pièce et donnent aux spectateurs toutes les informations utiles pour qu’ils découvrent, aux travers des dialogues, qui sont les personnages , leurs relations, leurs problèmes …
Le dénouement : situation finale de la pièce où tous les problèmes trouvent leurs "solutions" situation finale souvent heureuse ... ou tragique.
La chute ou effet de chute : on parle de la chute d'une histoire quand elle se finit de façon inattendue, .on parle aussi de "Deus ex machina" quand une fin qui semblait devoir être malheureuse s'avère finalement heureuse.
Un aparté : l'acteur parle au public ou à un autre personnage mais les autres sur scène sont supposés ne pas l'entendre.
Les didascalies : indication de jeux de scènes pour les acteurs (gestes, attitude, intonation) écrites en italiques
Une tirade : réplique très longue d’un personnage sans qu’on le coupe.
Les stichomythies : échange de répliques très courtes (souvent quand il y a débat ou que le ton monte) Le monologue : le fait qu’un personnage parle tout seul et dévoile ses sentiments personnels.Il aboutit parfois à une prise de décision .
La double énonciation : les paroles que s'échangent les acteurs sont destinées aux autres personnages mais sont surtout données aux spectateurs_________________
Dernière édition par Capitaine Caaaaaaverne ! le Jeu 27 Avr - 8:27, édité 3 fois |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Jeu 27 Avr - 8:17 | | |
| Tu n' es pas encore née, ma Princesse mais je peux te dire déjà , c'est que la première fois où quelqu'un, un garçon, te parlera mal, se croira supérieur à toi ou te rabaissera par des mots ou des gestes en disant "c'est pas grave, c'est juste pour rire", tu ne devras pas baisser la tête et toujours regarder devant toi. Il faudra que tu viennes m'en parler de suite, que tu me fasses confiance. J'aimerais évidemment éviter que tu aies à rencontrer ce type de personnages, méprisants et mal intentionnés mais, toi et moi, on sait bien que ce n'est pas possible. J'ai beau être un tueur de monstres, un chasseur de fantômes et de cauchemards, il y a des choses dont je ne pourrais pas te protéger. Mais sache que je ferais toujours de mon mieux pour te rendre heureuse ma Princesse. Je te lirais des histoires _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mar 9 Mai - 10:52 | | |
| Méthodologie: reconnaître les différentes fonctions d'une description.Objectif : Comprendre le rôle d'une description dans le récit.Parfois considérée comme un moment vide et ennuyeux, la description joue pourtant un rôle important dans le récit qu'elle enrichit ; elle y occupe différentes fonctions.La description joue souvent un rôle dans le développement de l'histoire, dans le récit.1. La description du cadrePlacée en début de récit, elle permet de présenter le cadre de l'action en en faisant découvrir le lieu, l'époque et les personnages.
Elle permet de saisir la personnalité des personnages et d'avoir une vision d'ensemble des objets qui les entourent et des lieux dans lesquels ils évoluent. Ces descriptions sont particulièrement utilisées dans les romans réalistes dans lesquels l'auteur cherche à reproduire la réalité afin de créer l'illusion du réel.
2. La description des personnagesAu cours du récit, elle est utilisée pour faire connaître les réactions, les sentiments et les émotions des personnages.3. La description de l'atmosphèreElle permet de créer une atmosphère, une ambiance particulière (de joie, d'angoisse ou de fête) afin de préparer l'irruption d'un événement ou l'arrivée d'un personnage.4. La description comme outil de suspenseEnfin, elle peut aussi être utilisée pour retarder l'action afin d'amplifier le suspense dans un moment crucial. Cela se produit surtout dans les romans policiers où le narrateur retarde le moment de la découverte du cadavre par une description (d'un terrain vague par exemple).NB on retrouve souvent dans une description un vocabulaire très subjectif, avec des mots à valeur laudative (méliorative) ou péjorative . _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mar 9 Mai - 10:55 | | |
| Analyse rapide du vocabulaire:
Une dot: somme d'argent remise par la famille de la jeune fille à la famille du jeune homme qui l'épouse.
Une hiérarchie: organisation sociale qui fait que chaque individu est subordonné (doit obéir) à un autre. -->ordre de classement
Humble : qui fait preuve de simplicité ->qui n'est pas orgueilleux, superieur, fier..., modeste Eperdu : en proie à une vive émotion, qui déclenche des rêves, des émotions. >un amour éperdu, aimer éperdument.
Antichambre: petite pièce servant de salle d'attente dans les grandes maisons d'autrefois, où l'on faisait patienter les visiteurs avant qu'un valet (serviteur) ne les introduise au salon.
Capitonné : recouvert de tissu moelleux: une boite capitonnée, garnie de tissus, matellassée (--> boite a bijoux).
Bibelots : petit objets de décoration.
Inestimable : qui n'a pas de prix, très importante reluire: briller, miroiter faire briller la argenterie Argenterie ensemble des couverts,plats en argent vaisselle féerie,féerique: qui évoque les contes de fées, la magie, le rêve. exquis: délicieux,succulent un mets exquis=un plat succulent galanterie: se comporter de manière galante, se comporter en galant homme Ensemble des formes de courtoisie d'un homme vis à vis d'une femme, lui tenir la porte,porter quelque chose de lourd etc... faire des galanteries: tenir des propos flatteurs, chercher à séduire. _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mar 9 Mai - 10:56 | | |
| Début de la séance 5
Reflexion collective:
comment se gâcher la vie ?
Faire un travail qu'on n'aime pas Ne pas pouvoir faire ce qu'on veut Ne pas atteindre les objectifs qu'on s’était fixés Manque d'argent ne pas avoir d'amis, la solitude, par timidité, peur des autres,par égoisme,parce qu'on n'est pas jugé respectable Solitude, regretter le passé, ne pas se sentir aimé,le deuil,le fait d'être orphelin sans famille,la dépendance, la maladie -> Sensation de ne pas pouvoir changer les choses Peur du regard des autres, se sentir différent, malaise profond, de frustration, de colère, stress, jalousie, envie de vengeance, se comparer aux autres (rancœur)
Lecture de la première page de la nouvelle La Parure de Maupassant relevé de vocabulaire Situation des femmes au XIXem (couvent, mariage, dot)
relever les deux champs lexicaux La vie rêvée et la vie réelle _________________
Dernière édition par Capitaine Caaaaaaverne ! le Mar 9 Mai - 14:25, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mar 9 Mai - 10:59 | | |
| Séance 2 Séance 3. Les personnages
Mathilde Loisel Mariée Belle et jeune Pas riche Pas heureuse de son existence
Monsieur Loisel Métier : commis du ministère de l’instruction publique Un homme simple qui ne se pose pas de questions Économe Il aime la chasse et voudrait s’offrir un fusil
Mme Forestier Camarade de couvent de Mathilde Loisel A fait un beau mariage Riche : possède des bijoux La bourgeoisie, au 19ème siècle, accorde beaucoup d’importance aux signes extérieurs de richesse, à la possession d’objets. Relevez dans le texte tous les indices qui montrent que Mme Forestier appartient à la bourgeoisie.
armoire à glace large coffret tous les bijoux boîte de satin noir rivière de diamants
La construction du récit
I rappel sur le schéma narratif On retrouve cette progression classique du récit dans tous les textes narratifs (narrer=raconter) comme le roman,la nouvelle,le conte...
situation initiale>élement de perturbation>enchainement des péripéties>élement de résolution>situation finale Situation initiale: pose le décor et présente le/les personnages toujours à l'imparfait Dans la nouvelle de Maupassant, jeune femme (dont on ne connait pas encore le nom), malheureuse car elle ne mène pas la vie de luxe et de richesse dont elle rêve. Élément de perturbation(amène une rupture). Présenté par une phrase brève,commençant généralement par "Or" ou "Un jour" et rédigée au passé simple. ici, il s'agit de l'arrivée du courrier d'invitation à la mairie.
Enchaînement des péripéties -Les larmes de Mathildes -la négociation d'une somme d'argent pour acheter une belle robe
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mar 9 Mai - 10:59 | | |
| LA NOUVELLE RÉALISTE
1) Le réalisme est une évocation d'une réalité, fondée sur des faits réels ou qui pourraient l'être. Quels aspects, quels problèmes de la société du XIXe siècle peut-on trouver dans cette nouvelle?
2) Le réalisme ne cherche pas à embellir, à modifier le réel, même s'il est dur à soutenir.
3) La nouvelle réaliste doit avoir l'apparence de la vérité. Elle ne tolère pas les invraisemblances. Relevez dans l'organisation du récit tous les éléments de la situation, des lieux, du temps, etc. sans lesquels la situation paraîtrait irréelle, impossible. _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mar 9 Mai - 11:06 | | |
| la parure
http://yty.online.fr/hu/B4LFlaparureguydemaupassant.pdf
C'était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d'employés. Elle n'avait pas de dot , pas d'espérances, aucun moyen d'être connue, comprise, aimée, épousée par un homme riche et distingué : et elle se laissa marier avec un petit commis du ministère de l'instruction publique . Elle fut simple, ne pouvant être parée : mais malheureuse comme une déclassée : car les femmes n'ont point de caste ni de race, leur beauté, leur grâce et leur charme leur servant de naissance et de famille. Leur finesse native , leur instinct d'élégance, leur souplesse d'esprit sont leur seule hiérarchie , et font des filles du peuple les égales des plus grandes dames. Elle souffrait sans cesse, se sentant née pour toutes les délicatesses et tous les luxes. Elle souffrait de la pauvreté de son logement, de la misère des murs, de l'usure des sièges, de la laideur des étoffes . Toutes ces choses, dont une autre femme de sa caste ne se serait même pas aperçue, la torturaient et l'indignaient. La vue de la petite Bretonne qui faisait son humble ménage éveillait en elle des regrets désolés et des rêves éperdus. Elle songeait aux antichambres muettes, capitonnées avec des tentures orientales, éclairées par de hautes torchères de bronze, et aux deux grands valets qui dorment dans les larges fauteuils, assoupis par la chaleur lourde du calorifère. Elle songeait aux grands salons vêtus de soie ancienne, aux meubles fins portant des bibelots inestimables, et aux petits salons coquets, parfumés, faits pour la causerie de cinq heures avec les amis les plus intimes, les hommes connus et recherchés dont toutes les femmes envient et désirent l'attention. Quand elle s'asseyait, pour dîner, devant la table ronde couverte d'une nappe de trois jours, en face de son mari qui découvrait la soupière en déclarant d'un air enchanté : «Ah ! le bon pot au-feu ! je ne sais rien de meilleur que cela...», elle songeait aux dîners fins, aux argenteries reluisantes, aux tapisseries peuplant les murailles de personnages anciens et d'oiseaux étranges au milieu d'une forêt de féerie ; elle songeait aux plats exquis servis en des vaisselles merveilleuses, aux galanteries chuchotées et écoutées avec un sourire de sphinx , tout en mangeant la chair rose d'une truite ou des ailes de gelinotte . Elle n’avait pas de toilettes, pas de bijoux, rien. Et elle n'aimait que cela ; elle se sentait faite pour cela. Elle eût tant désiré plaire, être enviée, être séduisante et recherchée. Elle avait une amie riche, une camarade de couvent qu'elle ne voulait plus aller voir, tant elle souffrait en revenant. Et elle pleurait pendant des jours entiers, de chagrin, de regret, de désespoir et de détresse. * * *
Or, un soir, son mari rentra, l’air glorieux et tenant à la main un large enveloppe. - Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi. Elle déchira vivement le papier et en tira une carte imprimée qui portait ces mots : « Le ministre de l’Instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M. et Mme Loisel de leur faire honneur de venir passer la soirée à l’hôtel du ministre, le lundi 18 janvier. Au lieu d’être ravie, comme l’espérait son mari, elle jeta avec dépit l’invitation sur la table, murmurant :
1. dot : biens qu’une femme apporte en se mariant - 2. commis : fonctionnaire - 3. ministère de l’instruction publique : ancien nom du ministère de l’Education nationale - 4. parée : arrangée de façon à avoir une belle apparence - 5. déclassée : se dit de quelqu’un qui passe dans une classe sociale inférieure - 6. caste : classe sociale fermée - 7. finesse native : finesse de naissance - 8. hiérarchie : classement - 9. étoffes : tissus - 10. antichambres : pièces ou l’on attend d’être reçu par son hôte - 11. capitonnées : recouvertes de tentures - 12. tentures : tissus muraux - 13. torchères : chandeliers - 14. valets : domestiques - 15. calorifères : radiateurs - 16. causerie : conversation - 17. galanteries : compliments - 18. sphinx : monstre de la mythologie, énigmatique et mystérieux - 19. gelinotte : oiseau – 20. couvent : maison dans laquelle vivent des religieux ou des religieuses - 21. dépit : chagrin mêlée de colère lié à une déception
- Que veux-tu que je fasse de cela ? - Mais, ma chérie, je pensais que tu serais contente. Tu ne sors jamais, et c’est une occasion, cela, une belle ! J’ai eu une peine22 infinie à l’obtenir. Tout le monde en veut ; c’est très recherché et on n’en donne pas beaucoup aux employés. Tu verras là tout le monde officiel. Elle le regardait d’un œil irrité23, et elle déclara avec impatience : - Que veux-tu que je me mette sur le dos pour aller là ? [ Il n’y avait pas songé ; il balbutia24 : - Mais la robe avec laquelle tu vas au théâtre. Elle me semble très bien, à moi… Il se tut, stupéfait, éperdu, en voyant que sa femme pleurait. Deux grosses larmes descendaient lentement des coins des yeux vers les coins de sa bouche ; il bégaya : - Qu’as-tu ? qu’as-tu ? Mais, par un effort violent, elle avait dompté25 sa peine et elle répondit d’une voix calme en essuyant ses joues humides : - Rien. Seulement je n’ai pas de toilette26 et par conséquent je ne peux aller à cette fête. Donne ta carte à quelque collègue dont la femme sera mieux nippée27 que moi. Il était désolé. Il reprit : - Voyons, Mathilde. Combien cela te coûterait-il, une toilette convenable, qui pourrait te servir encore en d’autres occasions, quelque chose de très simple ? Elle réfléchit quelques secondes, établissant ses comptes et songeant aussi à la somme qu’elle pouvait demander sans s’attirer un refus immédiat et une exclamation effarée28 du commis économe. Enfin, elle répondit en hésitant : - Je ne sais pas au juste, mais il me semble qu’avec quatre cents francs je pourrais arriver. Il avait un peu pâli, car il réservait juste cette somme pour acheter un fusil et s’offrir des parties de chasse, l’été suivant, dans la plaine de Nanterre, avec quelques amis qui allaient tirer des alouettes, par là, le dimanche. Il dit cependant : - Soit. Je te donne quatre cents francs. Mais tâche29 d’avoir une belle robe. * * * Le jour de la fête approchait, et Mme Loisel semblait triste, inquiète, anxieuse. Sa toilette était prête cependant. Son mari lui dit un soir : - Qu'as-tu ? Voyons, tu es toute drôle depuis trois jours. Et elle répondit : - Cela m'ennuie de n'avoir pas un bijou, pas une pierre, rien à mettre sur moi. J'aurai l'air misère30 comme tout. J'aimerais presque mieux ne pas aller à cette soirée. Il reprit : - Tu mettras des fleurs naturelles. C'est très chic en cette saison-ci. Pour dix francs tu auras deux ou trois roses magnifiques. Elle n'était point convaincue. - Non... il n'y a rien de plus humiliant que d'avoir l'air pauvre au milieu de femmes riches. Mais son mari s’écria : - Que tu es bête ! Va trouver ton amie Mme Forestier et demande-lui de te prêter des bijoux. Tu es bien assez liée avec elle pour faire cela. Elle poussa un cri de joie. - C'est vrai. Je n'y avais point pensé.
22. une peine : une difficulté - 23. irrité : en colère - 24. balbutia : bégaya - 25. elle avait dompté : elle avait maîtrisé - 26. une toilette : une robe - 27. nippée : habillée (familier) - 28. effarée : très surprise - 29. tâche de… : fais en sorte de … - 30. misère : misérable Le lendemain, elle se rendit chez son amie et lui conta31 sa détresse. Mme Forestier alla vers son armoire à glace, prit un large coffret, l'apporta, l'ouvrit et dit à Mme Loisel : - Choisis, ma chère. Elle vit d'abord des bracelets, puis un collier de perles, puis une croix vénitienne32 , or et pierreries, d'un admirable travail. Elle essayait les parures33 devant la glace, hésitait, ne pouvait se décider à les quitter, à les rendre. Elle demandait toujours : - Tu n'as plus rien autre ? - Mais si. Cherche. Je ne sais pas ce qui peut te plaire. Tout à coup elle découvrit, dans une boîte de satin noir, une superbe rivière de diamants34; et son cœur se mit à battre d'un désir immodéré35. Ses mains tremblaient en la prenant. Elle l’attacha autour de sa gorge, sur sa robe montante, et demeura en extase36 devant elle-même. Puis, elle demanda, hésitante, pleine d’angoisse : - Peux-tu me prêter cela, rien que cela ? - Mais oui, certainement. Elle sauta au cou de son amie, l’embrassa avec emportement37, puis s'enfuit avec son trésor. * * * Le jour de la fête arriva. Mme Loisel eut un succès. Elle était plus jolie que toutes, élégante, gracieuse, souriante et folle de joie. Tous les hommes la regardaient, demandaient son nom, cherchaient à être présentés. Tous les attachés du cabinet38 voulaient valser avec elle. Le ministre la remarqua. Elle dansait avec ivresse, avec emportement, grisée39 par le plaisir, ne pensant plus à rien, dans le triomphe de sa beauté, dans la gloire de son succès, dans une sorte de nuage de bonheur fait de tous ces hommages, de toutes ces admirations, de tous ces désirs éveillés, de cette victoire si complète et si douce au cœur des femmes. Elle partit vers quatre heures du matin. Son mari, depuis minuit, dormait dans un petit salon désert avec trois autres messieurs dont les femmes s'amusaient beaucoup. Il lui jeta sur les épaules les vêtements qu'il avait apportés pour la sortie, modestes40 vêtements de la vie ordinaire, dont la pauvreté jurait41 avec l'élégance de la toilette de bal. Elle le sentit et voulut s'enfuir, pour ne pas être remarquée par les autres femmes qui s'enveloppaient de riches fourrures. Loisel la retenait : - Attends donc. Tu vas attraper froid dehors. Je vais appeler un fiacre.42 Mais elle ne l’écoutait point et descendait rapidement l'escalier. Lorsqu'ils furent clans la rue, ils ne trouvèrent pas de voiture ; et ils se mirent à chercher, criant après les cochers43 qu'ils voyaient passer de loin. Ils descendaient vers la Seine, désespérés, grelottants. Enfin ils trouvèrent sur le quai un de ces vieux coupés noctambules44 qu'on ne voit dans Paris que la nuit venue, comme s'ils eussent été honteux45 de leur misère pendant le jour. Il les ramena jusqu'à leur porte, rue des Martyrs, et ils remontèrent tristement chez eux. C'était fini, pour elle. Et il songeait, lui, qu'il faudrait être au Ministère à dix heures. Elle ôta les vêtements dont elle s'était enveloppée les épaules, devant la glace, afin de se voir encore une fois dans sa gloire. Mais soudain elle poussa un cri. Elle n'avait plus sa rivière46 autour du cou.
31. conta : raconta - 32. vénitienne : de Venise (ville d’Italie) - 33. les parures : les bijoux - 34. rivière de diamants : collier de diamants - 35. immodéré : sans limites - 36. en extase : en admiration - 37. avec emportement : énergiquement - 38. les attachés du cabinet : le personnel du ministère - 39. grisée : excitée, enivrée - 40. modestes : simples - 41. jurait : contrastait - 42. fiacre : voiture à cheval - 43. cochers : conducteur de voiture à cheval - 44. coupés noctambules : voitures (à cheval) transportant les passagers la nuit - 45. comme s’ils eussent été honteux : comme s’ils avaient été honteux - 46. rivière : collier
Son mari, à moitié dévêtu déjà, demanda : - Qu'est-ce que tu as? Elle se tourna vers lui, affolée : - J’ai., j'ai... je n'ai plus la rivière de Mme Forestier. Il se dressa, éperdu : - Quoi !... comment !... Ce n'est pas possible ! Et ils cherchèrent dans les plis de la robe, dans les plis du manteau, dans les poches, partout. Ils ne la trouvèrent point. Il demandait : - Tu es sûre que tu l'avais encore en quittant le bal ? - Oui, je l'ai touchée dans le vestibule47 du Ministère. - Mais si tu l'avais perdue dans la rue, nous l'aurions entendue tomber. Elle doit être dans le fiacre. - Oui. C'est probable. As-tu pris le numéro? - Non. Et toi, tu ne l'as pas regardé? - Non. Ils se contemplaient atterrés48. Enfin Loisel se rhabilla. - Je vais, dit-il, refaire tout le trajet que nous avons fait à pied, pour voir si je ne la retrouverai pas. Et il sortit. Elle demeura en toilette de soirée, sans force pour se coucher, abattue sur une chaise, sans feu, sans pensée. Son mari rentra vers sept heures. Il n'avait rien trouvé. Il se rendit à la Préfecture de police, aux journaux, pour faire promettre une récompense, aux compagnies de petites voitures, partout enfin où un soupçon d'espoir le poussait. Elle attendit tout le jour, dans le même état d'effarement49 devant cet affreux désastre. Loisel revint le soir, avec la figure creusée, pâlie; il n'avait rien découvert. - Il faut, dit-il, écrire à ton amie que tu as brisé la fermeture de sa rivière et que tu la fais réparer. Cela nous donnera le temps de nous retourner. Elle écrivit sous sa dictée. * * * Au bout d'une semaine, ils avaient perdu toute espérance. Et Loisel, vieilli de cinq ans, déclara : - II faut aviser à50 remplacer ce bijou. Ils prirent, le lendemain, la boîte qui l'avait renfermé, et se rendirent chez le joaillier51, dont le nom se trouvait dedans. Il consulta ses livres : - Ce n'est pas moi, madame, qui ai vendu cette rivière ; j'ai dû seulement fournir l’écrin52 . Alors ils allèrent de bijoutier en bijoutier, cherchant une parure53 pareille à l'autre, consultant leurs souvenirs, malades tous deux de chagrin et d'angoisse. Ils trouvèrent, dans une boutique du Palais-Royal, un chapelet54 de diamants qui leur parut entièrement semblable à celui qu'ils cherchaient. Il valait quarante mille francs. On le leur laisserait à trente-six mille. Ils prièrent donc le joaillier de ne pas le vendre avant trois jours. Et ils firent condition55 qu'on le reprendrait pour trente-quatre mille francs, si le premier était retrouvé avant la fin de février. Loisel possédait dix-huit mille francs que lui avait laissés son père. Il emprunterait le reste. Il emprunta, demandant mille francs à l'un, cinq cents à l'autre, cinq louis56 par-ci, trois louis par-là. II fit des billets57, prit des engagements ruineux, eut affaire aux usuriers58
47. vestibule : entrée - 48. atterrés : consternés, très déçus - 49. effarement : crainte mêlée de stupeur - 50. aviser à : prévoir de - 51. le joaillier : le bijoutier - 52. écrin : coffret, étui où l’on range un bijou - 53. une parure : un bijou - 54. un chapelet : collier - 55. et ils firent condition que … = à la condition que… - 56. un louis : pièce d’or d’une valeur de 20 francs (à l’époque) - 57. billets : promesses écrites de payer une certaine somme - 58. usuriers : personnes qui prêtent de l’argent avec un taux d’intérêt excessif .
Il compromit60 toute la fin de son existence, risqua sa signature sans savoir même s'il pourrait y faire honneur, et, épouvanté par les angoisses de l'avenir, par la noire misère qui allait s'abattre sur lui, par la perspective de toutes les privations physiques et de toutes les tortures morales, il alla chercher la rivière nouvelle, en déposant sur le comptoir du marchand trente-six mille francs. Quand Mme Loisel reporta la parure à Mme Forestier, celle-ci lui dit, d'un air froissé61 : - Tu aurais dû me la rendre plus tôt, car je pouvais en avoir besoin. Elle n'ouvrit pas l’écrin, ce que redoutait son amie. Si elle s'était aperçue de la substitution62 , qu'aurait-elle pensé? qu'aurait-elle dit? Ne l’aurait-elle pas prise pour une voleuse? * * * Mme Loisel connut la vie horrible des nécessiteux63. Elle prit son parti64, d'ailleurs, tout d'un (coup, héroïquement. Il fallait payer cette dette effroyable. Elle payerait. On renvoya la bonne ; on changea de logement ; on loua sous les toits une mansarde65 . Elle connut les gros travaux du ménage, les odieuses besognes66 de la cuisine. Elle lava la vaisselle, usant ses ongles roses sur les poteries grasses et le fond des casseroles. Elle savonna le linge sale, les chemises et les torchons, qu'elle faisait sécher sur une corde ; elle descendit à la rue, chaque matin, les ordures, et monta l’eau, s'arrêtant à chaque étage pour souffler. Et, vêtue comme une femme du peuple, elle alla chez le fruitier, chez l’épicier, chez le boucher, le panier au bras, marchandant, injuriée, défendant sou à sou son misérable argent. II fallait chaque mois payer des billets67, en renouveler d'autres, obtenir du temps. Le mari travaillait, le soir, à mettre au net les comptes d'un commerçant, et la nuit, souvent, il faisait de la copie à cinq sous la page. Et cette vie dura dix ans. Au bout de dix ans, ils avaient tout restitué, tout, avec le taux de l'usure68, et l'accumulation des intérêts superposés. Mme Loisel semblait vieille, maintenant. Elle était devenue la femme forte, et dure, et rude, des ménages pauvres. Mal peignée, avec les jupes de travers et les mains rouges, elle parlait haut, lavait à grande eau les planchers. Mais parfois, lorsque son mari était au bureau, elle s'asseyait auprès de la fenêtre, et elle songeait à cette soirée d'autrefois, à ce bal où elle avait été si belle et si fêtée. Que serait-il arrivé si elle n'avait point perdu cette parure? Qui sait? qui sait? Comme la vie est singulière, changeante ! Comme il faut peu de chose pour vous perdre ou vous sauver ! * * * Or, un dimanche, comme elle était allée faire un tour aux Champs-Elysées pour se délasser69 des besognes70 de la semaine, elle aperçut tout à coup une femme qui promenait un enfant. C'était Mme Forestier, toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante. Mme Loisel se sentit émue. Allait-elle lui parler? Oui, certes. Et maintenant qu'elle avait payé, elle lui dirait tout. Pourquoi pas ? Elle s'approcha. - Bonjour Jeanne. L'autre ne la reconnaissait point, s'étonnant d'être appelée ainsi familièrement par cette bourgeoise. Elle balbutia : - Mais... madame !... Je ne sais... Vous devez vous tromper. - Non. Je suis Mathilde Loisel.
59. prêteurs = usuriers - 60. il compromit : il mit en danger - 61. d’un air froissé : vexé - 62. la substitution : le remplacement du bijou - 63. nécessiteux : pauvres - 64. elle prit son parti : elle accepta la situation - 65. mansarde : chambre aménagée sous les toits - 66. besognes : travaux - 67. billets : promesses écrites de payer une certaine somme - 68. taux de l’usure : taux d’intérêt - 69. se délasser : se reposer - 70. besognes : travaux Son amie poussa un cri : - Oh !... ma pauvre Mathilde, comme tu es changée !... - Oui, j'ai eu des jours bien durs, depuis que je ne t'ai vue ; et bien des misères... et cela à cause de toi ! - De moi... Comment ça? - Tu te rappelles bien cette rivière de diamants que tu m'as prêtée pour aller à la fête du Ministère. - Oui. Eh bien? - Eh bien, je l'ai perdue. - Comment ! puisque tu me l’as rapportée. - Je t'en ai rapporté une autre toute pareille. Et voilà dix ans que nous la payons. Tu comprends que ça n'était pas aisé71 pour nous, qui n'avions rien... Enfin, c'est fini et je suis rudement contente. Mme Forestier s'était arrêtée. - Tu dis que tu as acheté une rivière de diamants pour remplacer la mienne? - Oui. Tu ne t'en étais pas aperçue, hein ? Elles étaient bien pareilles. Et elle souriait d'une joie orgueilleuse et naïve. Mme Forestier, fort émue, lui prit les deux mains. _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mar 9 Mai - 18:46 | | |
| I LES FONCTIONS EN RAPPORT AVEC UN VERBE l – sujetLe sujet, c’est ce qui fait l'action du verbe (sauf à la voix passive où il subit l’action)
EX: Quand tombent les feuilles, l'automne est là.QUIZZ sur le sujet:http://www.grat…et.htmQuiz : Trouvez le GN sujet http://www.ccdm…animer ( exercice 1, 2, 3, 5, 7 )2- Le complément d'objet direct (ou C.O.D )Le COD, c’est ce qui subit l'action du verbe (sauf voix passive où c’est le sujet qui subit l’action)
On l’appelle complément d’objet direct car il complète directement un verbe, sans aucune préposition.
On appelle verbes transitifs directs les verbes qui doivent être suivis d'un COD.
EX : Le chat mange la souris ( c'est la souris qui subit l'action, donc elle est COd du verbe)3-Le complément d’objet indirect ou COIIl complète un verbe de façon indirecte par le moyen d'une préposition. Généralement, on ne peut supprimer le COI. Il complète les verbes appelés transitisf indirects, c'est-à-dire qui doivent être complétés par un COI
EX : Il parle à /de son père 4- Le complément d'objet second ou COSC'est le nom que l’on donne au COI quand le verbe est déjà complété par un autre complément d'objet Ex : Je parle à mon père de ma journée
Ophélie donne une baffe (cod) à Rémi (cos)Test: Complément direct ou complément indirect? http://www.ccdm…animertop 5- Le complément d’agentLe complément d’agent complète un verbe –uniquement à la voix passive - grâce à la préposition par ou de.
C'est le complément d’"agent" qui "agit" , qui fait l'action du verbe à la voix passive (c'est pourquoi le complément d’agent devient sujet si on met la phrase à la voix active).
EX : Le sol est recouvert par la neige/ de neige (C. d'agent car c'est la neige qui fait l'action de recouvrir le sol)6- Les compléments circonstanciels.Ils complètent un verbe en apportant des précisions sur les circonstances de son action, soit en précisant quand elle a eu lieu (c. c. de temps), où celle-ci s'est passée (c. c. de lieu), etc.
On peut généralement supprimer les compléments circonstanciels : ils sont le plus souvent facultatifs et servent à enrichir les phrases en apportant toutes sortes de précisions au sujet de l'action du verbe (Il est donc utile d’en mettre en rédaction pour enrichir son expression écrite)
On trouve les compléments circonstanciels dans une phrase en trouvant les mots qui répondent aux questions suivantes (concernant l'action du verbe verbe):
-où? -C. C de lieu -quand? -C. C de temps -de quelle manière? -C. C de manière -par quel moyen? -C C de moyen -pourquoi? -C. C de cause -avec quelle conséquence? -C. C de conséquence -dans quel but? -C. C de but -à quelle condition? -C. C de condition
Ex : Hier soir ( CCT) , ils sont venus gentiment (CC manière) chez moi (CCL) en voiture (CC de moyen) pour me voir (CC de but) parce que je me sentais seul (CC de cause)._________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mar 9 Mai - 18:46 | | |
| II -LES FONCTIONS PAR RAPPORT A UN NOM (appelées les "expansions du nom)
7- L'épithète
C'est la fonction d'un adjectif quand il se trouve à côté du nom qu'il complète.
EX : Un petit garçon poli.
8- L'attribut
C'est la fonction d'un mot (nom ou adjectif) qui qualifie un nom par le moyen d'un verbe d'état (être, paraître, sembler, avoir l’air, devenir…).
Ex : Ce garçon /semble/ poli ("poli" attribut du nom garçon par le moyen du verbe d'état "sembler")
N.B : Attention, après un verbe d'état on ne trouve jamais de COD, mais uniquement des attributs.
(Logique puisqu’un COD subit l’action d’un verbe…mais qu’avec un verbe d’état (être, sembler…) il n’y a pas d’action…donc pas de COD possible !)
8- L'apposition
C’est un adjectif, ou d'un nom -voire un GN- détaché du nom auquel ils se rapporte par une virgule.
Ex : Mars , le dieu de la guerre, aime beaucoup Vénus , la plus belle des déesses.
Belle, Vénus fait tourner la tête de Mars.
NB : Un GN apposé donne souvent une définition ou une précision, L'adjectif en apposition, c’est-à-dire volontairement détaché du nom qu'il complète par une virgule, sert à mettre cet adjectif en valeur (tournure emphatique/mise en relief)
EX : Poli, ce gentil garçon était très apprécié. (poli: adjectif apposé ou détaché)
9 - Le complément du nom ou CDN
C'est tout ce qui complète un nom mais cette fois par le moyen d'une préposition généralement "de" "à" "en".
Il renseigne généralement souvent sur la possession,l’utilité ou la matière... du nom qu’il complète.
Ex: Une chaise en bois
Un fer à repasser
La voiture de son père
NB: Ne surtout pas confondre en évaluation le CDN qui complète un nom et le COI/COS qui complète un verbe
Ex : Il parle de son père (COI du verbe "parler". )
Il conduit la voiture de son père (Complément du nom "voiture")
NB : Pour le CDN, la préposition qui indique la possession est de (à est familier).En langage courant,il ne faut donc pas dire : la voiture à mon père mais : la voiture de mon père.
QUIZZ:
http://www.grat…dn.htm
10- Complément de l’antécédent
C’est la fonction des propositions subordonnées relatives (groupe verbal introduit par un pronom relatif : qui, que, dont, où…) – et qui complètent aussi un nom, qui sera l’antécédent du pronom relatif.
(L’antécédent désigne simplement le mot précis qu’un pronom remplace dans une phrase).
Ex : Le général qui est à la table d’à côté a brûlé toutes les lettres que nous lui avons envoyées.
(cette proposition subordonnée est complément de l'antécédent "général")
CONCLUSION: Pour trouver la fonction d’un mot, il faut d’abord se rappeler qu’il y a :
d’un côté les fonctions qui complètent un verbe :
(sujet, COD, COI, COS, C. Circonstanciel, C.d’agent)
Et d’un autre… toutes les fonctions qui complètent un nom: on les appelle les expansions du nom.
Les principales expansions du nom sont donc : les épithètes, attributs, appositions, compléments du nom et les propositions subordonnées relatives qui sont complément de l’antécédent.
Ex : Voyez dans cette phrase les expansions du nom « maison »:
La petite(épithète) maison en bois(CDN de maison) qui est en haut de la colline (complément de l'antécédent "maison")est belle (attribut du nom maison).[/b]
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mer 10 Mai - 18:08 | | |
| commentaire sur l’avare Aude BerthelotPar 2nde2 - Commentaire composé : Le monologue dHarpagon ( Molière lavare, acte IV ,scène 7 ) Plan détaillé du commentaire : I/ Le personnage dHarpagon a) Un personnage nerveuxb) Lavarice prononcée du personnagec) Harpagon un personnage pathétique II/ Le comique de la scène a) le comique de la situationb) le comique de langagec) le comique de gestes Ce texte est le monologue dHarpagon extrait de lavare, la célèbre pièce de Molière ( 1622-1673). Le personnage dHarpagon vient de se faire dérober la précieuse cassette qui contenait toute sa richesse. Enervé, le protagoniste se lance dans un monologue afin dexprimer sa colère et son désarroi. Nous allons voir tout dabord la complexité du personnage dHarpagon, un homme nerveux doté dune avarice extrême mais également le pathétique du personnage. Nous verrons par la suite comment la situation, les gestes ainsi que le langage du protagoniste donnent à cette scène un aspect comique. Le personnage dHarpagon se montre dans cette scène particulièrement nerveux. En effet, nous avons pu remarquer la rapidité et limpulsion avec laquelle Harpagon à réagit lorsquil sest aperçu du vol de sa cassette.Lorsquil dit : « que ferais-je pour le trouver ? ou courir ? ou ne pas courir ? Nest-il point là ? Nest-il point ici ? » Le protagoniste ne sait pas où chercher, il ne sait pas qui aurait pu lui voler sa cassette. Nous imaginons très bien le personnage, tournant sur lui même, regardant à droite puis à gauche, dans lespoir de retrouver son bien. Il débite ses questions avec une grande rapidité sans en attendre de réponse ce qui montre bien le côté nerveux et impulsif du protagoniste.La nervosité dHarpagon est un fait, mais celui-ci dépend dune autre caractéristique du personnage. En effet Harpagon est un homme doté dune rare avarice. Il ne vit que pour sons argent, cest la chose la plus importante pour lui. Lorsquil dit : « Au voleur ! Au voleur ! à lassassin ! Au meurtrier ! justice juste ciel ! je suis perdu, je suis assassiné ! on ma coupé la gorge, on ma dérobé mon argent ! »Il compare le fait quon lui ai volé son argent à sons propre assassinat. Il compare un vol, qui nest certes pas une chose amusante mais pas aussi dramatique que la mort elle même.Cela nous montre bien à quel point largent tient une place centrale dans la vie dHarpagon.Harpagon nest pas seulement un homme nerveux et avare, cest également un personnage pathétique. Il en vient à dramatiser une situation banale et à la transformer en un fait dramatique et fatal. Son avarice est tellement poussée à lextrême que cela affecte ses capacités de discernement, il en est fou, son monologue devient alors un accès de folie, lorsquil dit :« qui est-ce ? arrête, rend moi mon argent, coquin !
Ah cest moi. Mon esprit est troublé et jignore où je suis, qui je suis et ce que je fais. » Le protagoniste devient paranoïaque et excessif comme si deux personnes étaient en lui. Cela est dautant plus pathétique que nous savons quil est seul. Dans cette scène plusieurs facteurs définissent le comique, notamment la situation. En effet, le personnage dHarpagon se retrouve face à ce quil redoute le plus : que lon touche à la seule chose qui compte pour lui, à ce quil a de plus précieux. Lorsquil dit : « Jai perdu mon support, ma consolation, ma joie, tout est fini pour moi, et je nai plus que faire au monde. » Le lecteur se rend compte que le protagoniste se trouve dans une situation de crise. Cela provoque facilement le rire car rare sont les personnes qui viendraient à dire que leur vie na plus de sens sans argent et qui se mettraient dans un tel état en cas de vol. Nous nous trouvons face à un homme totalement imprégné par son vice, obsédé à lextrême. Le langage nest pas étranger au comique de cette scène. Harpagon exagère la situation dans laquelle il se trouve grâce à des procédés tel que la personnification , lorsquil dit : « mon, pauvre argent, mon cher ami, on ma privé de toi. » Il personnifie son argent en le disant un de ses amis. De plus, il utilise le champs lexical de la mort : « Je me meurs, je suis mort, je suis enterré [
] » Ce champ lexical intensifie encore une foi la situation. Pour finir, un dernier facteur définit le comique : il sagit des gestes : « [(il se prends lui même le bras)] » Cette didascalie montre que le personnage est totalement perturbé par ce qui lui arrive, quil ne fait plus attention à rien et quil na plus aucune capacité de discernement.Tous ces facteur définissent le comique. A la lecture de cette scène, le lecteur est pris dans lhistoire. Il est emporté par le comique et par la situation dans laquelle se retrouve le personnage. Comme à son habitude Molière se moque implicitement de la société de son époque en sattaquant dans sa pièce à lavarice. Il a su encore une foi montrer un défaut en sen moquant de manière détournée et en créant une de ces situations comiques dont lui seul avait le secret.La question qui demeure est de savoir si oui ou non le protagoniste retrouvera sa cassette._________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mer 10 Mai - 20:44 | | |
| Harpagon est un vieil avare qui croit avoir des voleurs partout et qui a prévu un plan pour économiser de l'argent en mariant ses enfants à des personnes riches et en organisant son mariage et celui de ses enfants à la même date. Malheureusement, Cléante, le fils d'Harpagon, veut épouser la jeune fille que son père s'est destinée. De son côté, Élise aime Valère et ne veut pas épouser un homme qu'elle ne connaît pas. De plus, Mariane aime réciproquement Cléante et ne veut pas se marier avec Harpagon. Les enfants d'Harpagon cherchent des solutions pour épouser les personnes qu'elles aiment, solutions trouvées dès qu'ils rencontreront Anselme, l'homme qu'Élise doit épouser, car ils comprendront alors qu'il est en fait le père de Valère et de Mariane et qu'il est prêt à payer les deux mariages pour le bonheur de ses enfants, et à la joie d'Harpagon. _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Lun 22 Mai - 16:20 | | |
| Fiche methode LA VERSIFICATION 1/Je sais compter le nombre de syllabe d'un vers 2/Ce qui veut dire que j'ai bien compris la règle du E muet (ne compte que s'il est suivi d'une consonne et chute toujours en fin de vers même suivi d'un -s) 3/Donc,je peux donner un nom aux vers en fonction de leur nombre de syllabes. -Un vers de six syllabes est un hexamètre. -Un vers de huit syllabes est un octosyllabe. -Un vers de dix syllabes est un décasyllabe. -Un vers de douze syllabes est un alexandrin. -3 Je peux nommer les différentes strophes en fonction du nombre de vers contenus. -Un distique=strophes de deux vers. -Un tercet=strophes de trois vers. -Un quatrain=strophes de quatre vers. -Un quintil=strophes de cinq vers. -Un sizain=strophes de six vers. -4 Je sais préciser la qualité des rimes . Les rimes sont placées à la fin du vers. Ex:................liberté ....................égalité Dans l'exemple, la qualité de la rime est suffisante La rime riche se distingue par 3 éléments vocaliques (=sons; Attention un son n'est pas une syllabe. dans "la" il y a deux son [l]et[a]) en commun ou plus. La rime suffisante se distingue par 2 éléments vocaliques en commun. La rime pauvre se distingue par 1 seul élément vocalique en commun. -5;Je sais préciser quel est le schéma de disposition des rimes: On dit que les rimes sont plates ou suivies: AABB On parle de rimes croisées: ABAB Et enfin de rimes embrassées ABBA -7 Je peux dire si une rime est masculine ou féminine. Quand une rime se termine sur un E muet, elle est féminine. Ex.............................campagne ................................montagne Quand elle se termine par n’importe quoi d'autre,elle est masculine. Ex............................tu m'attends ............................plus longtemps _________________
Dernière édition par Capitaine Caaaaaaverne ! le Mar 23 Mai - 14:43, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Lun 22 Mai - 16:21 | | |
| Demain, dès l'aube...
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j'arriverai,je mettrai
_________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Lun 22 Mai - 16:22 | | |
| Pourquoi mettre en mot sa douleur ?
poésie lyrique Demain dès l'aube Victor Hugo
Entrainement cours magistral/prise de note
Dans Ce poème de V hugo, le poète se rend sur la tombe de sa fille. Il exprime sa tristesse, l'affection qu'il porte à sa fille et sa détermination à la rejoindre.
1. Un homme déterminé L'amour est présent dés la première strophe "vois tu, je sais que tu m'attends"l’abondance des pronoms personnels sur un seul vers,le fait qu'ils soient juxtaposés( placés à côté) montrent que le père et sa fille sont très proches. Il lui parle directement,comme si elle était vivante. (Figure de style, chiasme.)
J'irai par la foret // j irai par la montagne 12 syllabes c'est un alexandrin on appelle alexandrin parfait un alexandrin que l'on peut couper en deux moitiés( deux hémistiches) égales.(6/6) On parle alors du premier hémistiche et du second hémistiche séparés par unecésure.(=une pause)
La présence de ces alexandrins parfaits donnent un rythme régulier,comme si le poète était déjà en train de marcher. On a la sensation qu'il a réfléchi, qu'il est déterminé. Dès la première strophe, on retrouve 3 verbes au futur simple "je partirai" j’irai, j'irai" qui montrent que le poète est sur de lui : ""je partirais" au V2 est mis en relief parce qu'il est suivi d'un point, bien séparé du reste de la phrase. le pèlerinage commence à l’aube , (v1) , à l'heure où blanchit la campagne" et s’arrête au crépuscule , " l'or du soir qui tombe " (v9) La tristesse devient très concrète dans la deuxième strophe.
2. Un homme seul avec sa douleur
Il est rempli de son projet , il en est obnubilé ( qui n'a qu'une idées dans la tête ) et la succession des verbes au futur montre les différentes étapes qu'il se prépare a franchir : " je partirai " (v2) , " j'irai " (v3) , " je marcherai " v5 , " je me regarderai " v6 , " j'arriverai " v11 , " je mettrai " v11. Le poète est totalement indifférent aux paysages qu'il traverse : la foret / la montagne puis la mer (les voiles v10) : " Je ne regarderai ni .. ni .. " : l'utilisation de la négation montre que ce qui l'entoure ne l’intéresse pas " sans rien voir au dehors " v6. " Sans entendre aucun bruit " . C'est un homme enfermé dans ses pensées . La solitude absolue de cet homme est marquée dans le déséquilibre des pronoms personnels: 9fois "je" pour un seul"tu". On sent qu'il est accablé comme si on lui rajoutait du poids sur les épaules,comme si on le voyait se courber) V7 seul, inconnu,le dos courbé,les mains croisées; 1>3>4>4 et ce jusqu'au déséquilibre du vers Triste, et le jour sera pour moi comme la nuit. 1/11 Déséquilibre Interprétation: - Le poète est seul , absolument seul pour porter un poids , une tristesse immense .
Interprétation: Chaque pas , chaque instant lui parait de plus en plus lourd . Il est accablé .
1>3>4 4
Le nombre de syllabes est croissant ( C'est un crescendo ) comme si chaque pas était de plus en plus difficile . En filigrane (caché derrière) on peut trouver une allusion au calvaire du Christ , la souffrance et la marche . ( dos courbé , mains croisées , rimes croisées ) référence à la croix. _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Lun 22 Mai - 16:23 | | |
| Reconnaître une forme particulière de poème: le sonnet
Le sonnet est une forme fixe constituée de deux quatrains (strophe de quatre vers) et de deux tercets (ter = trois vers). Les vers sont souvent des alexandrins. Il existe plusieurs types de rimes : - les rimes plates ou suivies (AABB) - les rimes embrassées (ABBA) - les rimes croisées (ABAB). On appelle « sonnet italien » un sonnet dont les rimes suivent le schéma suivant : ABBA ABBA CCD EED.
Après trois ans Ayant poussé la porte étroite qui chancelle , Je me suis promené dans le petit jardin Qu’éclairait doucement le soleil du matin, Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle. Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle3 De vigne folle avec les chaises de rotin… Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle . Les roses comme avant palpitent ; comme avant, Les grands lys orgueilleux se balancent au vent. Chaque alouette qui va et vient m’est connue. Même j’ai retrouvé debout la Velléda Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue, - Grêle, parmi l’odeur fade du réséda . Paul Verlaine, Poèmes saturniens, 1866.
Vocabulaire : 1– chanceler : qui bouge comme si on allait tomber. 2– pailleter : qui couvre de paillettes, d’une sorte de poudre brillante. 3– une tonnelle : petit abri de jardin. 4– murmure argentin : bruit de l’eau qui sonne clair. 5– un tremble : arbre dont les feuilles bougent au moindre souffle de vent. 6– sempiternelle : éternelle, qui ne s’arrête jamais. 7– une alouette : petit oiseau. 8– Velléda : nom de la déesse représentée par une statue. 9– le réséda : plante dont les fleurs sont très odorantes. 10 vaciller: tituber: marcher en étant trés déséquillibré.
Voici quatre phrases. Chaque phrase résume une strophe du poème. Réécris ces phrases dans l’ordre afin que le résumé reproduise la chronologie du poème. - Les fleurs et les oiseaux sont les mêmes que ceux que le narrateur observait autrefois. - Au petit matin, le narrateur entre dans un jardin où la rosée brille encore sur les fleurs. - Le narrateur revoit même la statue d’une déesse qui décore l’allée et qui trône au milieu de fleurs odorantes. - Le narrateur remarque que l’abri de jardin et les chaises, tout comme la fontaine et le vieux peuplier, n’ont pas changé.
- Paul VERLAINE (1844-1896)
[size] Après trois ans Ayant poussé la porte étroite qui chancelle, Je me suis promené dans le petit jardin Qu'éclairait doucement le soleil du matin, Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.
Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle De vigne folle avec les chaises de rotin... Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent ; comme avant, Les grands lys orgueilleux se balancent au vent, Chaque alouette qui va et vient m'est connue.
Même j'ai retrouvé debout la Velléda, Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue, - Grêle, parmi l'odeur fade du résédaEst-ce que ce poème n'a pas une particularité?Prouve le en t'appuyant sur la définition du sonnet
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| | | Capitaine Caaaaaaverne ! Aidactive
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Lun 22 Mai - 19:02 | | |
| L'OURS Anton Tchékhov (I888) FARCE EN UN ACTE PERSONNAGES ELENA IVANOVNA POPOVA, une petite veuve avec des fossettes aux joues, propriétaire terrienne.GRIGORI STÉPANOVITCH SMIRNOV, un homme encore jeune, propriétaire terrien.L0UKA, un vieux valet d'Éléna Ivanovna Popova. Un salon dans la maison de campagne d'Éléna Ivanovna Popova. SCÈNE I POPOVA, en grand deuil, les yeux fixés sur une photo, et LOUKA. L0UKA. C'est pas bien, madame... Vous vous rendez malade... La femme de chambre et la cuisinière sont allées aux champignons, chaque créature se réjouit, même le chat prend son plaisir, il se promène dans la cour et attrape des oiseaux, et vous, vous restez enfermée du matin au soir, comme dans un couvent, et pas une distraction! Voyons! Il y a bien un an que vous n'êtes plus sortie de chez vous!... POPOVA.—Et plus jamais je ne sortirai... Pour quoi faire? Ma vie est finie. Lui, il est dans la tombe, et Moi, je me suis enterrée entre quatre murs. Nous sommes morts tous les deux. LOUKA.—Voyons! Je ne veux même pas vous écouter. Vraiment... Nicolas Mikhailovitch est mort, c’est réglé, que Dieu ait son âme... Vous l'avez pleuré, c’est naturel, mais en voilà assez. Vous n'allez pas pleurer et porter le deuil toute votre vie. Moi aussi, en son temps j'ai perdu ma vieille... Eh bien? J'ai eu de la peine, je l'ai pleurée un bon mois, et puis, suffit! La vieille tout entière n'en valait pas plus! On ne peut pas pleurnicher toute la vie... (Il soupire.) Vous avez abandonné tous vos voisins... Vous n'allez nulle part, et vous ne voulez recevoir personne. Nous vivons, passez-moi l'expression, comme des araignées, nous ne voyons plus la lumière du jour. Les souris ont grignoté ma livrée ...Et si encore il n'y avait personne à voir, mais le district est plein de beau monde... A Ryblov, il y a un régiment en garnison, des officiers jolis à croquer, tous les vendredis il y a bal, et tous les jours que le bon Dieu fait l'orchestre militaire qui joue de la musique. Ah madame, madame! Jeune, belle, pétant de santé, tour pour vivre heureuse et pour prendre son plaisir. La beauté n'a qu'un temps, madame! Dans dix ans, c'est vous qui aurez envie de vous pavaner et de lancer de la poudre aux yeux des officiers, eh bien! il sera trop tard . POPOVA, catégorique.—Je te demanderai de ne plus jamais revenir là-dessus! Tu sais que depuis que Nicolas Mikhaïlovitch est mort, la vie a perdu tout sens pour moi. Tu crois que je suis vivante, mais ce n'est là qu'une apparence. Je me suis juré de porter le deuil et de ne voir personne jusqu'à ma mort... Tu m'entends? Que son ombre voie combien je l'aime... Oui, je sais, ce n'est pas un secret pour toi que souvent il a été injuste, cruel, et... et même infidèle, mais moi, je lui resterai fidèle jusqu'à ma mort, et je lui prouverai de quel amour je suis capable, moi. Là-bas, de l'autre côté de la tombe, il me verra telle que j'ai été avant sa mort... LOUKA.—Au lieu de dire des choses pareilles, allez donc plutôt vous promener au jardin, ou alors donnez des ordres pour qu'on attelle Toby ou le Géant et faites un tour chez des voisins.. POPOVA—Ah!~~. (Elle pleure.) LOUKA.—Madame!... Petite mère!...Qu'est-ce qui vous prend? Que Dieu vous vienne en aide! POPOVA. —Il aimait tant Toby! C'est toujours lui qu’i1 faisait atteler pour aller chez Kortchaguine ou Vlassov. Et quel conducteur c'était! Quelle allure il avait quand il tirait de toutes ses forces sur les rênes! Tu te rapp elles? Toby, Toby! Dis qu'on lui donne aujourd'hui une ration d'avoine supplémentaire. LOUKA.—Bien, madame! Un coup de sonnette brutal. POPOVA tressaille.—Qui est-ce ? Dis que je ne reçois personne LOUKA. — Bien, madame!il sort SCÈNE II POPOVA, seule. In, les yeux fixés sur la photo.—Tu verras, Nicolas, comme je sais aimer et pardonner... Mon amour ne s'éteindra qu'avec moi, quand mon pauvre coeur cessera de battre. (Elle!le rit à travers les larmes.) N'as-tu pas honte? Je suis ta petite femme bien sage, je me suis enfermée et je te resterai fidèle jusqu'à ma mort, et toi... tu n'as pas honte, mon lapin? Tu me trompais, tu me faisais des scènes, tu me laissais seule pendant des semaines... SCENE III POPOVA et LOUKA. LOUKA, entre, inquiet.—Madame, il y a là quelqu'un qui vous demande. I1 veut vous voir... POPOVA.—Mais tu as bien dit que depuis la mort de mon mari je ne recevais personne? LOUKA.—Je le lui ai dit, mais il ne veut rien entendre. Il dit que c'est très important... POPOVA. - Je ne reçois personne! LOUKA.—Je le lui ai dit, mais... c'est un grossier il jure, il m'a poussé. Il est déjà dans la salle à manger POPOVA, irritée.—Bon, fais-le entrer... Ce que les gens peuvent être sans gêne... Louka sort, POPOVA.—Combien les gens me pèsent! Qu'est-ce qu'ils me veulent? Pourquoi viennent-ils troubler ma solitude? (Elle soupire.) Non, il me faudra vraiment me retırer dans un couvent... (songeuse.) Un couvent ... SCÈNE IV POPOVA, LOUKA et SMIRNOV. SMIRNOV, entrant, à Louka.—Tu parles trop, imbécile.. Âne bâté! (Apercevant Popova, avec dignité.) Madame, j'ai l'honneur de me présenter: lieutenant d’artillerie en retraite, propriétaire terrien, Grigori Stepanovitch Smirnov. Je me vois dans l'obligation de vous importuner au sujet d'une affaire très sérieuse... POPOVA.—Que voulez-vous? SMIRNOV.—Feu votre époux, que j'ai eu l’avantage de connaître, est resté me devoir le montant de deux traites, douze cents roubles. Comme demain je suis obligé de payer les intérêts à la Banque agricole, je vous serais reconnaissant, madame, de bien vouloir me rem bourser cette somme dès aujourd'hui. POPOVA.—Douze cents... Et cette dette de mon mari correspond à quoi? SMIRNOV.—Il m'achetait de l'avoine. POPOVA, soupirant, à Louka : Tu n'oublieras pas Louka, de dire qu'on donne à Toby une ration d'avoine supplémentaire. (Louka sort. A Smirnov.) Si Nicolas Mikhaïlovitch est resté vous devoir de l'argent, je réglerai naturellement sa dette; mais, vous m’excuserez aujourd'hui je n'ai pas d'argent liquide. Après-demain, quand mon régisseur sera de retour de la ville, je donnerai des ordres pour que vous soyez payé, mais jusque-là je ne peux accéder à votre demande. . En plus, il y a aujourd'hui juste sept mois que mon mari est mort, et je me trouve dans un état d'âme qui me rend peu disposée à m'occuper d'affaires d'argent. SMIRNOV. —Et Moi, je suis dans un état d'âme tel que si je ne payais pas demain les intérêts, je me trouverais définitivement sur la paille. On va saisir ma propriété! POPOVA. — Vous aurez votre argent après-demain. SMIRNOV. —J'en ai besoin aujourd'hui et non pas après-demain. POPOVA. —Je suis désolée, je ne peux pas vous le rendre aujourd'hui. SMIRNOV.—Et moi, je ne peux pas attendre jusqu'à après-demain. POPOVA. - Qu’y puis-je, je n'ai pas d'argent aujourd'hui! SMIRNOV.—Alors, vous ne pouvez pas payer? POPOVA. - Je ne le peux pas. SMIRNOV.—Hum!... C'est votre dernier mot? POPOVA. - Oui, mon dernier mot. SMIRNOV.—Le dernier? Catégoriquement? POPOVA.—Catégoriquement. SMIRNOV.—Merci, merci beaucoup. Je vais en prendre note. (Il hausse les épaules.) Et on veut que je garde mon sang-froid! Je viens de rencontrer un employé des contributions indirectes et il m'a demandé: «Qu'avez-vous à toujours être en colère, Grigori Stepanovitch?» Mais comment voulez-vous que je ne sois pas en colère? J'ai besoin d'argent, on me met le couteau sur la gorge... Je suis parti de chez moi hier, à l'aube, j'ai fait le tour de tous ceux qui me doivent de l'argent et il ne s'est trouvé personne pour me rembourser. Je suis crevé, j'ai passé la nuit dans un bouge, une auberge juive, où j'ai couché le nez sur un tonneau de vodka... Enfin, j'arrive ici, à soixante-dix verstes de chez moi, j'espère toucher mon argent et on me sort des « états d'âme »! Comment voulez-vous que je ne sois pas en colère? POPOVA.—Je crois m'être exprimée clairement: vous serez payé quand mon régisseur sera de retour. SMIRNOV. —Je suis venu vous voir, vous, et non pas votre régisseur! Votre régisseur, passez-moi l’expression, je m'en balance! POPOVA.—Excusez-moi, monsieur, mais je n'ai pas l’ habitude d'un langage aussi étrange, ni de ce ton...Je ne vous écoute plus. Elle sort rapidement SCÈNE V SMIRNOV, seul. SMIRNOV.—Non, mais!... Un état d'âme. . Le mari est décédé il y a sept mois! Mais moi, il faut bien que je paye les intérêts, oui ou non? Je vous le demande: Oui ou non, faut-il que je les paye, les intérêts? Vous vous avez votre mari qui est mort, vous avez des états d'âme et autres balivernes... Le régisseur est parti n'importe où, que le diable l'emporte, et moi, que voulez-vous que je devienne? Que je monte en ballon pour me sauver de mes créanciers, ou quoi? Que je prenne mon élan pour me fracasser le crâne contre un mur? J arrive chez Grouzdev—personne, quand Yarochévitch m’ a vu, il a couru se cacher, je me suis fâché mort avec Kouritzine, j'ai failli le faire passer par la fenêtre, Moutouzov souffre d'un petit choléra, et celle-ci elle a un état d'âme! Pas une de ces canailles qui veuille payer! Et tout cela provient de ce que je suis trop gentil avec eux, que je suis une lavette, une chiffe, une loque J'ai bien trop d'égards pour eux tous! Mais attendez un peu! Vous allez voir de quel bois je me chauffe, attendez un peu! Je ne permettrai pas, que diable, qu’on se moque de moi! Je reste ici, je m'incruste jusqu'à ce qu'elle m'ait payé. Brr!... Je suis dans un état de colère aujourd'hui, dans un état de colère! Une colère que j'en tremble, que j'en sucre les fraises, que je m’étrangle ...Pff... Dieu de Dieu, je vais me trouver mal! (Il crie) Quelqu'un, là-bas! LOUKA, entre.—Qu'est-ce que vous voulez? SMIRNOV.—Apporte-moi de la limonade ou de l'eau ! Louka sort. SMIRNOV. — Non, mais admirez cette logique! Un homme a besoin d'argent, coûte que coûte, à se pendre, et elle elle ne veut pas payer parce qu' elle n'est pas disposée à s'occuper d'affaires d'argent!... C'est bien de la logique de tournure! Voilà pourquoi je n'ai jamais aimé et je n'aime pas parler aux femmes. À choisir, j'aimerais encore mieux m'asseoir sur un tonneau de dynamite que d'avoir affaire à une femme. Brr!... J'en ai froid dans le dos tant cette tournure-là m'a mis hors de moi! Il me suffit de voir, ne serait-ce que de loin, un de ces êtres poétiques, pour aussitôt me mettre dans un état de rage à en avoir des crampes dans les mollets. À crier au secours ! SCÈNE VI SMIRNOV et LOUKA. LOUKA, entre, apportant de l'eau—Madame est malade et ne reçoit pas. SMIRNOV. —Fiche-moi le camp! Louka sort. SMIRNOV.—On est malade, et on ne reçoit pas! Eh bien, ne reçois pas... Je resterai, et je ne bougerai pas d'ici jusqu'à ce que tu m'aies payé. Si tu es malade une semaine, je reste ici une semaine... Tu es malade pendant un an, et je ne bouge pas d'ici pendant un an... J’ aurai le dessus, petite mère! On ne me la fait pas avec le deuil et les fossettes aux joues... Je les connais dans les coins, ces fossettes! (Il crie par la fenêtre.) Sémion, dételle! Nous ne partirons pas de sitôt! Je reste ici! Dis-leur là-bas, aux écuries, qu'on donne de l'avoine aux chevaux! Tu ne vois pas, animal, que ton cheval de gauche s'est encore pris les pattes dans les rênes! (Il le singe.) Nitchevo... Je t'en ficherai des nitchevo! (Il s’ éloigne de la fenêtre.) Ça va mal... Il fait chaud à crever, personne ne me paye, j'ai mal dormi, et là-dessus arrive cette robe à traine de deuil, avec son état d'âme... J'ai la tête qui éclate... Un petit verre de vodka ne me ferait pas de mal J'en prendrais un bien volontiers. (Il crie ) Quelqu'un, là-bas! LOUKA, entre.—Que voulez-vous? SMIRNOV.—Un verre de vodka! Louka sort SMIRNOV.—Ouf! (Il s'assied et s'examine.) Et je suis beau, avec ça! Couvert de poussière, les bottes sales, pas lave, hirsute, de la paille après le gilet... La petite dame m’ a peut-être pris pour un bandit. (Il bâille.) Ce n’est pas très poli d'arriver dans cet état dans un salon, mais tant pis... Je ne suis pas venu en invité, mais en créancier, et pour les créanciers il n'y a pas de tenue de rigueur... LOUKA, entre et sert la vodka.—Vous prenez bien des libertés, monsieur... SMIRNOV, furieux.—Comment ? LOUKA.—Non... rien... je voulais seulement... SMIRNOV.—A qui crois-tu parler? Silence! LOUKA, à part.—Qui c'est-il qui l'a inventé, ce suppôt du diable, pour notre malheur... Maintenant on l'a sur le dos... Il sort. SMIRNOV.—Dieu que je suis en colère! Je suis dans un état de rage, à réduire en poussière le monde entier....A me trouver mal... (Il crie.) Quelqu'un, là-bas! SCÈNE VII POPOVA et SMIRNOV. POPOVA, entre, les yeux baissés.—Monsieur, j'ai depuis longtemps oublié dans ma solitude le son de la voix humaine, et je ne supporte pas les cris. Je vous demande instamment de ne pas troubler mon repos! SMIRNOV.—Payez-moi et je partirai. POPOVA.—Je vous l'ai dit clairement: je n'ai pas d'argent liquide, vous aurez ça après-demain. SMIRNOV.—J'ai, moi aussi, eu l'honneur de vous le dire clairement: j'ai besoin de cet argent aujourd'hui et non pas après-demain. Si vous ne me payez pas aujourd'hui, demain je serai obligé de me pendre. POPOVA.—Mais que voulez-vous que je fasse, si je n'ai pas d'argent? Vous êtes drôle! SMIRNOV.—Alors, vous ne voulez pas me payer tout de suite? Non? POPOVA.—Je ne le peux pas... SMIRNOV.—En ce cas, je reste, et je ne bougerai pas d'ici tant que je n'aurai pas touché mon argent... (Il s'assied.) Vous payerez après-demain? Parfait! Alors, je resterai ici jusqu'à après-demain... Sans bouger... (Il se lève d’un bond.) Je vous pose la question: suis-je obligé ou non de payer demain les intérêts?... Vous croyez peut-être que je plaisante? POPOVA.—Monsieur, je vous défends de crier! Vous n'êtes pas dans une écurie! SMIRNOV.—Qui parle d'écurie! Je vous pose la question: oui ou non, suis-je obligé de payer les intérêts, demain ? POPOVA.—Vous ne savez pas vous conduire avec les femmes! SMIRNOV.—Si, je sais me conduire avec les femmes! POPOVA.—Non, vous ne le savez pas! Vous êtes un grossier personnage, un homme mal élevé! Les gens comme il faut ne parlent pas à une femme sur ce ton-là! SMIRNOV. — Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre! comment faut-il donc vous parler? En langue étrangère peut-être? (Il rage et en zézaye.) Madame, je vous prie... comme je suis heureux que vous refusiez de me payer... Pardonnez-moi de vous avoir importunée! Quel beau temps' aujourd'hui! Et comme ce deuil vous va bien au teint! (Il fait des ronds de jambe.) POPOVA.—C'est bête et grossier. S\MIRNOV, se moquant d'elle.—C'est bête et grossier! Je ne sais pas me conduire avec les femmes! Madame, dans ma vie j'ai vu plus de femmes que vous n'avez vu de moineaux! Pour des femmes, je me suis battu trois fois en duel, j'ai quitté douze femmes, et neuf m'ont quitté! Oui, madame! Il fut un temps où je faisais l'imbécile, tout sucre, tout miel, bouche en cœur et ronds de jambe... J'ai aimé, j'ai souffert, j'ai soupiré en regardant la lune, je bavais d'attendrissement, je fondais, je frissonnais.... J'ai aimé passionnément, furieusement, de toutes les façons, que le diable m'emporte, je jacassais comme une pie sur l'émancipation des femmes, les sentiments tendres ont englouti la moitié de ma fortune, mais maintenant—Je tire ma révérence! Maintenant, on ne m'aura plus! Assez! Yeux noirs, yeux de braise, lèvres de pourpre, fossettes aux joues, clairs de lune, murmures souffle timide... Tout ça, madame, je n'en donnerais plus dix sous. Je ne parle pas des personnes présentes, mais toutes les femmes, jeunes ou vieilles, sont des mijaurées des minaudières, des potinières... elles sont haineuses menteuses jusqu'à la moelle, vaines, mesquines, impitoyables, avec une logique à elles, révoltante, quant à cet objet-là (il se donne une tape sur le front), eh bien excusez ma franchise, mais un moineau pourrait en remontrer à n'importe quel philosophe en jupon! A la voir, comme ça, cette créature poétique, de la mousseline et de l'éther, pour un peu—une déesse, porteuse d'un million d'extases, mais essayez donc de jeter un coup d'œil au fond de son âme... vous y trouverez un crocodile tout ce qu'il y a de plus ordinaire! (Il saisit le dossier d'une chaise, la chaise craque et se casse.) Et le plus révoltant dans cette affaire est que ledit crocodile est persuadé, on se demande bien pourquoi, que son chefd'œuvre, son privilège, son monopole, sont les sentiments tendres! Mais zut et zut à la fin, vous pouvez me pendre par les pieds à ce clou, est-ce qu'une femme est capable d'aimer quelqu'un en dehors de son loulou? En amour, tout ce qu'elle sait faire c'est pleurnicher et geindre! Là où un homme souffre et se sacrifie, tout son amour à elle se résume dans la façon de jouer avec sa traîne et de vous mener par le bout du nez. Vous avez le malheur d'être femme, vous savez donc d'après vous-même ce que c'est qu'une femme. Dites-moi, en toute franchise: avez-vous de votre vie rencontré une femme sincère, fidèle et constante? Vous n'en avez pas rencontré! Ne sont fidèles et constantes que les vieilles et les guenons! I1 y a plus de chance de rencontrer un chat avec des cornes ou un merle blanc, qu'une femme fidèle! POPOVA.—Permettez... alors qui donc, d'après vous, est fidèle et constant en amour? C'est l'homme peut~ être ? SMIRNOV.—Parfaitement... l'homme! POPOVA.—L'homme! (Un rire méchant.) L’homme est fidèle et constant en amour! Ça c'est du nouveau! ( avec vivacité.) Mais qui vous a donné le droit de parler ainsi? Les hommes sont fidèles et constants! Si on allait par là, je pourrais vous dire que de tous les hommes que j'ai connus, le meilleur était mon défunt mari... Je I'ai aimé passionnément, de tout mon être, comme peut aimer une jeune femme sensible, je lui ai donné ma jeunesse, le bonheur, ma vie, ma fortune, je ne vivais que par lui, je l'adorais comme une païenne, et... et lui? Ce meilleur d'entre tous les hommes me trompait à chaque pas de la façon la plus éhontée ! Après sa mort, j'ai trouvé dans son bureau un plein tiroir de lettres d'amour, et de son vivant—j'y songe encore avec horreur!— il me laissait seule des semaines entières, faisait la cour aux femmes sous mes yeux, me trompait et jetait par les fenêtres mon argent, se moquait de mes sentiments... Et malgré tout cela, je l'aimais et je lui étais fidèle, avec la même constance. Je me suis pour toujours enfermée entre ces quatre murs et je porterai son deuil jusqu'à ma mort. . SMIRNOV, avec un rire méprisant. —Le deuil!... Mais pour qui me prenez-vous? Comme si je ne savais pas pourquoi vous portez ce domino noir, et pourquoi vous vous êtes enterrée entre quatre murs! C'est si mystérieux, si poêtique! Un lieutenant ou quelque poète minable passera devant votre maison, regardera les fenêtres et songera « Ici habite la dame mystérieuse qui, par amour pour son mari, s'est enterrée entre quatre murs. » On les connaît ces trucs-là! POPOVA, s'emportant.—Comment? Que vous permettez-vous ? SMIRNOV. —Vous vous êtes enterrée vivante, mais vous n'avez pas oublié de vous mettre de la poudre! POPOVA.—Comment osez-vous me parler sur ce ton? SMIRNOV.—Ne criez pas, je vous prie, je ne suis pas votre régisseur. Permettez-moi d'appeler les choses par leur nom. Je ne suis pas une femme, j'ai l'habitude de dire ce que je pense! Je vous prie donc de ne pas crier! POPOVA. — Ce n'es^t pas moi qui crie, c'est vous! Veuillez me laisser tranquille! SMIRNOV.—Donnez-moi mon argent, et je m'en vais. POPOVA. _ Je ne vous donnerai pas d argent! SMIRNOV. _ Si, vous m'en donnerez! POPOVA.—Je ne vous en donnerai pas, exprès, pour vous faire enrager. Laissez-moi tranquille! SMIRNOV.—Je n'ai l'avantage d'être ni votre mari ni votre fiancé, c'est pourquoi je vous prie de ne pas me faire de scènes. (Il s'assied.) Je n'aime pas ça POPOVA, étouffant de colère. —Vous vous êtes assis ! SMIRNOV.—Oui, je me suis assis. POPOVA. - Je vous prie de sortir! SMIRNOV.—Payez-moi...( à part.) Je suis dans une colère ! Mais dans une colère! POPOVA.—Je ne veux pas parler avec des insolents Veuillez débarrasser le plancher! (Une pause.) Vous né part~rez pas? Non? SMIRNOV. - Non. POPOVA.—Non? SMIRNOV. - Non! POPOVA.—Vous l'aurez voulu! (Elle sonne.) SCÈNE VIII Les memes et LOUKA. POPOVA.—Louka, fais sortir ce monsieur! ~ LOUKA, s'approchant de Smirnov. — Veuillez sortir, monsieur, puisqu'on vous le demande! Allez, allez. SMIRNOV, bondissant.—Silence! A qui crois-tu parler? Je te mettrai en compote! LOUKA, les mains appuyées sur son coeur.—Mon Dieu! Doux Jésus!... (Il tombe dans un fauteuil.) Oh! je ne suis pas bien, je ne suis pas bien! J'étouffe... POPOVA.—Dacha! Où est Dacha? (Elle crie.) Dacha! Pélagie! Dacha! (Elle sonne.) LOUKA.—Oh là là! Tous partis aux champignons. Il n'y a personne... Je suis mal! De l'eau! POPOVA. - Veuillez déguerpir! SMIRNOV.—Voulez-vous être polie? POPOVA, serrant les poings et tapant du pied.—MoujiIk !Espèce d'ours mal léché! Brute! Monstre! SMIRNOV.—Comment? Q'avez-vous dit? POPOVA.—J'ai dit que vous étiez un ours, un monstre ! SMIRNOV. — marchant sur elle : Mais qui vous a permis de m’insulter ? POPOVA — Oui, je vous insulte... et alors ? Vous croyez peut-être que j'ai peur de vous? SMIRNOV-—Et vous, vous croyez que si vous êtes un être poétique, vous pouvez impunément m'insulter? oui? Sur le terrain! LouKA.—Mon Dieu! Doux Jésus!... De l'eau! SMIRNOV.—On se bat! P0POVA.—Vous croyez peut-être me faire peur avec vos gros poings et vos beuglements de taureau? Hein? Espèce de brute! SMIRNOV.—Sur le terrain! Je ne permettrai à personne de m'insulter, je m'en fiche que vous soyez une femme, un être fragile! P0POVA, essayant de couvrir sa voix. — Ours! Ours! Ours! SMIRNOV.—Il est temps de balayer ce préjugé que seuls les hommes ont à payer pour l'insulte! Va pour l'égalité, que diable! Sur le terrain! POPOVA.—Vous voulez vous battre? D'accord! SMIRNOV.—Immédiatement! POPOVA.—Immédiatement! Mon mari a laissé des pistolets .. Je vais les apporter...( Elle va rapidement vers la porte, revient sur ses pas ) Avec quelle joie je collerai une balle dans votre front de fonte! Que le diable vous emporte! Elle sort. SMIRNOV. —Je vais l'abattre comme un moineau! Je ne suis pas un gamin, un jeune chien sentimental, pour moi il n'existe pas d'êtres fragiles! LOUKA.—Mon bon monsieur, mon petit père... (Il se met à genoux.) Aie pitié d'un vieillard, va-t'en! J'ai déjà failli mourir de peur, et maintenant tu veux te battre en duel! SMIRNOV, sans l'écouter.—Se battre, la voilà, l'égalité, l’émancipation! Là, les deux sexes sont égaux! Je vais la descendre pour le principe! Mais quelle femme! (La singeant ) « Que le diable vous emporte... je vous collerai une balle dans votre front de fonte... » Quelle femme! tes joues en feu, les yeux qui brillent... Elle a relevé le défi ! C’est la première fois que j’en vois une comme celle-là, parole d’honneur ... LOUKA.—Va-t'en, petit père! Toute ma vie je ferai des prières pour toi ! SMIRNOV. — Ça, c'est une femme! Voilà comment je les comprends! Une femme véritable! Pas une poule mouillée, la flamme elle-même, de la dynamite, un feu d’artifice! C'est même dommage de la tuer! LOUKA, pleure.—Petit père... mon bon... va-t'en ! SMIRNOV.—Décidément, elle me plait! Je suis même prêt à lui pardonner sa dette...et ma colère est tombée...Une femme étonnante ! SCENE IXLes mêmes et POPOVA POPOVA, entre avec les pistolets.—Les voilà, les pistolets... Mais avant de nous battre, veuillez m'expliquer comment ils fonctionnent... De ma vie je n'ai tenu un pistolet entre mes mains. LOUKA. —Mon Dieu, aidez et protégez-nous... Je m en vais chercher le jardinier et le cocher... D'où nous vient cette calamité...Il sort SMIRNOV. examinant les pistolets - Voyons, il existe plusieurs systèmes...les pistolets Mortimer, à capsules specialement conçus pour le duel. Ceux-là, les vôtres sont du système Smith et Wesson, à action triple, avec extracteur et percussion centrale... D'excellents pistolets! Ils valent au moins quatre-vingts roubles la paire...Vous tenez le revolver comme ça. ( À part.) les yeux, les yeux! Une femme incendiaire ! POPOVA.—Comme ça? SMIRNOV.—Oui comme ...ça Ensuite vous levez le chien ...vous visez...La tête un peu en arrière ! Tendez le bras comme il faut...Comme ça...Ensuite, vous appuyez le doigt sur ce petit machin, et c’est tout...Il ne faut surtout pas oublier la règle principale : ne pas s’échauffer, viser sans se presser...s’appliquer à ce que la main ne tremble pas. POPOVA.—Bien... Sortons dans le jardin, on ne peut pas se battre à l’intérieur d’une maison. SMIRNOV- — Sortons. Seulement, je vous préviens que je tirerai en l'air. POPOVA. -—Qu'est-ce que cela veut dire! Pourquoi SMIRNOV.—Parce que... parce que... Ça me regarde, POPOVA. — Vous vous dégonflez? C'est ça? Ah! eh bien, non, monsieur, n'essayez pas de vous défiler ! Veuillez me suivre! Je ne me calemerai pas tant que je ne vous aurai pas fait un trou dans le front...Ce front que je hais ! Vous vous dégonflez ? SMIRNOV.—C'est ça, je me dégonfle POPOVA. —vous mentez! Pourquoi ne voulez-vous pas vous battre? SMIRNOV. —Parce que... parce que... vous me plaisez POPOVA, rire sarcastique. —Je lui plais! Il ose dire que je lui plais ! ( elle lui montre la porte )Vous pouvez disposer. SMIRNOV, pose sans rien dire le pistolet, prend sa casquette et s’apprête à sortir; près de la porte, il s’arrête ; tous deux se regardent en silence pendant une demi-minute; ensuite il se met à parler, tout en s’approchant avec hésitation de Popova.—Écoutez...Etes-vous toujours fâchée?... Moi aussi, je suis bigrement en colère, mais il faut comprendre... comment dire... Voyez-vous, une histoire comme celle-ci est véritablement... (Il crie.) Enfin, est-ce de ma faute si vous me plaisez? (Il attrape le dossier d'une chaise, la chaise craque et se casse.) Vous avez des meubles d’ une fragilité! Vous me plaisez! Voulez-vous comprendre! Je suis... Je suis presque amoureux! POPOVA.—Ne m'approchez pas, je vous haıs SMIRNOV, — Dieu! quelle femme ! De ma vie je n’ai rien rencontré de semblable ! Je suis perdu ! Fichu ! Je suis pris au piège comme un rat ! POPOVA.—Ne m'approchez pas, ou je tıre! SMIRNOV. — Tirez! Vous ne pouvez pas comprendre le bonheur de mourir sous ces yeux merveilleux, de mourir d'une balle tirée par cette petite main de velours...Je deviens fou! Réfléchissez et décidez tout de suite, parce que si je sors d'ici nous ne nous reverrons plus jamais! Décidez... Je suis de bonne famille, je suis un honnête homme, j'ai dix mille roubles de revenus par an... je fais mouche en tirant sur une pièce de monnaie jetée en l'air... j'ai d'excellents chevaux... voulez-vous être ma femme? POPOVA, indignée, brandissant le revolver.—On se bat! Sur le terrain ! SMIRNOV.—Je deviens fou... Je ne comprends plus rien... (Il crie.) Quelqu'un là-bas, de l'eau! POPOVA, crie.—Sur le terrain! SMIRNOV.—Je suis fou, je suis amoureux comme un collégien, comme un imbécile! (Il l'attrape par la main, elle pousse un cri de douleur.) Je vous aime! (Il tombe à genoux.) J'aime comme jamais je n'ai aimé! J'ai quitté douze femmes, et neuf femmes m'ont quitté, mais je n'en ai aimé aucune comme je vous aime... Je suis à ramasser à la cuillère, de la gelée, du sirop, du miel... à genoux comme un imbécile à demander sa main... Une honte, un déshonneur! I1 y a cinq ans que je n'ai pas été amoureux, j'avais fait le serment de ne plus jamais, plus jamais... et patatras! ça me prend comme la toux au chat... Je tombe amoureux, la tête la première! Je demande votre main. Oui ou non? Vous ne voulez pas? Tant pis! Il se lève et va rapidement vers la porte. POPOVA.—Un moment... SMIRNOV,s’ arrête. — Eh bien?... POPOVA. — Rien, allez-vous-en... C'est-à-dire... un moment... Non, allez-vous-en, allez-vous-en! Ah! si vous saviez comme je suis en colère, comme je suis en colère ! (Elle jette le revolver sur la table.) J'ai les doigts tout engourdis par cette saleté!... (De rage, elle déchire son mouchoir) Qu'attendez-vous? Fichez le camp d'ici ! SMIRNOV.—Adieu. POPOVA.—Oui, c'est ça, allez-vous-en!...( elle crie ) Où allez-vous ? Attendez... C'est-à-dire... Sortez. Ah comme je suis en colère! Ne m'approchez pas, ne m'approchez pas! SMIRNOV, s'approchant d'elle.—Comme je m'en veux ! Amoureux comme un collégien, une déclaration à genoux... J'en ai froid dans le dos... (Grossier.) Je vous aime! Qu'est-ce qui me prend de tomber amoureux de vous! J'ai des intérêts à payer demain, on a commencé à faucher, et il faut que je tombe sur vous... (Il la prend par la taille.) Je ne me le pardonnerai jamais. POPOVA.—Ne m'approchez pas ! Bas les pattes ! Je vous... hais! Sur le terrain! (Un long baiser.) SCÈNE XLes mêmes et LOUKA, avec une hache,LE JARDINIER avec un rateau, LE COCHER avec une fourche,DES OUVRIERS AGRICOLES. LOUKA, apercevant le couple qui s'embrasse.—Seigneur Dieu! ( Une pause.) POPOVA, baissant les yeux.—Louka, dis-leur là-bas, aux écuries, qu'aujourd'hui on ne donne pas du tout d'avoine à Toby. RIDEAU _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mar 23 Mai - 15:29 | | |
| une strophe de 3 vers c'est: un vers de 10 syllabes c'est adoàlescent: rime féminine ou masculine amour/ toujours : qualité de la rime une strophe de 6 vers: un vers de 6 syllabes ABBA: c'est un schéma de rimes: fillette: rime masculine ou féminine un distique c'est dodo/ rideau: qualité de la rime _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mer 24 Mai - 11:14 | | |
| HARPAGON. Il crie au voleur dès le jardin, et vient sans chapeau: Au voleur! au voleur! à l’assassin! au meurtrier! Justice, juste Ciel! je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être? Qu’est-il devenu? Où est-il? Où se cache-t-il? Que ferai-je pour le trouver? Où courir? Où ne pas courir? N’est-il point là? N’est-il point ici? Qui est-ce? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin. (Il se prend lui-même le bras.) Ah! c’est moi. Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami! on m’a privé de toi; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie; tout est Fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde: sans toi, il m’est impossible de vivre. C’en est fait, je n’en puis plus; je me meurs, je suis mort, je suis enterré. N’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m’apprenant qui l’a pris? Euh? que dites-vous? Ce n’est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu’avec beaucoup de soin on ait épié l’heure; et l’on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute la maison: à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Eh! de quoi est-ce qu’on parle là? De celui qui m’a dérobé? Quel bruit fait-on là-haut? Est-ce mon voleur qui y est? De grâce, si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l’on m’en dise. N’est-il point caché là parmi vous? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu’ils ont part sans doute au vol que l’on m’a fait. Allons vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et des bourreaux. Je veux faire pendre tout le monde; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après. _________________ |
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mer 14 Juin - 17:38 | | |
| Il y a sept ou huit ans, un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à Paris. Il avait avec lui une fille qui était sa maîtresse, et un enfant de cette fille. Je dis les choses comme elles sont, laissant le lecteur ramasser les moralités à mesure que les faits les sèment sur leur chemin. L'ouvrier était capable, habile, intelligent, fort maltraité par l'éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire et sachant penser. Un hiver, l'ouvrage manqua. Pas de feu ni de pain dans le galetas. L'homme, la fille et l'enfant eurent froid et faim. L'homme vola. Je ne sais ce qu'il vola, je ne sais où il vola. Ce que je sais, c'est que de ce vol il résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l'enfant, et cinq ans de prison pour l'homme. L'homme fut envoyé faire son temps à la maison centrale de Clairvaux. Clairvaux, abbaye dont on a fait une bastille, cellule dont on a fait un cabanon, autel dont on a fait un pilori. Quand nous parlons de progrès, c'est ainsi que certaines gens le comprennent et l'exécutent. Voilà la chose qu'ils mettent sous notre mot. Poursuivons. Arrivé là, on le mit dans un cachot pour la nuit, et dans un atelier pour le jour. Ce n'est pas l'atelier que je blâme. Claude Gueux, honnête ouvrier naguère, voleur désormais, était une figure digne et grave. Il avait le front haut, déjà ridé quoique jeune encore, quelques cheveux gris perdus dans les touffes noires, l'œil doux et fort puissamment enfoncé sous une arcade sourcilière bien modelée, les narines ouvertes, le menton avancé, la lèvre dédaigneuse. C'était une belle tête. On va voir ce que la société en a fait
Rose Vicari 2011
http://www.regards.fr/acces-payant/archives-web/le-derapage-incontrole-d-une-maman,4702
https://www.dailymotion.com/video/x1950k8_l-entretien-orange-la-provence-avec-rose-braqueuse-pour-survivre_news
2016
http://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/lot/cahors/il-vole-du-riz-et-des-pates-parce-qu-il-avait-faim-2-mois-de-prison-ferme-996619.html
http://www.ohmymag.com/solidarite/2-mois-de-prison-pour-vol-de-pates-des-habitants-scandalises-se-mobilisent-pour-le-jeune-sdf_art96470.html _________________ |
| | | Capitaine Caaaaaaverne ! Aidactive
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mer 14 Juin - 17:52 | | |
| Le cafetier de Lavaur infrarouge "permis de tuer" condamnation en 2017 _________________ |
| | | Capitaine Caaaaaaverne ! Aidactive
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| Sujet: Re: Cahier de textes des 4emes 1 de Prades Mer 14 Juin - 20:56 | | |
| Reconnaître une forme particulière de poème: le sonnetLe sonnet est une forme fixe constituée de deux quatrains (strophe de quatre vers) et de deux tercets (ter = trois vers). Les vers sont souvent des alexandrins. Il existe plusieurs types de rimes : - les rimes plates ou suivies (AABB) - les rimes embrassées (ABBA) - les rimes croisées (ABAB). On appelle « sonnet italien » un sonnet dont les rimes suivent le schéma suivant : ABBA ABBA CCD EED.
Après trois ans Ayant poussé la porte étroite qui chancelle , Je me suis promené dans le petit jardin Qu’éclairait doucement le soleil du matin, Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle. Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle3 De vigne folle avec les chaises de rotin… Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle . Les roses comme avant palpitent ; comme avant, Les grands lys orgueilleux se balancent au vent. Chaque alouette qui va et vient m’est connue. Même j’ai retrouvé debout la Velléda Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue, - Grêle, parmi l’odeur fade du réséda . Paul Verlaine, Poèmes saturniens, 1866. Vocabulaire : 1– chanceler : qui bouge comme si on allait tomber. 2– pailleter : qui couvre de paillettes, d’une sorte de poudre brillante.3– une tonnelle : petit abri de jardin.4– murmure argentin : bruit de l’eau qui sonne clair. 5– un tremble : arbre dont les feuilles bougent au moindre souffle de vent.6– sempiternelle : éternelle, qui ne s’arrête jamais.7– une alouette : petit oiseau. 8– Velléda : nom de la déesse représentée par une statue. 9– le réséda : plante dont les fleurs sont très odorantes. 10 vaciller: tituber: marcher en étant trés déséquillibré. Voici quatre phrases. Chaque phrase résume une strophe du poème. Réécris ces phrases dans l’ordre afin que le résumé reproduise la chronologie du poème.- Les fleurs et les oiseaux sont les mêmes que ceux que le narrateur observait autrefois. - Au petit matin, le narrateur entre dans un jardin où la rosée brille encore sur les fleurs. - Le narrateur revoit même la statue d’une déesse qui décore l’allée et qui trône au milieu de fleurs odorantes.- Le narrateur remarque que l’abri de jardin et les chaises, tout comme la fontaine et le vieux peuplier, n’ont pas changé.
- Paul VERLAINE (1844-1896)
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